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Les Français prêts à agir pour le climat, tant que cela ne remet pas profondément en cause leur mode de vie


La centrale éolienne d'Avignonet Lauragais, Haute-Garonne © Yann Arthus-Bertrand

Une récente étude d’opinion confirme une intuition assez courante quand on parle d’action climatique : il existe un consensus sur la nécessité de fournir des efforts afin de lutter contre le réchauffement. Mais, cette unanimité se heurte à la difficulté de convaincre les individus dès lors que les actions individuelles ou collectives à entreprendre pour réduire l’empreinte carbone impliquent de profondes transformations dans les modes de vie.

Ce constat ressort d’une étude d’opinion conduite par l’institut de sondage YOuGov sur un panel d’un millier de Françaises et Français interrogés entre le 15 et le 24 avril 2023. Ce travail ne porte pas uniquement sur la France. Ainsi, les sondeurs ont interrogé les ressortissants de 7 pays européens (Allemagne, Danemark, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et Suède) sur leur adhésion à des mesures de réduction des gaz à effet de serre. Le quotidien britannique The Guardian s’est fait, le 2 mai, le relais de cette enquête d’opinion en écrivant que : « de nombreuses personnes sont contentes des mesures [en faveur du climat] qui n’affecteront pas trop la manière dont elles mènent leur vie mais de plus grands efforts qui pourraient être nécessaires apparaissent impopulaires. […] Les mesures qui n’impliquent pas de grands bouleversements dans les modes de vie s’avèrent populaires. » Ce sondage a demandé au panel leur adhésion à des engagements individuels en faveur du climat ainsi que leur niveau de soutien à plusieurs hypothèses de réglementation possibles pour réduire les rejets de gaz à effet de serre.

[À regarder aussi Panorama des émissions françaises de gaz à effet de serre]

L’ambivalence de l’action climatique

4 Français sur 5 (79 %) se disent préoccupés par le changement climatique et ses effets. Ils ne sont cependant que 69 % à reconnaître l’origine humaine du réchauffement climatique actuel.

En outre, le questionnaire demandait aux sondés s’ils étaient prêts à embrasser telle ou telle action à titre personnel en tenant compte des implications et des coûts qu’elles auraient. Ou bien s’ils étaient en faveur de telle ou telle législation. Il faut garder en tête que, les émissions de gaz à effet de serre dépendent du niveau de vie, des comportements et de la consommation d’énergies fossiles.

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Un Français ou une Française émet en moyenne 8,9 tonnes de CO2 par an, selon le ministère de l’écologie. Or, afin de respecter le budget carbone, c’est-à-dire ne pas émettre plus de gaz à effet de serre que ce que la Terre peut aborder, il faudrait que chaque être humain émette au maximum 2 tonnes de CO2 par an.

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À la lecture des résultats du sondage, on constate une large adhésion des sondés français à des mesures consensuelles si elles s’appliquent à tous. Ils sont 88 % à se déclarer en faveur de la plantation d’arbres par l’État. 74 % affirment être en faveur d’une interdiction des plastiques à usage unique. Ils sont d’ailleurs 46 % à déclarer vouloir arrêter d’en acheter et 13 % à affirmer avoir déjà mis fin à ces achats à tire personnel.

[À lire aussi Emmanuel Cappellin, réalisateur du documentaire Une fois que tu sais : « comment limiter collectivement ce qu’on ne sait plus s’interdire soi-même ? »]

Concernant la viande et les produits laitiers, la société française reste partagée. D’un côté, elle est prête à fournir des efforts, de l’autre elle n’est pas encore prête à renoncer à des produits dont l’impact climatique demeure conséquent. En effet, 34 % se disent prêt à réduire la viande et les produits laitiers à deux ou trois repas par semaine, 24 % disent déjà le faire. En revanche, quand on leur demande s’ils seraient capables de supprimer totalement ces produits de leurs régimes alimentaires, 61 % se disent incapables d’un tel renoncement. De même, la régulation de la consommation n’emporte pas l’adhésion puisque 57 % s’expriment contre une limitation des achats de ces produits et 37 % sont pour.

