Comment préserver dans le même temps sa santé et la planète ? Ce qui est bénéfique pour la santé est souvent aussi bon pour la planète et inversement. Cet adage, maintes fois répété par les écologistes depuis une trentaine d’années, rappelle qu’une alimentation saine et qu’un mode de vie actif profitent tant aux êtres humains qu’à l’environnement. Chacun peut agir pour préserver sa santé et la planète, cela ne se résume pas à bien manger et à être actif. Il se trouve que Préserver sa santé et la planète est justement le titre d’un petit guide d’une trentaine de pages (disponible gratuitement), publié par l’ADEME et Harmonie Mutuelles en mai 2023.
Il permet d’y voir plus clair dans ce qui est bon pour soi et l’écologie au quotidien. L’ADEME explique la création de ce guide : « santé et environnement sont étroitement liés, […] des solutions existent et méritent d’être connues du plus grand nombre de Français ». Retour sur les meilleurs conseils de ce guide.
Des gestes évidents, mais qui demandent un petit effort pour être mis en pratique au quotidien
On se doute bien qu’un guide titré Préserver sa santé et la planète va proposer des gestes qui constitueront, pour certains, des efforts importants et, pour d’autres, des mesures évidentes de bon sens. Toutefois, le lien entre santé et environnement n’est pas toujours une évidence de prime abord si on n’est pas préalablement informé ou sensibilisé à ces sujets. Les auteurs du guide le rappellent afin de ne culpabiliser personne : « alors qu’il est légitime de vouloir vivre longtemps en pleine santé dans un environnement sain, nous sommes confrontés à des contradictions dans notre vie quotidienne. Nous consommons parfois des produits qui ont des conséquences néfastes pour notre santé, nous nous déplaçons beaucoup sans toujours nous soucier de la qualité de l’air ». Le guide propose ainsi des conseils pour agir chez soi, dans son alimentation, dans ses déplacements, dans sa salle de bain, sa cuisine ou encore bien dans son jardin.
Sollicité par GoodPlanet Mag’, Lionel Fournier, directeur Santé & Ecologie(s) d’Harmonie Mutuelle, nous a répondu par email. Il revient sur la démarche : « nous avons tous le pouvoir d’agir positivement sur la santé et sur l’environnement en adoptant quelques réflexes simples du quotidien. Et pour ça, il faut être bien informé : c’est la vocation de ce guide. »
Pollution et impacts sur la santé
La dégradation de l’environnement est un facteur de détérioration de la santé. Il faut parfois du temps ou un cumul d’exposition pour qu’un problème de santé provoqué par une altération de l’environnement se manifeste.
La pollution de l’air tue 40 000 personnes chaque année en France, soit 1 décès sur 15. Le changement climatique et l’érosion de la biodiversité font émerger de nouvelles menaces sanitaires : vagues de chaleur, nouvelles maladies, disparition des ressources naturelles employées dans la pharmacopée, impacts sur la production alimentaire…
« L’air intérieur est 5 à 8 fois plus pollué que l’air extérieur. »
L’air intérieur est 5 à 8 fois plus pollué que l’air extérieur, d’où une première préconisation qui est d’aérer autant que possible. En cause, les nombreuses molécules chimiques présentes dans nos intérieurs (parfums, produits ménagers ou employés dans le traitement des objets, poussières, composés organisés volantes COV, humidité, fumées…). Une grande partie trouve son origine dans les produits que nous achetons. Il y aurait ainsi 12 000 substances à interdire d’ici 2030. Près de ¾ (74 %) des substances chimiques produites en Europe seraient dangereuses pour la santé ou l’environnement.
Chez soi
De nombreux conseils prodigués par le guide concernent le domicile. Aérer les pièces au moins 10 minutes chaque jour afin de renouveler l’air intérieur, et de façon générale, éviter au maximum les produits ménagers ou autres avec de nombreuses molécules chimiques. Ainsi, comme l’écrit le guide : « plus c’est simple, plus c’est sain. Pour votre toilette quotidienne, préférez des produits simples : sans colorants, parfums de synthèse ni conservateurs (tels les parabènes, considérés comme des perturbateurs endocriniens), et de préférence avec une base végétale bio. Le meilleur choix ? Les produits avec un label environnemental qui limitent les impacts sur l’environnement et la santé. »
« Plus c’est simple, plus c’est sain. »
« Il est donc indispensable d’aérer chaque jour au moins 10 minutes, le matin et le soir, même en hiver (pas d’inquiétude, les murs gardent la chaleur !). Le même réflexe s’impose pendant et après les activités émettrices de polluants (ménage, bricolage…) ou de vapeur d’eau (douche, lessive, cuisine…) », notent les auteurs du guide. Ils recommandent également de veiller au bon entretien de la mentalisation et de l’aération.
