C’est un signe de plus que le changement climatique affectera le monde tel que nous le connaissons et ses paysages les plus merveilleux : 1 lac, dont l’eau est bleue, sur 8 risque de perdre ses couleurs dans les décennies à venir. La couleur de leurs eaux devrait virer du bleu au vert voire au marron sous l’effet du réchauffement qui va notamment favoriser la croissance des algues.
Des géophysiciens se sont intéressés au changement de couleur de l’eau des lacs si les températures mondiales augmentent de 3°C. Les conclusions de leurs travaux publiés dans Geophysical Research Letters sont que ces paysages emblématiques devraient se raréfier. En effet, les lacs aux eaux bleues ne représentent actuellement que 31 % du total des lacs dans le monde. Ils se trouvent surtout en altitude dans des régions où l’eau abondent grâce aux précipitations ou à la fonte saisonnière des glaciers. Les chercheurs ont réalisé leur analyse à partir de 5 millions d’images satellitaires d’un échantillon représentatif de 85,360 lacs prises entre 2013 et 2020.
« Des eaux plus chaudes produisent plus de bloom d’algues, ce qui verdit à terme la couleur de l’eau des lacs », explique Catherine O’Reilly, qui est écologue des milieux aquatiques à l’université de l’Illinois, une des auteurs de l’étude citée dans ScienceDaily. « Il y a de nombreux exemples de cas où le phénomène s’observe déjà quand on étudie individuellement un lac. » Les implications de la perte de couleur des lacs ne sont pas qu’esthétiques. La couleur de l’eau reflète sa qualité. Elle peut s’observer grâce aux satellites. Catherine O’Reilly ajoute que « si vous dépendez des lacs pour la pêche ou l’eau douce, le changement dans la qualité des eaux qui se produit vraisemblablement quand l’eau devient plus verte signifie que le traitement de l’eau coûtera aussi beaucoup plus cher. Il pourrait même y avoir des périodes où l’eau ne sera plus utilisable et les poissons pourraient ne plus être présents. Les lacs dont la couleur passe du bleu au vert ne rendront plus les mêmes services écosystémiques. » Enfin, les auteurs de l’étude pointent aussi les répercussions sur le bien-être et les activités humaines dont le tourisme. Ils soulignent le fait que certains lacs pourraient perdre leur dimension spirituelle en raison du changement de couleur de l’eau.
Les experts du climat disent qu’il sera difficile de maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C qui correspondent aux engagements de l’Accord de Paris sachant que le monde s’est déjà réchauffé de plus de 1,1°C.
Julien Leprovost
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