Après la publication des trois volets de son 6e rapport consacré au réchauffement climatique en 2021 et 2022, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) dévoile, ce lundi 20 mars 2023, la synthèse de son travail. Il vient d’être approuvé après avoir été examiné et discuté durant une semaine par les scientifiques et les représentants des gouvernements réunis à Interlaken en Suisse. Tour savoir dès à présent, en 5 minutes de lecture, sur les grandes lignes de la synthèse du 6e rapport d’évaluation du Giec.
Dans la lignée de leurs précédents travaux, les experts du climat rappellent qu’il est urgent d’agir pour limiter la hausse des températures et s’adapter au réchauffement climatique dont les causes anthropiques sont avérées. Ainsi, la planète s’est déjà réchauffée de 1,1°C depuis le début de l’ère industrielle en raison de l’utilisation massive des énergies fossiles que sont le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Or, l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015, dont l’ambition a encore été réaffirmée lors des dernières négociations climatiques, cherche à éviter de dépasser les 2 degrés. L’Accord de Paris appelle même à faire le maximum pour ne pas franchir le seuil de 1,5°C. Le rapport de synthèse du GIEC note toutefois qu’il est très probable que le réchauffement dépasse temporairement les 1,5°C. Il sera cependant possible de réduire ensuite les températures à condition de s’engager dans la voie du zéro-émission nette au plus vite.
1000 gigatonnes de CO2 = + 0.45°C
Entre le début de la révolution industrielle en 1750 et 2019, le monde a émis 2400 gigatonnes de CO2. Du fait de l’industrialisation, les concentrations des 3 principaux gaz à effet de serre que sont le CO2 (410 PPM ou parties par million en 2019), l’oxyde d’azote (332 PPM) et le méthane (qui lui s’évalue à 1866 parties par milliard) sont à leur plus haut niveaux dans l’histoire de l’humanité. Près de la moitié de la population mondiale, 3,6 milliards de personnes, sont très exposées aux risques climatiques. De plus, le GIEC précise que : « toutes les 1000 gigatonnes supplémentaires émises par les activités humaines font augmenter mondialement les températures à la surface de 0,45°C ».
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Agir maintenant pour réduire les pertes et les dommages
Le président du Giec, l’économiste sud-coréen Hoesung Lee déclare : « une action climatique massive, équitable et effective ne réduira pas seulement les pertes et les dommages pour la nature et les populations. Elle apportera toute une série d’effets bénéfiques importants. Ce rapport de synthèse souligne l’importance de prendre de toute urgence des mesures ambitieuses et de montrer qu’en agissant dès maintenant nous pouvons sécuriser un avenir viable et durable pour tous. »
Les scientifiques rappellent que les leviers d’action existent à tous les niveaux. Les technologies et les capitaux sont là. Le rapport met l’accent sur la question des pertes et dommages ainsi que la nécessaire justice climatique. Ces deux sujets sont des éléments centraux des négociations climatiques. Le constat du Giec se montre sans appel : il faut agir au plus vite pour limiter les pertes et les dommages.
« La justice climatique s’avère cruciale car ceux qui sont, de façon disproportionnée, les plus affectés par le réchauffement sont aussi ceux qui y ont le moins contribué », explique Aditi Mukherji, une des 93 auteurs du rapport de synthèse du Giec. Sa déclaration survient alors que l’Afrique australe vient de subir le passage du cyclone Freddy, le continent est responsable de moins de 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Aditi Mukherji de rajouter : « La moitié de la population mondiale vit dans des régions très vulnérables aux risques climatiques. Dans la dernière décennie, les morts provoquées par les sécheresses, les tempêtes et les inondations ont été 15 fois plus importantes dans les régions les plus exposées. »
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170 pays ont déjà mis en place des plans d’adaptation et d’atténuation, mais le rapport note que des inégalités importantes subsistent dans ce domaine. Les chercheurs s’inquiètent aussi du risque de maladaptation. Sans se résigner, le Giec prévient que le climat sera affecté pour plusieurs milliers d’années par les activités humaines, que si certaines conséquences sont inévitables et irréversibles, il faut tout de même poursuivre les actions pour réduire les gaz à effet de serre et s’adapter.
Changer de modèle énergétique et préserver la nature
Le rapport du Giec met en avant la nécessité de décarboner l’économie, la production d’énergie et la mobilité. Cela passe par le recours aux énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien, le développement de la mobilité active comme les transports en commun, le vélo ou la marche. Les scientifiques expliquent qu’en plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ces transformations réduiront d’autres formes de pollutions plus locales nocives pour la santé, comme les particules fines ou la suie provenant de la combustion des énergies fossiles qui polluent l’air intérieur comme extérieur.
Mais le climat ne se résume pas seulement aux émissions de gaz à effet de serre des énergies fossiles. Il faut aussi préserver la biodiversité. Le Giec estime qu’il faudrait protéger les milieux naturels d‘un tiers, voire de la moitié de la planète. Les écosystèmes jouent en effet un rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique en stockant le carbone. Ils atténuent aussi les impacts des catastrophes comme les sècheresses et les inondations.
