Washington (AFP) – L’administration du président américain Joe Biden a annoncé mercredi établir de nouvelles normes de qualité de l’air, nécessaires selon elle pour protéger les populations vulnérables face aux particules fines, mais qui provoquent l’ire des groupes industriels.
L’annonce intervient quelques mois avant une élection présidentielle cruciale, lors de laquelle le président démocrate devrait affronter son prédécesseur Donald Trump, qui a aboli des dizaines de normes de pollution de l’air lors de son mandat.
La nouvelle norme émise par l’Agence américaine de protection de l’environnement, l’EPA, concerne les particules fines, un polluant répandu et causant des problèmes sanitaires comme l’asthme, des affections cardiovasculaires et d’autres.
Selon la nouvelle norme, les niveaux de PM 2,5 (les particules de 2,5 micromètres et moins) ne pourront pas excéder un niveau annuel moyen de 9 microgrammes par mètre cube d’air. Un niveau inférieur aux 12 microgrammes actuellement autorisés — une réglementation déjà plus stricte que celle de l’Union européenne, où le niveau de 25 microgrammes est accepté, avec l’objectif de passer à 10 d’ici 2030.
Cette mesure représente « un pas en avant majeur pour mieux protéger les travailleurs, les familles, et la population des effets dangereux et coûteux provoqués par la pollution des particules fines », a déclaré le chef de l’EPA, Michael Regan, lors d’une conférence téléphonique avec la presse.
Les véhicules thermiques, les cheminées industrielles et les feux de forêt sont les sources les plus communes de particules fines.
L’EPA estime que la mesure pourrait empêcher jusqu’à 4.500 décès prématurés.
L’agence estime en outre que cela pourrait éviter jusqu’à 290.000 journées de travail perdues et générer jusqu’à 46 milliards de dollars de bénéfices nets en matière de santé en 2032, première année lors de laquelle les Etats américains devront respecter ces nouvelles normes.
« Reconnaissants »
L’annonce a été saluée par les associations environnementales et de santé.
« La recherche scientifique sur ce type de pollution est tellement solide… », a déclaré Abigail Dillen, présidente de l’ONG spécialisée dans le droit de l’environnement Earthjustice, citant le rôle des particules fines dans des « décès prématurés provoqués par des crises cardiaques », ou encore dans « l’asthme pédiatrique et adulte », et « bien d’autres maladies ».
« Nous ne pourrions pas être plus reconnaissants », pour cette mesure, a-t-elle ajouté.
Les groupes qui représentent l’industrie ont de leur côté affirmé que la nouvelle norme menacerait la production manufacturière aux Etats-Unis, et la question promet d’être un nouveau motif de bataille dans certains Etats clés en amont de la présidentielle de novembre.
« Les normes vont entraver la relocalisation (aux Etats-Unis), entraînant le maintien de la production manufacturière à l’étranger, qui est moins (favorable à l’environnement) que la production manufacturière aux Etats-Unis », avait lancé la National Association of Manufacturers il y a un an, quand cette nouvelle norme avait été évoquée.
Source importante de pollution de l’air, l’industrie papetière — représentée par l’American Forest & Paper Association — s’oppose également à la décision.
Mais l’EPA conteste les accusations de ces associations, estimant que 99% des comtés américains seront en conformité d’ici 2032, en raison d’une tendance à la baisse en matière de pollution de l’air grâce à d’autres mesures.
L’agence ajoute que les Etats américains pourraient obtenir des dérogations pour circonstances exceptionnelles en cas de feux de forêt. Une catastrophe naturelle dont la fréquence devrait augmenter avec le dérèglement climatique.
© AFP
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