Crolles (France) (AFP) – Plusieurs centaines de personnes – un millier selon les organisateurs, entre 500 et 800 selon les gendarmes – ont manifesté samedi matin contre « l’accaparement » de l’eau devant le site de production de semi-conducteurs de STMicroelectronics, à Crolles (Isère).
Le cortège de militants, habillés de bleu, s’est voulu « pacifique, joyeux et familial ».
Rassemblés sous le mot d’ordre « De l’eau, pas des puces », les manifestants contestent le projet d’extension de l’usine, annoncé l’été dernier par l’entreprise franco-italienne et mené en partenariat avec l’américain GlobalFoundries, synonyme selon eux d’un excès de consommation d’eau.
Le chantier, d’un total de 5,7 milliards d’euros, doit être soutenu dans le cadre du plan France 2030, et par l’Union européenne dans le cadre du « Chips Act », un plan pour doubler la production de semi-conducteurs dans l’UE d’ici à 2026.
« On s’inquiète pour la ressource en eau et pour la démocratie », dénonce Julien, l’un des organisateurs de la manifestation, qui préfère garder l’anonymat. Le millier d’emplois promis avec l’extension du site « ne peut pas tout justifier », affirme le militant, qui questionne les choix en matière de partage de l’eau. Dans la foule réunie, une autre militante, Emilie, « préfère qu’on me limite l’accès au temps d’écran qu’à l’eau potable ».
[À lire aussi Guillaume Pitron : « nos téléphones sont un obstacle à la compréhension de la réalité de ce qu’est l’enfer numérique »]
« On affirme qu’il n’y a pas de problème de prélèvement d’eau, mais quid de l’avenir ? », s’interroge Sébastien Triqueneaux, chercheur dans un institut du CNRS de Grenoble et membre des Scientifiques en rébellion.
« Nos efforts nous ont permis de recycler 43% de l’eau utilisée à Crolles en 2022. En 2023, ST Crolles vise un taux de recyclage de l’eau de 49%. L’ambition du site est de passer à un taux supérieur à 60% et devenir un des premiers sites de semi-conducteurs en Europe à recycler ses eaux usées pour la fabrication d’eau ultra-pure », répond STMicroelectronics dans un message à l’AFP.
« La totalité de l’eau utilisée est rendue à la nature, soit sous forme liquide après traitement (85%) soit sous forme d’évaporation (15%) », est-il encore expliqué.
Le site de STMicroelectronics, et la commune de Crolles sur laquelle il est situé, sont alimentés par le réseau d’eau potable de la métropole grenobloise, mais appartiennent au territoire voisin de la communauté de communes du Grésivaudan.
Jusqu’alors, la métropole de Grenoble, qui gère directement son réseau d’eau potable, fournissait 23.000 m3 par jour, soit 8,4 millions de m3/an. Mais en vertu d’une convention d’achat signé en octobre 2021, ce débit devrait monter à 29.000 m3/jour d’ici à fin 2023, « permettant de tenir compte de l’évolution des besoins pour les prochaines années notamment ceux des industries du territoire », souligne une délibération de la communauté de communes du Grésivaudan.
En 2021, selon la déclaration environnementale de STMicroelectronics, 4,23 millions de m3 avaient été prélevés par l’usine, la quasi-totalité de ce volume étant ensuite rejeté dans les cours d’eau alentour. En 2019, ce volume prélevé était de 3,46 millions de m3.
© AFP
À lire aussi
2 commentaires
Ecrire un commentaire
Serge Rochain
On voit un tas de naïfs pour manifester devant une usine qui produit les éléments de notre indépendance mais jamais devant une centrale nucléaire qui consomme des millions de fois plus d’eau et qui importe 100% du combustible qui lui permet de fonctionner
Xavier
L eau est clairement le plus grand défi de l humanité pour le partage, l’utilisation et son traitement. Un 1er pas de la faire payer plus chère est déjà un début mais il faut un prix en fonction des revenus car pour certains même à un prix x3 c est convenable …