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Le Cerrado, un écosystème méconnu mais capital

cerrado

Vue aérienne de la végétation sèche du Cerrado (savane), à Sao Desiderio, le 26 septembre 2023 dans l'Etat de Bahia, au Brésil © AFP Nelson ALMEIDA

Rio de Janeiro (AFP) – Le Cerrado, savane qui s’étend sur la région centrale de l’immense territoire brésilien, au sud-est de l’Amazonie, est beaucoup moins connu que la forêt tropicale, mais il est aussi d’une importance cruciale dans la lutte contre le réchauffement climatique.

 Grand comme cinq pays européens

Le Cerrado est une des trois grandes savanes de la planète, avec celles d’Afrique et d’Australie.

Elle s’étend sur 2 millions de kilomètres carrés, débordant sur la Bolivie et le Paraguay à l’ouest.

Cette région est aussi vaste que les superficies cumulées de la France métropolitaine, de l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et du Royaume-Uni.

« Berceau des eaux

D’après l’Unesco, le Cerrado est la savane la plus riche en biodiversité du monde.

On y trouve plus de 11.000 espèces de plantes et des centaines d’animaux, comme des jaguars, des loups à crinière, des tamanoirs ou des tatous.

Il est surnommé le « berceau des eaux », car ses sources alimentent huit bassins hydrographiques majeurs d’Amérique du Sud et trois importants aquifères.

Miroir de l’Amazonie

Les experts font valoir que le sort de l’Amazonie et celui du Cerrado sont étroitement liés.

La savane dépend de la forêt tropicale qui génère les précipitations nécessaires pour que ses rivières et aquifères conservent un niveau d’eau satisfaisant.

La forêt amazonienne est tout aussi dépendante de la savane pour alimenter les cours d’eau de sa moitié sud.

Les deux écosystèmes jouent un rôle crucial dans l’absorption de CO2.

Mais ils pourraient accélérer le réchauffement climatique si le « point de non-retour » était atteint, c’est-à-dire s’ils venaient à relâcher plus de carbone qu’ils n’en absorbent, à cause de la disparition de leur végétation.

 Champs à perte de vue

Le Cerrado aux sols sablonneux et naturellement pauvres en nutriments était très peu exploité auparavant, mais la région est devenue en quelques décennies un des grands pôles agricoles du Brésil.

Selon le collectif de recherche MapBiomas, la moitié de la surface du Cerrado est actuellement dédiée à l’agriculture.

Dommages

Mais le boom de l’agronégoce, un des principaux moteurs de la première économie d’Amérique latine, a un lourd coût environnemental.

Selon les calculs du Fonds mondial pour la nature (WWF), la transformation de la végétation native du Cerrado en terres cultivées ou d’élevage génère 230 millions de tonnes de CO2 par an, l’équivalent des émissions de 50 millions de voitures.

Les défenseurs de l’environnement dénoncent par ailleurs le fait que cette région est de plus en plus asséchée par les systèmes d’irrigation pour l’agriculture et par la déforestation.

Les satellites de l’Institut public de recherches spatiales (INPE) y ont identifié près de 40.000 foyers d’incendie cette année, avec une surface brûlée équivalente à celle de la Suisse.

Des études scientifiques ont également montré que certains cours d’eau du Cerrado sont pollués par les pesticides.

© AFP

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