1 tempête de sable et de poussière sur 4 a pour origine les activités humaines, selon un rapport publié le 15 novembre à l’occasion de la réunion de la CNULCD (Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification) qui se tient en Ouzbékistan jusqu’au 17 novembre.
Bien que les tempêtes de sable et de poussière soient un phénomène naturel, ce dernier est accentué par l’impact des activités humaines notamment sur les sols. Chaque année, près de 2 milliards de tonnes de sable et de poussière sont relâchées dans l’atmosphère. Or, ces particules polluent l’air en plus de s’avérer nocives pour la santé.
Le secrétaire général de la CNULCD, Ibrahim Thiaw déclare que : « la vue de nuages noirs tourbillonnants de sable et de poussière recouvrant tout sur leur passage est un des spectacles les plus intimidants de la nature. C’est aussi un phénomène très coûteux qui apporte le chaos partout où il se produit du nord de l’Asie à l’Asie centrale en passant par l’Afrique subsaharienne. » Plus de 80 % de l’Asie centrale est recouverte de déserts et de steppes. Il se trouve qu’avec le changement climatique, la région est confrontée à des sécheresses plus importantes qui contribuent à la dégradation des sols et donc à la prolifération de poussière. Par exemple, l’assèchement de la mer d’Aral est désormais responsable du rejet dans l’air de 100 millions de tonnes de poussières et de sel contaminés chaque année. Anciennement l’une des plus grandes étendues d’eau douce au monde, le lac d’Aral est situé entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Il a quasi disparu en raison de la surexploitation de son eau du temps de l’URSS pour des projets industriels et agricoles. En plus de ces régions, les zones les plus émettrices de poussières d’origine minérale sont l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l’Asie de l’Est, l’Australie, l’Amérique du Sud et le sud de l’Afrique.
Les effets des tempêtes de poussière ne concernent pas seulement la santé humaine. Les Nations Unies ont mis en place en 2019 une coalition pour lutter contre les tempêtes de sable et de poussière. Feras Ziada, de la FAO, qui a également pris part à ce rapport, explique que ces tempêtes « affectent l’environnement, la santé, l’agriculture et le bien-être. Cumulés, ces impacts se révèlent très importants. » Les tempêtes de poussière sont autant un problème dans les pays où elles trouvent leur source qu’ailleurs dans le monde. Le vent peut disperser les particules sur des milliers de kilomètres. Elles ignorent les frontières. Feras Ziada ajoute : « dans les régions où les tempêtes trouvent leurs origines, elles endommagent les cultures, affectent le bétail et abîment la couche supérieure du sol. ». Puis, elles disséminent ce que les vents charrient. Le phénomène naturel joue ainsi un rôle dans la dissémination des graines et des nutriments du sol. Toutefois, d’un point de vue humain, les grains de sable et les poussières, quant à eux, sont des nuisances qui affectent la santé, perturbent les communications, la production d’énergie et les transports.
Ibrahim Thiaw affirme que : « de la même manière que les activités humaines exacerbent les tempêtes de sable et de poussière, celles-ci peuvent être aussi atténuées par l’action humaine. » Pour prévenir en amont les tempêtes, la préservation des sols est un facteur clef, tandis qu’en aval la prévention du risque passe par l’information et la sensibilisation des populations exposées.
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification date de 1992. Elle vise à lutter contre la dégradation des sols et leur érosion. Ce problème relève à la fois de la préservation de la biodiversité, de la sécurité alimentaire, de la lutte contre la pauvreté et de la prévention des catastrophes naturelles. La France est relativement épargnée, même si le pays ainsi que d’autres du Sud de l’Europe font parfois face à des remontées de particules venues des déserts africains. La convention de 1992 a été mise en place à l’occasion du Sommet de la Terre de Rio en même temps que la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (qui organise les négociations climatiques au travers des COP) et la Convention sur la Diversité Biologique.
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