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Ils alertent aussi sur l’humidité qui doit être comprise entre 40 et 60 %. Ce taux peut se contrôler grâce à un hygromètre (testeur d’humidité disponible à partir de 4 € et parfois intégré à certains thermomètres). En effet, cette dernière est source de pollutions qui favorisent « la prolifération des moisissures et des acariens, à l’origine de maladies telles que l’asthme, la bronchite, la rhinite ou encore les rhumatismes. »
Manger sain et faire de l’exercice physique
L’alimentation est responsable du quart des émissions françaises de gaz à effet de serre. On sait aujourd’hui qu’une alimentation saine pour le climat l’est aussi pour soi. En effet, les aliments ultra transformés et/ou riches en graisses, en additifs, en sel et en sucre, la viande sont nocifs à la fois pour soi et pour l’environnement. L’OMS alerte sur le fait que les mauvaises habitudes alimentaires entrainent des problèmes chroniques de santé, liés au surpoids, comme le diabète, les maladies cardiovasculaires ou certains cancers. Les experts de la prévention derrière le guide Préserver sa santé et la planète, estiment que : « à long terme, les effets de ces substances chimiques peuvent entraîner une dégradation des défenses immunitaires et du microbiote intestinal, de la fatigue, des maladies… Sans compter les impacts sur l’environnement : plus un produit est transformé, emballé, réfrigéré, plus il consomme d’énergie pour sa préparation et sa conservation, et de matières premières pour son emballage ». Ils préconisent ainsi de réduire la consommation de viande, d’éviter les produits transformés : « autre aliment à limiter : la viande (porc, bœuf, veau, mouton, agneau et abats). Consommées en excès, la viande et la charcuterie augmentent le risque de cancer colorectal et leur impact environnemental est particulièrement lourd : émissions de gaz à effet de serre et consommation d’eau importantes. » Ils appellent donc à consommer plus de fruits et légumes de saison, entiers, en veillant bien à les nettoyer et les éplucher afin d’enlever les substances toxiques.
Une alimentation saine doit se compléter d’une pratique régulière d’activités physiques. « Bouger au quotidien en adoptant les mobilités douces (marche, jogging, vélo etc.) ! 30 minutes d’activité physique quotidienne réduisent de 30 % le risque de maladies (cardiovasculaires, diabète). Faire de l’activité physique tout en se déplaçant autrement, c’est à la portée de tous et c’est bénéfique pour la santé, et pour l’environnement. C’est ce que l’on appelle les co-bénéfices, qui constituent une vraie piste d’espoir pour l’avenir. », confirme Lionel Fournier. Le guide suggère de marcher, de faire du vélo, d’être actif dans ses déplacements du quotidien, peu importe son âge. « En plus d’améliorer les capacités cardiaques et respiratoires, la force musculaire, la digestion… bouger limite la fatigue et les symptômes dépressifs », expliquent les auteurs. L’inactivité physique serait responsable de 10 % des cancers du sein et du colon. En outre, l’utilisation massive de la voiture, dans beaucoup de situations sur des petits trajets, est responsable d’une proportion importante des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution de l’air.
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« Bouger limite la fatigue et les symptômes dépressifs »
Enfin, le guide interroge sur les conséquences sanitaires potentielles du télétravail, dont l’impact sur l’environnement fait encore débat : « travailler à la maison peut nous rendre plus sédentaire et favoriser les troubles circulatoires, musculo-squelettiques… Faites des pauses régulières (pour marcher, vous étirer…) et veillez à l’ergonomie de votre poste de travail (assise, posture…). Pensez à regrouper vos petits déplacements en voiture (pour les courses, les activités diverses…) : inutile de générer des pollutions quand le télétravail permet justement de les réduire. »
Un guide utile
Préserver sa santé et la planète se révèle un guide riche et instructif. Il a le mérité d’être accessible à tous puisque gratuit. Il propose plein d’autres solutions et de gestes que chacun peut appliquer. Il y en a encore de nombreux autres sur le jardinage, le ménage, l’utilisation de l’électroménager…etc.
Lionel Fournier d’Harmonie Mutuelles estime, comme mutualiste, que : « l’environnement (qualité de l’air, de l’eau, pollutions de tout type, etc.) en fait partie. Ce que nous mangeons, buvons, ou respirons au quotidien a, en effet, une incidence sur notre santé. Des solutions sont à construire à la fois à l’échelle collective, mais aussi individuelle. En intégrant des produits plus sains et responsables à la consommation, en mettant en place des éco-gestes au quotidien, en adoptant des mobilités douces et actives, non seulement nous contribuons à préserver l’environnement, mais aussi, notre santé en ayant un impact, en amont et donc de manière préventive, sur de nombreuses pathologies. »
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Néanmoins, si l’existence d’un tel guide est à saluer, on en vient à se demander pourquoi la société ne se décide pas à légiférer sur ce qui pose un problème. Les individus ont bien sûr un rôle à jouer, au travers de leurs comportements et leurs choix de consommation. Pourtant, d’une part, tout le monde n’aura pas forcément ni accès à ces informations, ni les moyens de modifier certains choix de consommation, d’autre part, l’État et l’Union européen disposent peuvent réglementer et accompagner des changements socio-économiques. Dès lors, pourquoi ne pas s’en servir au nom de l’intérêt général ? Car, finalement, à ne rien faire ou à ne pas agir assez vite et à laisser face à des choix sans être forcément éclairé, c’est bien souvent, les plus fragiles qui sont les premières victimes des catastrophes sanitaires et écologiques.
Julien Leprovost
Pour aller plus loin
Recharger le guide Préserver sa santé et la planète
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Un commentaire
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Jean-Pierre Bardinet
Ceux qui veulent sauver la planète, slogan idiot, veulent en fait réduire voire détruire l’humanité.