[À lire aussi Vincent Liegey, auteur de Sobriété (la vraie) : « la croissance se révèle toxique pour des modes de vie sains et pour la joie de vivre »]

Enfin, sur l’énergie et les transports, les réponses montrent un attachement des Français à la voiture. Les deux tiers (64 %) sont opposés à l’interdiction des véhicules thermiques. De même, 74 % des Français sont opposés à l’instauration de taxes sur le carburant. Ce qui dénote un fort attachement à la mobilité individuelle qui s’explique aussi par le fait que de nombreuses personnes vivent en France dans des zones rurales ou périurbaines dans lesquelles se déplacer sans voiture se révèle impossible. Or, en France, le transport est le premier secteur en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

L’avion, quant à lui, est plus remis en cause. 1 Français sur 2 (57 %) adhérent à l’idée de mettre en place un système d’augmentation progressive du prix des billets pour les personnes qui volent beaucoup. À titre individuel, seulement 19 % des Français déclarent vouloir volontairement payer des frais supplémentaires pour compenser l’impact carbone des vols. Seulement 1 % prétendent déjà le faire.

[À lire aussi Julien Vidal, auteur de Mon métier aura du sens : « aller sur des métiers de sens signifie aller dans des filières prometteuses »]

Malgré des limites méthodologiques propres aux sondage, l’étude YouGov possède l’intérêt de tester l’adhésion de la société à des hypothétiques mesures en faveur du climat, qu’elles soient du ressort personnel ou qu’elles dérivent de la loi. La nécessité d’intensifier l’action climatique demeure, mais la question reste de parvenir à la concrétiser dans le respect de la justice sociale. Et, c’est là toute la complexité des politiques climatiques : trouver un équilibre entre l’acceptabilité sociale, l’efficacité des mesures. C’est d’autant plus difficile qu’en l’absence d’une culture de la sobriété ancrée dans les mentalités, se limiter paraît difficile. C’est pourquoi établir des règles justes, comprises de tous sera une des clefs du succès des mesures de réduction des gaz à effet de serre. La technologie jouera bien sûr un rôle, mais son impact sera réel que si les comportements évoluent afin que chacun limite ou accepte de voir restreindre tout ce qui, dans son mode de vie, contribue au réchauffement. C’est d’autant plus complexe que tous les aspects de nos vies sont concernés, d’où l’importance d’en imaginer de nouveaux.

Julien Leprovost

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6 commentaires

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    • rebel 74

    L’idée d’augmenter drastiquement le prix des billets d’avions au delà du 1er voyage est une bonne idée….Mais il faudrait aussi rationaliser le nombre de pleins d’essence. Faire payer n’annulera pas les dommages fait à la nature. Parfois il faut contraindre mais les petits français n’en n’ont que faire….
    Il faudrait aussi une police de la route qui stoppe toutes ces voitures pourries qui circulent et qui ne sont pas entretenues…. Les contrôles techniques ne sont pas suffisamment contrôlés

    • Jean-Pierre Bardinet

    Toute activité humaine dégage du CO2, y compris la respiration. L’industrie a besoin d’énergie pour produire, et il est impossible de réduire cette énergie sans gravement perturber ou détruire la production. Le GIEC a affirmé, sans aucune preuve, que le CO2 anthropique réchauffe la planète (du reste on se demande par quel miracle physico-chimique le CO2 naturel n’aurait pas les mêmes effets). Accuser le CO2 de tous les maux de la Terre est très pratique : cela permet d’agir pour réduire la production industrielle, pour nous forcer à adopter un mode de vie régressif et donc nous mener vers la décroissance et la pénurie, cela permet de justifier une noria de taxes, de normes et de règlements contraignants et réduire, voire supprimer, nos libertés individuelles. Ce grand, cet énorme, ce gigantesque mensonge, porté par le Grand Machin, le GIEC, la Commission, l’UE, les politiques, les médias et même, ô surprise, par les écologistes politiques, perdure pour le moment mais quand les citoyens se rendront compte qu’ils ont été floués, il y aura de violentes réactions, et cela devrait se produire au cours de la décennie prochaine.

