Paris (AFP) – Tous les secteurs et tous les acteurs sont concernés, mais à des degrés divers, par le projet gouvernemental français de réduction à 2030 des émissions de gaz à effet de serre (GES), qui vise en priorité les transports, le bâtiment et l’industrie.
La France doit passer de 408 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e) en 2022 à 270 millions en 2030. Par rapport à 1990, l’année de référence utilisée en Europe, l’objectif est de -50% en 2030, et -55% en « net », si l’on inclut les puits de carbone que sont sols et forêts, ce qui est l’objectif européen.
LES TRANSPORTS
C’est le premier poste d’émissions du territoire (environ un tiers du total), et la circulation ne cesse d’augmenter. Pour le gouvernement, ces émissions doivent passer de 129 millions de tonnes de CO2 par an en 2022 à 92 Mt en 2030.
Alors que la moitié du problème vient des véhicules particuliers, le plan compte sur leur électrification (-11 Mt), le télétravail, le covoiturage…
Le report des voyageurs sur les transports en commun (-5 Mt) pourra se faire par exemple en favorisant les infrastructures autour des gares (parkings de délestage, bus d’accès), un objet de discussion actuelle pour les prochains contrats de plan Etat-Régions.
Avec le boom du e-commerce, la logistique doit se décarboner d’urgence: optimisation du chargement, véhicules lourds électrifiés ou à hydrogène (-5 Mt), fret ferroviaire et fluvial (-4 Mt), « sobriété » dans les marchandises (-7 Mt)…
Dans l’aérien, les carburants durables permettraient -2 Mt, comme la maîtrise de la demande.
LE BÂTIMENT
Ce poste (18% des émissions actuelles, résidentiel et tertiaire inclus) devra voir ses GES réduits de moitié, de 64 à 30 Mt.
Cela devra passer par de la rénovation énergétique « performante » (le résidentiel étant composé à 11% de maisons « passoires » et 7% d’immeubles « passoires »). Le gouvernement vise aussi la disparition progressive des chaudières au fioul, déjà l’objet d’interdictions, mais aussi, nouveauté, le remplacement des chaudières à gaz.
Ce dernier point est brûlant car tout un secteur économique vit du gaz et que les pompes à chaleur électriques sont chères.
L’INDUSTRIE
Ce secteur a déjà vu ses émissions reculer à la fois du fait de la désindustrialisation et de changements de processus. Mais de 72 Mt en 2022, ses émissions devront tomber à 45 en 2030, avec une grande part de décarbonation attendue des gros sites industriels.
L’AGRICULTURE
Le secteur se voit fixer des objectifs plus modestes, de 81 Mt d’émissions aujourd’hui à 68 Mt en 2030.
Il devra cependant réduire celles liées aux engrais azotés (-6 Mt).
Le gouvernement attend aussi que la baisse continue de la consommation de viande en France conduise à une économie de 5 Mt d’ici sept ans, explique-t-on à Matignon.
AUTRES
Le plan table aussi sur la sortie du charbon et du gaz dans la production d’électricité en France (-11 Mt). Ou encore sur de moindres émissions issues du traitement des déchets (-9 Mt), via leur transformation en énergie ou encore le recyclage.
Quant à la forêt, alors que le puits forestier de la France métropolitaine a été divisé par deux depuis 2010, le plan est prudent et n’escompte pas de gain majeur en 2030, en raison d’une hausse des prélèvements (pour l’énergie et les produits bois) et dans un contexte de changement climatique aggravé affectant la mortalité et la croissance des arbres.
© AFP
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Jean-Pierre Bardinet
Les entreprises ont déjà optimisé leurs consommations d’énergie lors des deux chocs pétroliers. Toutes les entreprises, notamment celles qui sont fortement consommatrices (papeterie, verrerie, papier-carton, sidérurgie, chimie, automobile, …) cherchent encore et toujours à réduire leurs consommations pour produire autant, avec la meilleure qualité, et à moindre coût. En fait, nos gouvernants, depuis plus de 20 ans, notamment Jospin, Sarko, Hollande et Macron sont tous responsables de l’inflation des prix du kWh et de l’énergie, avec trop de taxes, et, surtout, une politique énergétique de gribouille incohérente, absurde et destructrice qui foire lamentablement, mais jamais ils ne le reconnaîtront publiquement, car ils ont perdu bon sens et raison. ». Prenons le cas d’une verrerie. Pour une production donnée, il faut une énergie E pour chauffer les fours, atteindre et maintenir la température adéquate et le plus efficace est d’utiliser du gaz. Si l’UE impose à cette verrerie de réduire ses émissions de CO2, la conséquence est simple : réduction de la production, chute du CA et des bénéfices, voire fermeture de l’usine. Au niveau européen, c’est la même chose : réduction de la production industrielle, fermeture d’usines, dizaines de millions de chômeurs, baisse drastique du pouvoir d’achat des ménages, impactés par la dérive du prix du kWh, les taxes carbone pour les activités de la vie courante (chauffage, déplacements, …) et la réduction drastique des libertés individuelles. Bref, cette UE devenue folle nous conduit vers un Big Brother