Khao Chet Luk (Thaïlande) (AFP) – La plus grande mine d’or de Thaïlande, fermée pendant sept ans, a rouvert en mars malgré une précédente interdiction et les craintes de pollutions, un cas emblématique dans le royaume où les causes écologiques se heurtent aux intérêts économiques.
Le complexe minier Chatree a coulé jeudi son premier lingot d’alliage or et argent, une victoire pour son exploitant australien, Kingsgate, qui tombe en pleine envolée du cours du précieux métal.
Sur les marchés, l’once d’or a dépassé les 2.000 dollars pour la première fois depuis un an.
Après sept ans de pause, la reprise de l’activité offre des perspectives d’emploi pour une partie de la population des provinces pauvres de Pitchit, Phetchabun et Phitsalunok, dans le Nord rural de la Thaïlande.
Mais des riverains s’inquiètent des retombées environnementales du site controversé qui depuis près de vingt ans, mobilise contre lui les militants écologistes.
Ceux-ci avaient obtenu une rare victoire en 2016 lorsque la junte alors au pouvoir avait ordonné la fermeture par précaution de Chatree, après des accusations de pollution des sols liées à l’exploitation aurifère.
Le gouvernement est revenu sur sa décision, sous la menace des centaines de millions de dollars de compensations que Kingsgate réclame devant une cour d’arbitrage.
Depuis son lancement en novembre 2001, plus de 50 tonnes d’or ont été extraites du complexe, et près de 2.500 tonnes d’argent.
Akara Resources, la filiale thaïlandaise de Kingsgate, jure avoir appris de ses erreurs.
« Nous pouvons nous développer et employer plus de personnes. Il y a plus d’opportunités pour aider les communautés locales », assure auprès de l’AFP Rob Kinnaird, un responsable d’Akara Resources.
L’entreprise pourrait tripler sa main-d’oeuvre ces prochaines années, jusqu’à atteindre 700 employés, contre 280 aujourd’hui – soit un peu moins qu’avant sa fermeture (1.000 personnes).
Si beaucoup dans les communautés voisines espèrent bénéficier économiquement de la réouverture de la mine, d’autres s’inquiètent du bruit provoqué par le dynamitage, ou de la poussière.
« Les explosions sont si bruyantes que la terre va trembler », raconte Dao Seehawatr, 59 ans. « Pour les gens résidant près de la mine comme moi, j’aimerais d’abord être relogé. »
L’exploitation aurifère est aussi associée aux produits chimiques polluants utilisés pour séparer les minéraux de valeur à la roche.
Des taux élevés de métaux lourds, dont de l’arsenic, du manganèse ou du cyanure, détectés dans le sang de riverains avaient alimenté la contestation autour du site il y a plus de dix ans.
L’exploitant nie toute responsabilité et promet d’être à l’écoute des inquiétudes des habitants.
© AFP
A lire aussi
Thaïlande: la longue route vers un latex naturel vert
L’extractivisme des ressources naturelles, une menace pour le climat
Ecrire un commentaire