Graphique extrait du rapport du Giec présentant les effets du réchauffement climatique sur le Vivant, sur la santé et sur les rendements du maïs et des pêcheries DR IPPC rapport de synthèse du 6e rapport d’évaluation[À lire aussi Le nouveau rapport de l’IPBES (le Giec de la biodiversité) remet en cause la vision purement économique de la nature]
Réorienter les flux financiers pour lever les freins à l’action climatique
Pour parachever ces ambitions, les auteurs du Giec notent que la technologie seule ne suffira pas puisqu’il faut aussi l’engagement des pouvoirs publics, des citoyens, des entreprises et des investisseurs. Il y a assez d’argent disponible pour rapidement réduire les émissions, écrit le Giec dans le communiqué de presse qui accompagne la sortie du rapport, à condition de lever certaines barrières. Les gouvernements peuvent favoriser les investissements en faveur de la lutte contre réchauffement. C’est ce qu’affirme l’un des auteurs du rapport Christopher Trisos : « l’accélération de l’action climatique n’aura lieu que s’il y a une multiplication de l’engagement du secteur financier. En effet, des financements mal dirigés ou insuffisants freinent les progrès. »
Le sujet de la responsabilité et du financement de l’action climatique reste un point centrale des négociations climatiques. Les pays industrialisés n’ont pas tenu leur engagement de trouver 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement.
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Madeleine Diouf Sarr, présidente du groupe des pays les moins développés au Giec et en charge du climat au ministère sénégalais de l’environnement réagit au rapport : « Nous savons quelles sont les solutions. Les renouvelables, l’électrification et le stockage de l’énergie gagnent du terrain dans de nombreuses régions du monde. Mais pas assez rapidement. Il faut aller plus vite, les pays riches ont montré la voie. Il est cependant étonnant de constater que la croissance de la finance climatique s’est ralentie depuis 2018, au moment où elle aurait dû s’accélérer. Il y a de grandes disparités sur ce volet-là surtout dans les pays en développement. »
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Embarquer tout le monde dans l’action climatique
Ce nouveau rapport du Giec tombe à un moment où, bien que plus prégnant dans la vie quotidienne, le réchauffement climatique se retrouve aussi souvent éclipsé par d’autres préoccupations comme la guerre et l’inflation. La dernière COP sur le climat, fin 2022 en Egypte, a montré de nouveau les fractures au sein de la communauté internationale sur les réponses à apporter à la crise climatique. Le président du Giec Hoesung Lee adresse donc le message suivant : « les transformations ont plus de chances d’aboutir quand il y a de la confiance, quand tout le monde arrive à travailler ensemble pour prioriser la réduction des risques et quand les bénéfices et les efforts sont répartis équitablement. Nous vivons dans un monde divers où chacun endosse des responsabilités différentes et fait face à des opportunités différentes. Certains peuvent faire beaucoup tandis que d’autres auront besoin de soutien pour faire face aux changements. » C’est au moment de la prochaine COP qu’on pourra voir si le monde a pris la mesure des enjeux que le Giec met une nouvelle fois en lumière.
La réaction de la Fondation GoodPlanet à ce nouveau rapport du Giec
Depuis 2005, la Fondation GoodPlanet est engagée dans l’action climatique et la solidarité. Ce nouveau rapport du Giec confirme la conviction de cette action de terrain portée par le programme Action Carbone Solidaire partout dans le monde, ainsi que la nécessité de sensibiliser le plus grand nombre tant aux enjeux qu’aux solutions. « La finance mondiale représentent 100 000 milliards de dollars de capital ; sans elle, la transition environnementale et sociale est difficilement actionnable. A l’inverse, les énergies fossiles ont reçu 1 000 milliards d’euros de subventions publiques en 2022. Ces chiffres donnent le tournis d’autant plus quand on sait qu’une partie seulement suffirait à réduire les émissions de GES (gaz à effet de serre), à s’adapter aux évolutions actuelles du réchauffement climatique et à assurer une meilleure protection des écosystèmes. C’est pourquoi, nous estimons fondamental, à la Fondation GoodPlanet, d’accompagner les entreprises dans leur évolution de modèle et dans la redéfinition de la valeur qu’elles produisent. Nous intensifions cet effort, à notre échelle, avec le lancement cette année d’un Institut de Formation dédié à ces enjeux. », affirme Albane Godard, directrice générale de la Fondation GoodPlanet. Début 2023, la Fondation GoodPlanet a lancé l’Institut MyPlanet pour permettre aux entreprises et à leurs collaborateurs de répondre aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain.
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Le site du Giec (ou IPCC en anglais)
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7 commentaires
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Balendard
Merci à Goodplanet pour le terme anthropique.
