Londres (AFP) – Le gouvernement britannique a promis lundi des « centaines » de nouvelles licences d’exploration et d’exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord, provoquant une bronca des organisations écologistes face à une annonce présentée comme « meilleure pour le climat ».
Loin d’y voir une contradiction, le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a assuré que l’exploitation de ces ressources fossiles britanniques aiderait le pays dans son cheminement vers la neutralité carbone, promise pour 2050. Même à cet horizon, pétrole et gaz représenteront un quart de l’énergie du pays, a-t-il souligné.
L’extraction en mer du Nord est « meilleure pour notre sécurité énergétique », qui ne dépendra « plus de dictateurs étrangers », a vanté avec enthousiasme Rishi Sunak.
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Ces ressources domestiques nécessiteront « deux, trois, quatre fois » moins d’émissions de CO2 qu’en étant acheminées depuis l’autre côté du globe, a-t-il affirmé aux télévisions britanniques.
Cette annonce au coeur de l’été survient en plein questionnement dans le pays à l’égard de certaines politiques vertes pour des foyers durement éprouvés par l’inflation.
Rishi Sunak s’oppose frontalement à l’opposition travailliste, qui, donnée largement en tête en vue des élections législatives de 2024, veut mettre fin à l’octroi de nouvelles licences d’exploration en mer du Nord.
Accusant le chef du gouvernement de tenter de « polariser le débat climatique et marquer des points politiques bon marché », Greenpeace Royaume-Uni a réfuté l’argumentaire de l’exécutif: « Les carburants fossiles ne sont pas nationalisés au Royaume-Uni », ils appartiennent aux entreprises qui les extraient « et seront vendues au plus offrant sur les marchés internationaux ».
« Effondrement de la civilisation »
« Juillet a été le mois le plus chaud qu’on ait jamais connu à cause de la combustion d’énergies fossiles », a souligné Just Stop Oil, dont les militants mènent quasi quotidiennement des actions coup de poing pour réclamer la fin de tout nouveau projet d’exploration fossile.
« Sunak est pire qu’un criminel de guerre », a accusé l’organisation écologiste, « il sait » que ces nouveaux projets « vont imposer des souffrances inimaginables et détruire vie et moyens de subsistance de milliard de gens », « pousser le monde vers des points de bascule irréversibles ». Il « risque rien moins que l’effondrement de la civilisation humaine » affirme Just Stop Oil.
Les politiques vertes semblent vaciller au Royaume-Uni, notamment depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale dans l’ouest de Londres.
Ce résultat a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l’extension prévue fin août d’une taxe sur les véhicules polluants à l’ensemble du Grand Londres voulue par le maire travailliste Sadiq Khan.
Le soutien à l’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord va permettre de maintenir plus de 200.000 emplois, plaide Downing Street.
Les premières nouvelles licences doivent être délivrées à l’automne.
« Vernis vert »
Le gouvernement a dévoilé en outre deux premiers sites de capture et de stockage de CO2 en mer du Nord, secteur susceptible, selon lui, de soutenir jusqu’à 50.000 emplois. Rishi Sunak a vanté le Royaume-Uni comme étant à la pointe de cette technologie.
Mais selon Greenpeace, celle-ci est « souvent utilisée » pour du « greenwashing » par les géants pétroliers.
L’association Friends of the Earth y voit un « vernis vert » et juge que si cette technologie fonctionnait un jour, ce dont elle doute à court terme, elle ne capterait pas « toute la pollution climatique causée par la combustion des énergies fossiles » ou les émissions lors de leur extraction.
Le Royaume-Uni, où plus de 330 millions de tonnes de CO2 ont été émises en 2022, compte capter et stocker 20 à 30 millions de tonnes de CO2 annuellement d’ici à 2030.
Impliqué dans l’un d’eux, le groupe Shell a salué un « projet central » parmi les projets pour « décarboner les opérations en mer du Nord ».
Selon un sondage YouGov du printemps, 65% des Britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s’opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.
Un rapport des services météorologiques britanniques a averti récemment que les températures record de l’été 2022, où les 40°C ont été dépassés, paraîtraient « fraîches » d’ici à la fin du siècle.
© AFP
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Serge Rochain
Sunack n’est qu’un faux cul, mais c’est l’affaire des anglais !