    • Jean-Pierre Bardinet

    Vouloir réduire le taux de CO2 atmosphérique est une ânerie sans nom. Sans CO2, pas de photosynthèse, pas de vie sur Terre. Au-dessous de 150 ppm, la photosynthèse ne se produit pas donc toute vie disparaît de la surface du globe. Le taux actuel de CO2 est faible au regard du passé et son passage en 140 ans de 0,03% à 0,04% (de 280 ppm à 415 ppm) est bénéfique pour la vie. Sur les 600 derniers millions d’années, son taux moyen a été de 2000 ppm (415 ppm actuellement, soit 0,0415%), avec un pic à 8000 ppm au Cambrien (-500 à -600 millions d’années), sans que cela ne génère un réchauffement cataclysmique et irréversible. Si les modèles numériques tournaient avec en entrée un taux de CO2 de quelques milliers de ppm, ils prévoiraient un emballement incontrôlé et exponentiel de la température, ce qui ne s’est pas produit dans le monde réel. Il est donc légitime de considérer que la crédibilité des modèles numérique est nulle, de très fortement douter de la pertinence des thèses hypothétiques du GIEC et de la politique climat-énergie de l’UE, qui délire de plus en plus avec son objectif de neutralité CO2 qui va détruire l’Europe , et de croire que nos petits gestes vont sauver la planète (sauver la planète = en fait détruire l’humanité).

    • Velay

    La photo illustrant l’article explique , à elle seule, l’effroi des populations devant le saccage de leur cadre de vie au nom de la préservation du climat .
    Surtout quand o, sait que la France n’émet que 1 % de gaz à effet de serre mondiaux .

    • Serge Rochain

    Erreur d’ordre de grandeur :
    ….tant que cela ne change absolument rien à leurs habitudes et à ce qu’ils ont l’habitude de voir, sentir, et entendre !

    • Guy J.J.P. Lafond

    Rappelons ici le problème suivant:
    Au cours des 150 dernières années, l’être humain a voulu utiliser et brûler le pétrole et le charbon de manière excessive.
    Le pétrole a pourtant pris des centaines de millions d’années à se former et s’accumuler dans le sous-sol de notre planète Terre. Pourquoi avoir voulu gaspiller ces énergies si précieuses en si peu de temps?
    Je crois que beaucoup d’entre nous sont des incorrigibles quand ils déclarent que leurs libertés individuelles passent avant tout.
    Les autres formes de vie (animales et végétales) sur Terre ont elles aussi le droit d’exister.
    Alors, mon message est le suivant à tous les PDG de grandes multinationales du pétroles, et à de grandes multinationales de la finance aussi:
    Commençons à réduire les extractions et l’usage du pétrole, du gaz naturel et du charbon de 10% à chaque année.
    Réduisant aussi la construction de véhicules de 10% à chaque année.
    Et dans 10 ans, nous pourrons faire le point de nouveau. Est-ce trop demander à nos contemporains?
    Après tout, nos enfants et petits-enfants ont aussi le droit de vivre dans un monde propre et sécuritaire.
    Le vent se lève, les glaciers de nos sommets et les glaces aux deux pôles disparaissent à grande vitesse. La Nature nous envoie des signes. Allons-nous les ignorer?
    C’est la vie après tout!
    @Guy J.J.P. Lafond
    Un bon papa absent bien malgré lui, sain de corps et d’esprit, en devoir bénévole pour l’ONU, prévoyant de reprendre ses fonctions sous peu à Ottawa, planifiant aussi de récupérer sa maison et ses effets personnels à Ottawa, ON, Canada, n’en déplaise peut-être et encore à des banquiers, à des juges et à des politiciens au Canada et en Amérique du Nord.
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329

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