Sainte-Soline: la justice se montre ferme face aux opposants aux bassines

sainte-soline fermeté justice

Manifestation pour soutenir les dirigeants syndicaux et les militants écologiste,s jugés pour avoir organisé des rassemblements contre les "méga-bassinses", devant le tribunal correctionnel de Niort, le 17 janvier 2023 © AFP PHILIPPE LOPEZ

Niort (AFP) – Après les violences de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), la justice a choisi la fermeté mercredi contre trois militants antibassines, condamnés à de la prison avec sursis pour organisation de manifestations interdites, un jugement qualifié de « politique » par les opposants à ces réserves d’irrigation.

A six mois d’un nouveau rassemblement, le tribunal correctionnel de Niort a suivi quasiment à la lettre les réquisitions du procureur qui avait fustigé le « climat de terreur » dans le département lors d’un procès houleux, dans la droite ligne des manifestations violentes à Sainte-Soline en octobre 2022 et mars 2023.

Porte-parole du collectif « Bassines non merci » (BNM), Julien Le Guet a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une interdiction de paraître pendant trois ans à Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres), où se trouve la première des 16 bassines contestées en projet.

« Nous espérions avoir un juge indépendant. Au contraire, nous avons eu un jugement politique avec un juge aligné sur des positions gouvernementales à l’envers du bon sens et de l’urgence climatique », a réagi Julien Le Guet, dénonçant « l’argumentaire clairement pro-bassines du juge ».

« Éco-terroriste »

Vêtu d’un sweat-shirt portant la mention « éco-terroriste », il a appelé à « ne pas laisser ce jugement en place » et à « continuer la bataille sur le terrain, sur le plan juridique et politique ».

Nicolas Garrigues, alias Benoît Feuillu, membre du collectif Les Soulèvements de la Terre, condamné à six mois de prison avec sursis, avec interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres, a dénoncé « des peines de bannissement politique ».

« Ces peines visent des personnes parce qu’elles auraient pris la parole pour un mouvement et ça on peut pas laisser faire, c’est absolument scandaleux », a ajouté le militant, qui s’était présenté à l’audience comme simple « lanceur d’alerte », niant comme les autres prévenus être l’organisateur des manifestations interdites.

Un autre membre des Soulèvements de la Terre, Joan Monga, alias Basile Dutertre, a été condamné à neuf mois de prison avec sursis, avec interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres. Absent mercredi, il a également été condamné pour le vol d’une valve de canalisation pour l’arrosage des céréales, à Épannes (Deux-Sèvres) en mars 2022.

Ces mesures d’interdiction de paraître dans les Deux-Sèvres pourraient empêcher ces militants de participer à la prochaine mobilisation contre les « bassines » annoncée en juillet dans le Poitou, juste avant les Jeux olympiques de Paris.

Le tribunal a également prononcé des amendes contre les six autres prévenus pour leur implication dans quatre mobilisations survenues autour des chantiers contestés entre le 26 mars 2022 et le 25 mars 2023.

Parmi eux figuraient deux membres de la Confédération paysanne, deux syndicalistes locaux affiliés respectivement à la CGT et Solidaires, un membre de BNM et un agriculteur bio.

Pour les agriculteurs irrigants, qui avaient évoqué à l’audience leur « traumatisme », ce jugement est un soulagement.

« Être reconnus comme victimes, pour nous, c’est important », a déclaré à la presse Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau, groupement d’agriculteurs qui porte le projet de 16 réserves contestées.

« La violence ne résout rien »

« Il y a un message qui est passé pour dire: +La violence n’aboutit à rien, ne résout rien+. Les faits de violence sont graves, pour nous c’était important d’entendre que la gestion de l’eau ça doit se faire dans le dialogue. »

Ces « réserves de substitution », qui visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une assurance-récolte indispensable à leur survie face aux sécheresses à répétition. A l’inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.

Après de premières violences en octobre 2022 à Sainte-Soline, la manifestation de mars 2023 avait dégénéré rapidement en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants ont passé plusieurs semaines dans le coma.

La Ligue des Droits de l’Homme a dénoncé un « usage disproportionné » des armes (grenades lacrymogènes, LBD) par les forces de l’ordre.

Une commission d’enquête parlementaire a en revanche conclu mi-novembre à la « responsabilité écrasante » des trois mouvements qui avaient appelé à manifester à Sainte-Soline, en dépit d’interdictions préfectorales.

© AFP

3 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Francis

    Il faut se réjouir du fait que le racisme anti-paysan soit enfin sanctionné.

    • Quidamus

    Parons Francis ? Le racisme anti-paysans ? L’industrie Agro-alimentaire n’a rien à voir avec les paysans. Ce sont des industriels ! Point barre ! Soit on est industriel, soit on est simple paysan, on ne peut pas être les deux. Il s’agit plutôt de la victoire du racisme anti-écologistes. Rappelons qu’une Loi de 1968 interdit toute ingérence dans les nappes phréatiques sous aucun prétexte, sauf pour les surveiller. Loi que les méga-bassines violent ouvertement. Mais ça le Juge n’en a cure. On vit dans un monde à l’envers où ceux qui violent la Loi ont le soutient des politiques et donc des gendarmes et des Juges. Ceux censés justement faire respecter la Loi. Et en plus ils osent condamner la milice qui a tenter de faire respecter cette Loi. Le monde à l’envers. Ceux qui tapent dans les nappe phréatiques mettent en péril la vie de millions de gens et d’animaux, et ils ont le culot extrême de se présenter en victimes ! Ecœurant au possible.

    • Francis

    @quidamus. Ce que vous appelez nappe phréatique n’est qu’une couche d’eau superficielle qui ne peut pas s’infiltrer à cause d’une couche d’argile imperméable à faible profondeur. Tout cela faisant un terrain marécageux. Cela n’a rien à voir avec l’industrie agro-alimentaire.