La demande de ressources minières utilisées dans la transition énergétique risque d’entraîner une augmentation incontrôlée de l’extraction en Afrique où elles abondent. À l’occasion du vote historique, en juin 2022, par le Parlement européen de la loi interdisant la vente de voitures neuves dotées de moteurs thermiques, et par extension d’un essor annoncé de la voiture électrique, le spécialiste des relations sino-africaines Cobus Van Staden explique dans Foreign Policy que la transition énergétique cache des secrets peu reluisants. Selon lui, l’essor de la voiture électrique en Europe, mais aussi en Amérique du Nord et en Chine, se fera au détriment de l’Afrique. Dans son article d’analyse titré Green energy’s dirty secret : its hunger for african resources (son appétit pour les ressources africaines, le secret des énergies vertes), Cobus Van Staden assure que « le côté obscur de la révolution verte est sa soif insatiable de ressources en Afrique et ailleurs qui sont produites à l’aide de certaines des technologies les plus sales du monde. »
Le sous-sol de l’Afrique regorge de métaux et de terres rares, comme le nickel, le zinc, l’or ou le manganèse. Ces métaux sont des composants indispensables à la fabrication de certaines technologies « vertes ». Mais les posséder en sous-sol n’est ni une garantie de richesse ni un gage de développement propre puisque leur extraction entraine localement d’importantes dégradations de l’environnement. Ainsi, plus la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique augmentera, plus les volumes extraits seront importantes.
C’est pourquoi la fabrication des batteries pour les véhicules électriques jugés plus propres qui nécessite l’extraction de ressources minières considérables, a déjà des répercussions directes sur l’environnement en Afrique. Pour récupérer quelques grammes de ces métaux, il faut en effet dynamiter des tonnes de terre, puis recourir à des procédés chimiques polluants afin de récupérer les matières premières exploitables pour l’industrie. Les résidus toxiques de ces opérations finissent dans la nature et dégradent sérieusement l’environnement tout en affectant la santé des habitants des zones minières. Sans oublier le fait que ces activités génèrent des conflits sociaux ou favorisent le travail des enfants.
Un catalyseur de conflits
De surcroît, l’extraction massive de ces ressources ne bénéficie pas aux populations locales, qui subissent la pollution, les expropriations, les destructions d’habitat et voient rarement la couleur de l’argent que cette industrie génère quand elles ne se retrouvent pas au cœur des conflits armés pour l’accaparement de ces richesses. Cela pérennise la situation de sous-développement de ces pays, déjà ravagés par différents conflits.
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La transition ne peut pas se faire sans le développement des batteries au lithium, des éoliennes ou des panneaux photovoltaïques. Mais, pour les produire, ce sont des tonnes de métaux et de terres rares qu’il faut extraire chaque année. La République Démocratique du Congo, qui est connue par exemple pour regorger de ces métaux rares, tels le cobalt ou le tungstène, constitue un bon exemple des dérives de l’extractivisme à tout va. Ce dernier peut se dérouler et se poursuivre d’autant plus aisément qu’il a lieu loin des regards et qu’il est difficile au consommateur des pays du nord de réaliser la pollution engendrée par ce nouveau produit qu’on lui vend comme verte, propre et durable.
Romane Pijulet
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Jean-Pierre Bardinet
La politique énergétique centrée sur le solaire et l’éolien, à faibles densités énergétiques, donc très gourmands en matières premières, plus la politique des voitures tout électriques posent de nombreux problèmes de faisabilité dont les gouvernements (et la Commission) ne sont pas conscients,car ils sont incapables de prévoir les conséquences de leurs décisions idéologiques et irrationnelles. Les matières premières (cuivre, lithium, cobalt, manganèse, terres rares, cobalt, …) vont être de plus en plus rares et onéreuses. Selon l’AIE, le cours du lithium a été multiplié par 7 en quelques années et celui du cobalt par deux, et cela n’est qu’un début avec l’explosion de la demande. Prenons le cas de la voiture électrique. Il faut des bornes de recharge. Il y en a actuellement 57 800 en France, dont 4% en recharge rapide et il en faudrait dans l’espace public (routes nationales, autoroutes) bien plus de 500 000 dont une majorité dans l’espace public, au prix d’au moins 10 k€ par unité. Il y a en France 40 M d’automobiles et 7 M d’utilitaires, et il y en a environ 15 M simultanément sur les routes et autoroutes. Les rechargements sont très gourmands en énergie électrique, et pour satisfaire les demandes de recharge il faudrait doubler le parc nucléaire actuel et utiliser éolien et solaire en espérant qu’ils produisent lors des pointes. La voiture électrique ne se vend que grâce aux grasses aides de l’Etat (au moins 6 K€/véhicule), ce qui augmente notre dette souveraine déjà catastrophique. Cette folie du tout électrique onéreux va exclure de la mobilité automobile les classes moyennes et populaires, ce qui pourrait déclencher une révolution. Pour toute personne sensée, la suppression des ventes des voitures thermiques en 2035 (c’est demain) est aussi absurde et incohérente que le Plan Vert de -55% des émissions de CO2 en 2030.