Soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet en faisant un don !

COP 27 : un jeu de rôle grandeur nature pour prendre la place des décideurs

jeu de role cop

La Fondation GoodPlanet organise un jeu de rôle basé sur la COP le week- end du 12 et 13 novembre. Ouvert à tous, cette simulation de négociations climatiques se révèle un formidable outil pour comprendre et expérimenter le déroulement d’un processus complexe. Dans cette tribune, elle explique l’importance et la portée  du jeu, de la mise en situation pour permettre à tous de mieux comprendre le monde afin de disposer des levier pour le changer. Nous republions ici cette tribune parue initialement sur Usbek & Rica début novembre.

Depuis plus de 15 ans, la Fondation GoodPlanet privilégie une approche concrète des enjeux écologiques et solidaires. Cette démarche se manifeste dans ses actions de sensibilisation en trois étapes : informer, susciter l’envie d’agir et donner les moyens d’agir. Alors qu’elle s’apprête pour la première fois à offrir au public une immersion dans les négociations climatiques en marge de la COP 27, au travers d’un jeu de rôle grandeur nature, la Fondation GoodPlanet revient pour Usbek & Rica sur l’importance de l’expérimentation en matière d’écologie.

Voilà plus d’un quart de siècle que les COP (Conférence des Parties regroupant les États membres de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques ou CCNUCC) font régulièrement la une de l’actualité. À l’heure de la COP 27, l’enjeu est désormais clair et admis par tous : le changement climatique menace les conditions de survie de nombreuses civilisations humaines modernes. L’origine humaine des changements climatique en raison de l’utilisation massive des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) émettrices de gaz à effet de serre et la dégradation des milieux naturels (forêts et océans notamment, qui jouent un rôle dans l’absorption des gaz à effet de serre) fait pourtant consensus depuis des décennies. Les solutions peinent toutefois à émerger.

[À lire aussi Sandrine Maljean-Dubois à propos de la COP27 : « paradoxalement, plus l’objectif de 1,5°C s’impose dans l’agenda, plus on s’en éloigne »]

La persistance et l’amplification du dérèglement climatique est devenue intolérable aux yeux de nombreuses personnes puisque, sur le papier du moins, résoudre le problème du climat semble simple : il suffit de réduire la pollution. C’est une évidence. Cependant, dans les faits, une fois réunis autour de la table des négociations, la réalité est plus complexe. Comment s’accorder pour polluer moins ? L’utilisation de l’énergie concerne tous les domaines de l’économie et de la vie courante. De plus, chaque pays a des intérêts et des contraintes propres, voire fait face à des contradictions. C’est pourquoi les négociations climatiques sont longues, incertaines et difficiles. Vues de loin, elles semblent incapables de produire des réponses à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes désormais confrontés. Mais porter un tel jugement partiel serait omettre que, en l’absence des COP, le problème global du climat ne serait pas posé. Aussi imparfaites soient-elles, les COP ont vocation à enclencher un cercle vertueux dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre au niveau international.

[À lire aussi Cap 2030 : comment 150 anonymes sont devenus « citoyens » de la Convention]

Pour mieux comprendre ce processus et les leviers sur lesquels agir afin d’aboutir à un accord efficace, des outils novateurs existent. Ludiques, ils s’adressent à tous. Ils aident à saisir les modalités de la prise de décisions collectives. L’une des meilleures consiste à recréer une mini négociation climatique afin d’en mesurer la portée et la complexité. C’est ce que propose le Sommet GoodPlanet avec le jeu de rôle « Défendons la justice climatique ».

La COP est pleine ? GoodPlanet a son Sommet

Événements trop coûteux, résultats insuffisants… Les critiques contre les conférences internationales de lutte contre le dérèglement climatique (COP) sont parfois nombreuses. Mais pour se faire une idée concrète du travail d’une Conférence des Parties (COP), rien de tel que d’y participer. Des années d’expérience nous ont convaincus que mettre en scène des situations réelles était l’une des meilleures manières de sensibiliser à l’écologie. Nous le faisons par exemple au travers d’un escape game sur l’énergie récréant un appartement dans lequel les participants doivent réduire la consommation d’électricité et de chauffage du logement.

