Dans sa bande-dessinée reportage intitulée « Fraude qui peut ! », Sébastien Girard raconte de manière captivante la lutte de l’ONG BLOOM face aux industriels néerlandais de la pêche électrique. L’ouvrage de 82 pages dénonce à la fois une aberration écologique et un scandale politique. Cette bande-dessinée met ainsi en lumière les efforts inlassables de la petite ONG afin de protéger les océans mais également de promouvoir des méthodes de pêche plus respectueuses de l’environnement.
Le récit du combat contre la pêche électrique
L’auteur, Sébastien Girard, voulait éviter de « faire un exposé général sur l’écologie » mais plutôt raconter « le récit d’un combat précis ». Il se tourne alors vers les combats de l’ONG Bloom et choisit le sujet de la pêche électrique qui a été peu traité jusque-là. L’auteur a notamment travaillé en étroite collaboration avec Laetitia Bisiaux, qui travaille chez Bloom sur la question de la pêche électrique.
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Dans sa bande-dessinée Fraude qui peut ! , Sébastien Girard choisit non seulement de raconter le combat pour faire interdire la pêche électrique mais aussi de surtout raconter ce qui arrive après l’interdiction : parvenir à faire respecter la loi. C’est que les industriels ont développé des trésors d’ingéniosité pour y déroger. L’auteur rappelle : « il y a eu une interdiction en deux temps avec d’abord une interdiction partielle. C’est à ce moment-là qu’on a dit aux industriels qu’ils pouvaient, durant la période de transition avant l’interdiction totale, continuer à utiliser un petit nombre de navires. Ils en ont profité pour frauder et sortir beaucoup de plus de bateaux. » La pêche électrique est interdire au sein de l’Union européenne depuis le 1er juillet 2021.
Une bataille qui se joue dans les coulisses de l’Europe
Ce récit instructif et passionnant plonge le lecteur dans les coulisses de l’Union Européenne en révélant les manœuvres malhonnêtes des lobbys industriels afin de contourner les lois pour poursuivre cette pratique destructrice malgré son interdiction.
Ce que Fraude qui peut ! raconte
L’histoire débute avec la présentation de Bloom, une ONG engagée dans la lutte contre la destruction du monde marin, qui se retrouve ici confrontée au problème de la pêche électrique.
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On suit ainsi Laetitia Bisiaux, une jeune étudiante passionnée par la cause de Bloom. Elle rejoint l’association pour son stage de fin d’étude et se charge de combattre cette pratique néfaste pour les océans. Selon elle, le défi le plus difficile auquel elle a été confrontée dans ce travail a été la mauvaise foi et le mensonge. Face aux lobbys des industriels de la pêche électrique néerlandais, Bloom a conduit une bataille sans relâche pour démontrer les ravages écologiques de cette méthode de pêche, présentée comme une innovation permettant de réduire la consommation de carburant des navires.
Contactée par GoodPlanet Mag’, Laetitia Bisiaux explique que la tâche peut parfois sembler décourageante voire insurmontable, mais qu’il faut pourtant persévérer pour réussir à « convaincre avec des arguments basés sur la science ». Elle ajoute également que le secteur de la pêche aux Pays-Bas est si puissant qu’il a été difficile de travailler sur la pêche électrique avec des ONG néerlandaises. Son travail consiste à convaincre du bien-fondé d’interdire la pêche électrique. Pour y parvenir, cela passe d’abord par trouver des alliés dans ce combat, puis de persuader d’autres députés de se prononcer contre cette méthode de pêche. Elle dit en effet que « les élus sont très sensibles à leur image », c’est pourquoi ils préfèrent ne pas être associés aux mesures néfastes pour l’environnement.
La bande-dessinée met en évidence les nombreuses manœuvres du lobby de la pêche électrique : les détournements de lois, les changements d’appellation, les fausses recherches scientifiques et les rapports biaisés entre autres. Bloom tente de les dénoncer auprès de la Commission européenne. Malgré les preuves apportées, les industriels et certains élus se montrent peu scrupuleux, ignorant la nécessité de protéger l’équilibre écologique des océans.
Une narration haletante
Sébastien Girard réussit brillamment à rendre ce sujet complexe intéressant en dévoilant les stratagèmes utilisés pour contourner les lois et continuer à recourir à la pêche électrique. L’auteur utilise un code couleur astucieux en associant le jaune pour représenter les industriels et le bleu pour incarner l’association Bloom. Cette distinction visuelle facilite ainsi la compréhension du récit par le lecteur.
A travers une narration captivante et pleine d’humour, Sébastien Girard nous fait espérer une issue positive à cette lutte. Outre son propos engagé, Fraude qui peut est d’une lecture agréable, le style rappelant celui de Riad Sattouf. Accessible aussi bien aux adolescents qu’aux adultes, cette bande dessinée incite à prendre conscience des enjeux liés à la préservation des océans et à soutenir les efforts des ONG telles que Bloom. Les liens de cette dernière avec la bande-dessinée ne datent pas d’hier puisqu’en novembre 2013, Pénélope Bagieu avait contribué à médiatiser le combat de l’association à travers une BD sur son blog, rapidement devenue virale. Notons également l’engagement éco-responsable de l’éditeur Delachaux Niestlé qui favorise une fabrication plus respectueuse de l’environnement.
David Castex, notre stagiaire de seconde
Pour aller plus loin
Fraude qui peut !, par Sébastien Girard, édition Delachaux et Niestlé, 80 pages, 2022, 14,90
Pour en savoir plus sur les enjeux de la mer sur GoodPLanet Mag’
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