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L’agroforesterie, une solution naturelle sous-estimée dans la lutte contre le réchauffement climatique

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Système agroforestier chez une agricultrices Kichaws © GoodPlanet

Une étude scientifique publiée dans la revue Nature Climate Change estime que l’agroforesterie peut jouer un rôle majeur dans l’atténuation du changement climatique par des moyens naturels. En effet, les chercheurs évaluent à 310 millions de tonnes de carbone par an le potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre permis par l’agroécologie. À titre de comparaison, celui de la reforestation est de 270 millions de tonnes de carbone et celui de la lutte contre la déforestation s’élève à 490 millions de tonnes de carbone. Les scientifiques parlent de solution climatique naturelle.

« Nous disposons du savoir-faire et de l’espace nécessaire pour ajouter davantage d’arbres aux terres agricoles du monde entier », déclare Drew Terasaki Hart, écologue et informaticien chez The Nature Conservancy (TNC, une ONG écologiste américaine fondée en 1951). Il est l’auteur principal de l’étude publiée le 28 septembre dans Nature Climate Change. « La science peut aider à identifier les endroits où l’agroforesterie a le plus grand potentiel pour atténuer le changement climatique, tout en offrant ses avantages au plus grand nombre. »

L’agroforesterie recouvre différentes pratiques agricoles autour du monde. Elles ont en commun de concilier la préservation des arbres, qui séquestrent le carbone, avec la production alimentaire. Elle limite ainsi le changement d’affectation et d’utilisation des sols. Il s’agit du fait de remplacer un espace végétal naturel par de l’agriculture ou de l’urbaniser.  En plus de participer au stockage du carbone dans les végétaux, les systèmes agroforestiers produisent de la nourriture et aident à préserver la biodiversité.

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Des freins à l’essor de l’agroforesterie

« Dans de nombreuses régions, en particulier dans les pays du Nord, les arbres ont été éliminés des exploitations agricoles », déplore Rémi Cardinael, chercheur en agronomie au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), qui a participé l’étude. Il ajoute que : « l’agroforesterie pourrait être une très bonne manière de reboiser ces régions par rapport à des projets de reboisement à grande échelle qui peuvent être plus vulnérables aux perturbations, tout en offrant des avantages directs aux agriculteurs. »

Les approches qualifiées de solution climatique naturelle ne bénéficient pas encore d’un soutien massif dans le monde. Contacté par email, Rémi Cardinael, chercheur en agronomie au Cirad explique : « il y a beaucoup de contraintes au développement de l’agroforesterie : le foncier, des politiques publiques orientées agriculture ou foresterie… L’agroforesterie est souvent oubliée dans ce cadre-là. » Il rajoute aussi comme facteurs explicatifs : « la difficulté pour trouver des marchés pour commercialiser les produits issus de l’agroforesterie, le manque de formation des techniciens agricoles à la gestion des arbres, etc etc. »

[À lire aussi Antoine Vullien, co-fondateur de l’ONG Ishpingo : « nous travaillons surtout sur la reforestation et sur la valorisation des produits agroforestiers » ]

De nombreux pays envisagent pourtant de développer l’agroforesterie dans leur stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour le moment, seulement 40 % des pays en développement l’ont incluse dans leurs contributions déterminées au niveau national, qui pour rappel, sont la traduction opérationnelle pour chaque nation des engagements pris pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris signé en 2015.

L’avis des expertes de la Fondation GoodPlanet

Claire Sellier, cheffe de projets agriculture durable à la Fondation GoodPlanet, commente : « pour moi, l’agroforesterie est une voie essentielle pour l’adaptation au changement climatique puisqu’elle permet la séquestration de carbone tout en soutenant des types d’agriculture tournés vers l’agroécologie en créant des micro-climats pour les cultures et les animaux d’élevage et en apportant une diversification des activités et des revenus des producteurs et productrices. »

Quant à elle, Naomi Soudry, chargée de projets agroécologie au sein de la Fondation GoodPlanet : « l’agroforesterie a en effet un rôle très intéressant pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique par la séquestration de carbone ou la préservation des cultures face aux aléas climatiques par exemple. Cette pratique présente également d’autres avantages, comme la préservation de la ressource en eau et de sa qualité. C’est un sujet vraiment montant depuis quelques années, suite notamment aux dernières sécheresses en France. »

Julien Leprovost

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Pour aller plus loin sur l’agroforesterie

L’article en anglais Priority science can accelerate agroforestry as a natural climate solution dans Nature Climate Cage

L’agroforesterie peut jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique sur le site du Cirad

Les projets d’agroforesterie de la Fondation GoodPlanet
Agroforesterie en France

agroforesterie goodplanet
Infographie sur l’agroforesterie par la Fondation GoodPlanet © Fondation GoodPlanet

Agroforesterie en Équateur

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