Les 12 et 13 novembre 2022, en marge de la COP 27 qui se tiendra à Charm el-Cheikh en Égypte, la Fondation invite ainsi le public à se mettre dans la peau d’un expert du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), d’une ONG, d’une entreprise ou d’un pays et à prendre part à un jeu – version XXL – de négociations exceptionnelles. C’est le jeu de rôle « Défendons la justice climatique ». Discuter, comprendre, trouver une solution, résoudre un problème, défendre sa position : autant de défis auxquels vont se confronter les participants le temps d’un week-end rythmé par des « Good Talks » inspirants avec des personnalités engagées, une formation express au plaidoyer avec l’ONG ONE représentée par sa directrice Najat Vallaud-Belkacem et ses jeunes ambassadeurs etambassadrices, ou encore un quizz climat haut en couleurs.

Comprendre et apprendre par l’expérience

Proposer à tous de (re)vivre sous forme de jeu de rôle grandeur nature les négociations permet d’appréhender la complexité du processus et les intérêts tant concordants (le maintien de conditions de vie acceptables sur Terre) que divergents (préserver un mode de vie, avoir le droit au développement, obtenir des financements…) des acteurs de la négociation. Dès lors, comment parvenir à un compromis qui fasse consensus ? En effet, du scientifique qui doit transmettre son message aux décideurs, aux États qui défendent leurs intérêts et doivent éviter de susciter un trop fort mécontentement au sein de leurs populations en passant par les ONG et les entreprises, tous ont des objectifs propres. Les incarner dans une simulation de négociation permet, le temps d’une session, de prendre la place de l’autre, de comprendre ce qui l’anime, ce qui le freine…  Être autrui, avoir en tête ses impératifs et ses contradictions doit donc aussi nous aider à parvenir à trouver un arrangement, à revoir certaines positions.

L’expérimentation, par le jeu, offre des clefs de compréhension sans pareilles

C’est tout l’intérêt d’une démarche de reconstitution d’une négociation climatique. La mise en situation et la pratique sont de formidables outils de compréhensions du réel, ils aident également à sortir des idées préconçues. L’expérimentation, par le jeu, offre en effet des clefs de compréhension sans pareilles. Elles reposent sur des mécanismes ludiques, sur l’immersion et sur l’expérience. Leur avantage est double : l’expérimentation est d’abord un moyen de se confronter au problème en étant soi-même un acteur, et non plus spectateur, c’est en outre une manière de tenter de trouver collectivement des solutions en tenant compte des marges de manœuvre des uns et des autres.

Enfin, un jeu de rôle est une formidable expérience humaine, un moment d’échanges et de partage marquant, une autre manière d’apprendre dans laquelle la pratique prend le pas sur la théorie. Appliquer cette démarche aux COP va dans le sens d’un renforcement de la citoyenneté parce que c’est rappeler que la démocratie fonde ses décisions sur la discussion, l’échange et la recherche de compromis.

La place de l’expérimentation dans l’écologie

Expérimenter, c’est oser, découvrir, se contredire. L’expérience ne se fait jamais seul. Plus l’expérimentation est collective, plus elle est forte. La transition entre l’expérimentation et le faire collectif est essentielle. C’est même une démarche pédagogique en soi qui s’appuie sur de nouveaux outils et de nouvelles méthodes d’enseignements. Ludifier le savoir grâce à la mise en pratique, c’est aussi fluidifier l’apprentissage et la compréhension du réel. C’est aussi faire un pas de côté pour sortir d’une forme de verticalité en donnant à tous des moyens d’agir, d’abord dans une simulation, puis plus tard en situation réelle.

Une écologie de bisounours ? Certainement pas. L’expérience, c’est confronter ses idées à la pratique, se rendre compte que nous avions tort, prendre conscience de choses que nous aurions souhaité ne jamais connaître. Les crises environnementales peuvent s’exposer de manière simpliste, mais ne méritent pas des réponses simples. Elles réclament des réponses complètes et élaborées collectivement. Aucune mesure écologique, et a fortiori aucune COP, ne peut réussir sans obtenir une large adhésion. Or, il faut apprendre à trouver le point d’équilibre entre efficacité écologique et acceptabilité sociale. Ce consensus ne se décrète pas, il s’obtient par le dialogue. Et ce dernier passe par plusieurs étapes pour aboutir à des solutions, dont les échanges, l’écoute, la création en commun de nouveaux référentiels – certains diront même de nouveaux imaginaires ! – la formulation et la recomposition de propositions pour changer le monde.

Il y a celles et ceux qui montrent la voie, celles et ceux qui testent. Après tout, l’écologie est affaire de citoyens. Et la citoyenneté, ça s’apprend et ça s’exerce. C’est aussi ça, l’expérience, renouer avec le sentiment de bien commun, l’affaire de tous.

COP 27 : un jeu de rôle grandeur nature pour prendre la place des décideurs

Participez au sommet GoodPlanet le 12 et 13 novembre

Ecrire un commentaire