Pour faire simple il faut retenir des propos du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) que le réchauffement climatique résulte essentiellement de l’intervention de l’homme et dans le choix qu’il fait des chaînes énergétiques lui permettant de satisfaire ses besoins en énergie
Jean-Pierre Bardinet
« … réchauffement climatique dont les causes anthropiques sont avérées ». C’est un gros, un énorme, un gigantesque, un épouvantable mensonge.
Le GIEC est une structure intergouvernementale, un machin à mentir, non scientifique. Voilà ce que disent ses statuts : « Évaluer sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, … » Donc, avant même que le GIEC n’ait commencé ses travaux, on lui impose LA SOLUTION : il y a réchauffement ET il est anthropique. Une fois que le rapport scientifique est rédigé, le résumé pour les décideurs (SPM) est préparé entre les dirigeants du GIEC et les représentants des gouvernements. Le SPM gomme toutes les nuances, toutes les interrogations, tous les aveux de méconnaissance que l’on peut trouver dans le rapport scientifique. Il n’a donc aucune valeur scientifique. Puis, il est publié et diffusé urbi et orbi pour conditionner les peuples avec la Sainte Parole « GIECquienne ». Puis les scientifiques sont priés de mettre le rapport scientifique en conformité avec le SPM, qui a force de Loi Divine, et leur rapport ainsi remis dans la Ligne du Parti est publié plusieurs mois après le SPM. Jamais la science n’avait été ainsi dévoyée (sauf avec le lyssenkisme, cousin proche du dogme du RCA) et jamais son éthique la plus élémentaire n’avait été ainsi foulée aux pieds.
Jean-Pierre Bardinet
C’est quoi, un gaz à effet de serre ? Il y en a plus de 30 définitions, toutes différentes.Et l’on peut rappeler que, dans une serre, les échanges de chaleur se font par contact et convection, pas par radiation alors que, dans le monde réel, le GIEC privilégie ce mode de transfert. Donc, parler de gaz à effet de serre voudrait dire que les échanges de chaleur se font par contact et convection, ce qui est contraire à ce que propose le GIEC, qui privilégie les transferts pas radiation.
Jean-Pierre Bardinet
Ce qui a du sens, ce ne sont pas les phénomènes météo plus ou moins intenses, qui existent depuis la nuit des temps (voir Leroy-Ladurie), ce ne sont pas les prophéties de modèles numérique dont on sait qu’ils sont foireux non, ce sont les mesures de la TMAG (température moyenne annuelle globale) et ses évolutions sur un intervalle de temps significatif. Si l’on regarde les mesures au sol (Hadcrut) ou par satellites (UAH), on constate que, depuis 20 ans, malgré plusieurs El Nino réchauffants, malgré une très forte inflation des émissions anthropiques de CO2, et malgré une croissance quasi-linéa ire du taux global de CO2 atmosphérique, il n’y a quasiment plus de réchauffement climatique.
https://www.woodfortrees.org/plot/hadcrut4gl/from:2002/offset:-0.45/plot/uah6/from:2002
Cela confirme qu’il n’y a aucune urgence climatique, que réduire drastiquement l’usage des combustibles fossiles et mener une guerre destructrice contre le CO2 anthropique, c’est une politique absurde qui a pour but de contrôler les citoyens, de réduire comme peau de chagrin nos libertés, et, in fine, détruire l’humanité (pas la planète, bien sûr) ou, au mieux, de la réduire drastiquement.
Jean-Pierre Bardinet
La consommation mondiale d’énergie est à plus de 80% d’origine fossile. Il est donc aburde de penser que le fossile peut être remplacé par de l’éolien et du solaire intermittents, non pilotables, à faible densité énergétique, donc très gourmands en espace et en matières premières, aux faibles facteurs de charge, destructeurs de l’environnement et particulièrement onéreux, ne survivant que grâce à de lourdes subventions. Que le GIEC veuille nous faire croire que ce remplacement est possible montre qu’il est totalement déconnecté du monde réel, car asservi à une absurde idéologie anti-CO2, gaz de la Vie sur Terre.
Boyer
Malheureusement l’humain est égoïste et ne regarde que son nombril. Peu de chaîne de formation parle du rapport du GIEC, j’espère que les mentalités vont changer et que nos enfants pourront profiter de cette magnifique planète, peut-être faudrait-il taxer un peu plus les sociétés qui pollue le plus exemple: Total, le groupe Lagardère etc. Il est plus facile pour les informations de parler de l’âge, de départ à la retraite de parler de la planète, il faudrait également sensibiliser beaucoup plus les nouvelles générations. À ce problème de réchauffement ai changé notre mode de consommation basé sur l’hyper consommation.
cordialement. Jean Louis Boyer
Jean-Pierre Bardinet
Que retenir de ce rapport, qui n’a rien de scientifique, car il s’agit du résumé pour les décideurs ? Rien de nouveau, il est dans la lignée de ces rapports dont le seul objectif est de faire croire que nos émissions de CO2 réchauffent la planète, qu’il y a un terrible dérèglement du climat à cause de ces émissions et que nous devons réduire drastiquement nos émissions de CO2, quel qu’en soit le prix.