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Islande : après l’éruption volcanique, vivre à Grindavik devient hypothétique

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Vue aérienne d'une coulée de lave près de Grindavik, le 14 janvier 2024 en Islande © AFP Halldor KOLBEINS

Reykjavik (AFP) – Pour la première fois en 51 ans, les Islandais ont vu dimanche trois maisons se consumer dans une éruption volcanique, plongeant les habitants de Grindavik dans l’incertitude de pouvoir un jour rentrer chez eux.

« Nous en avons assez de ne pas savoir quand nous pourrons retourner à la maison et si cela pourra se faire en sécurité », confie à l’AFP, la voix fatiguée, l’une de ses habitantes, Erla Osk Petursdottir, 43 ans.

L’Islande a été réveillée dimanche matin par une éruption volcanique en lisière de la ville portuaire de Grindavik, ses derniers habitants ayant été évacués à la hâte quelques heures plus tôt. A la mi-journée, la lave orange vif a réduit en cendres trois habitations.

L’activité volcanique s’est calmée depuis, selon l’office météorologique islandais qui explique que « l’accumulation de magma » se poursuivait dans la région. La ville est donc dangereuse et le restera pendant encore plusieurs années.

« Nous ne savons pas combien de temps (l’activité volcanique) durera, mais cela pourrait prendre des années, et il est possible que la lave engloutisse la ville », explique à l’AFP Magnus Tumi Gudmundsson, professeur en géophysique à l’université d’Islande.

Mardi, il répondait aux questions de 500 anciens résidents de Grindavik réunis dans la capitale Reykjavik pour discuter de l’avenir de leur ville. La Première ministre Katrin Jakobsdottir était présente.

« Ils ont besoin d’être soutenus », relève le professeur. « Ils ont été déplacés, ne peuvent accéder à leurs maisons et ont des difficultés financières ».

La ville, qui abrite habituellement près de 4.000 habitants, a vu son horizon s’assombrir brutalement en deux mois.

Le 11 novembre, elle avait été évacuée une première fois après des centaines de séismes qui ont fissuré les bâtiments de la ville et provoqué d’énormes crevasses sur les routes.

Cette activité sismique a été déclenchée par le déplacement du magma sous la croûte terrestre, signe précurseur d’une éruption volcanique.

Finances tendues

Les habitants avaient pu retourner brièvement chez eux peu après une première éruption le 18 décembre, et de façon permanente le 23 décembre, mais seuls quelques dizaines d’habitants avaient choisi de s’y réinstaller, les autres jugeant la situation trop volatile.

Ces rares résidents ont dû être évacués en urgence dimanche dans la nuit – quand les pires craintes se sont réalisées.

Sonnées par ces destructions, de nombreuses familles se retrouvent étranglées financièrement, contraintes à la fois de rembourser un prêt immobilier et de payer un loyer, pour celles qui ne sont pas logées chez des proches.

Environ 200 familles ont un besoin urgent de logement, a aussi souligné la maire de Grindavik pendant la réunion.

« Nous devons nous préparer pour le long terme », lâche Erla Osk Petursdottir, qui affirme que la plupart des habitants de sa ville natale se sont résignés à abandonner les lieux.

Leur priorité à tous: vivre en sécurité et trouver une situation financière stable, ajoute-t-elle.

Les résidents présents lors de la réunion à Reykjavik ont demandé au gouvernement d’acquérir leur logement à Grindavik, quitte à ce qu’eux-mêmes les rachètent plus tard, une perspective, pour l’heure, très hypothétique.

« Nous sommes coincés, c’est au gouvernement et à l’Etat » de débloquer la situation, plaide l’un d’eux, Páll Thorbjörnsson, agent immobilier de 44 ans.

Quelques mesures ont déjà été prises. Une aide financière temporaire a été octroyée aux habitants depuis novembre et le gouvernement a ordonné l’achat de plus de 200 logements pour les besoins de relogement.

« Deuil »

Entre-temps, tous doivent composer avec l’incertitude et la tristesse. « Nous sommes en train de faire le deuil de notre communauté, car nous sommes tous dispersés et nous ne demandons qu’à nous retrouver », confie Mme Petursdottir.

Páll Thorbjörnsson se projette tout de même dans cette ville, bâtie sur des coulées survenues il y a 800 ans.

« Nous devons nous laisser un peu de temps », dit l’agent immobilier. « Je ne peux rien faire, il y a le gouvernement, et mère Nature, ce sont eux » qui auront le fin mot de l’histoire.

L’éruption de Grindavik est la cinquième en trois ans à toucher la péninsule de Reykjanes, au sud-ouest de l’Islande.

Cette grande île de l’Atlantique Nord, qui est la plus vaste et la plus active région volcanique d’Europe, se situe à cheval sur la dorsale médio-atlantique et compte trente-trois systèmes volcaniques actifs.

© AFP

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