Les technologies et les leviers financiers existent déjà pour réduire d’un tiers, voire de moitié, les émissions de gaz à effet de serre du transport maritime. C’est ce qu’explique un article du Guardian consacré au sujet alors que Londres accueille le sommet de l’Organisation Maritime Internationale du 26 juin au 27 juillet. Celui-ci aborde notamment la nécessaire décarbonation du secteur, qui passerait par la mise en place d’une taxe carbone. Le secteur maritime est, en effet, responsable de 3 % du total des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Or, pendant des années, comme le transport aérien, le transport maritime s’est montré réticent à agir pour le climat, au motif notamment que cette activité est internationale et ne dépend donc pas de la régulation d’un seul État.
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Taxer les émissions du transport maritime, une idée qui avance
Cependant, l’idée d’une taxe carbone progresse. La Banque Mondiale a ainsi estimé plus tôt cette année qu’une telle taxe permettrait de récolter de 50 à 60 milliards de dollars par an. De plus, une telle taxe aurait une incidence minime sur l’activité. Le Japon, qui dispose de la seconde flotte mondiale de navires marchands, propose d’en mettre une en place d’ici 2035 au prix de 56 dollars par tonne de CO2 émise. La proposition est soutenue par d’autres nations, dont les pays en développement. Ces derniers y voient l’opportunité de financer la lutte contre le réchauffement climatique ainsi Toutefois, l’idée de taxer les rejets du transport maritime, même si elle a le soutien de l’exécutif démocrate aux États-Unis, risque d’être bloquée par le Congrès dont la majorité républicaine se montre hostile aux réglementations environnementales. Une taxe sur le carbone permet de collecter des fonds pour financer l’action climatique tout en incitant les armateurs, transporteurs et chantiers navals à réduire les émissions des navires.
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Le besoin de montrer un engagement réel dans l’action contre la crise climatique.
Eamon Ryan, ministre de l’environnement de la république d’Irlande, qui remplit aussi le rôle de négociateur pour l’Union européenne sur le sujet des « pertes et dommages » déclare que des discussions au sein de l’Organisation Maritime Internationale peuvent pencher d’un côté ou de l’autre : « C’est du 50-50. Ce n’est pas certain qu’elles aboutissent à un accord. » Il appelle néanmoins les 175 États-membres de l’OMI à aller dans le sens d’une taxe car « nous avons besoin de montrer un engagement réel dans l’action contre la crise climatique. Un tel mécanisme enverrait aussi un signal clair de confiance aux pays en développement comme quoi le temps des discussions est terminé et qu’il laisse place aux actes. ». Il affirme également souhaiter une taxation du transport aérien qui aurait l’avantage de répondre à la question de l’équité. Il précise : « une taxe d’un euro par billet d’avion rapporterait 5 milliards par an. Ce n’est pas une contribution négligeable aux efforts que nous devons fournir. »
Des technologies déjà là pour réduire la consommation d’énergies fossiles et les les émissions
En plus de ces débats sur la fiscalité verte et son impact, lundi 26 juin, le cabinet de conseil CE Delft a publié une étude affirmant que les technologies existent déjà pour réduire d’un tiers, voire plus, les émissions de secteur. Parmi elles, adopter de nouveaux carburants, miser sur l’hydrogène, permettre aux bateaux d’utiliser la force des vents pour les aider à se mouvoir en consommant moins de carburant, réduire ou adapter la vitesse des navires, en améliorer l’entretien et la maintenance. Toutes ces mesures permettraient de réduire les émissions du secteur de 36 % à 47 % les émissions par rapport au niveau de 2008.
Julien Leprovost
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Thomas Gontier
Bonjour,
Merci pour cet article intéressant du Guardian
une précision sur l’objectif du Japon, Le Guardian parle d’un objectif de taxe carbone à 56€/t en 2025 et non en 2035 comme dans votre article,
Cordialement,