En montagne, les températures diminuent avec l’altitude. Le réchauffement climatique entraine la migration de la flore et de la faune en altitude afin d’y trouver un climat plus clément. Le phénomène est connu et documenté, mais une étude récente, publiée dans la revue Nature, apporte un nouvel éclairage à ces deux phénomènes. Leurs travaux mettent en lumière la vulnérabilité des espèces des sommets à la rapidité des changements de température. En effet, selon les chercheurs, la vitesse de migration des espèces est plus lente. Le CNRS, dont un scientifique a pris part à ces travaux conduits par une équipe taiwanaise, écrit : « plus la vitesse de migration verticale des isothermes est élevée, supérieure à 5 m/an, et plus les chances sont faibles pour les espèces d’ajuster leurs répartitions en altitude, suggérant un retard de migration. » La migration vers le haut de certains isothermes de montagne peut atteindre les 8 mètres par an. Dans l’hémisphère nord, l’isotherme augmente de 6,29 mètres par an au niveau des sommets continentaux et de 7,46 m/an pour les sommets insulaires.
Un isotherme vertical est la limite, qui dépend de l’altitude, entre deux zones aux températures différentes. Le CNRS définit ainsi les isothermes : « lignes reliant les points de l’espace d’égales températures, [qui] remontent en altitude en montagne à mesure que le climat se réchauffe. » La limite entre les glaciers et le reste du massif montagneux constitue l’isotherme le plus visible. Cette limite correspond à l’isotherme 0°C à laquelle l’eau prend une forme solide ou liquide. L’équipe scientifique a, selon le CNRS, réalisé « la première carte mondiale de vitesse de migration verticale des isothermes sur la période 1971-2020 », celle-ci permet « de faire le lien avec la grande migration du vivant vers les sommets. ».
Ces données aident à mieux comprendre la manière dont les aires de répartition des espèces évoluent et pourquoi certaines peinent à migrer : elles sont trop lentes à aller plus haut pour trouver des températures adaptées à leurs besoins. Les montagnes occupent un quart des terres émergées du globe. Le CNRS note cependant que « la migration des isothermes en altitude ne dépend pas uniquement de la rapidité du réchauffement global mais aussi du gradient thermique vertical en montagne. » C’est pourquoi, la situation varie d’une région à l’autre. Les zones montagneuses sont un des milieux les plus exposés aux changements climatiques. La migration verticale des isothermes affecte non seulement les espèces mais aussi le milieu même. Elle se traduit notamment par la disparition des glaciers et des neiges d’altitudes qui jouent un rôle majeur au niveau mondial dans l’accès à l’eau douce.
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Pour aller plus loin
Plus les isothermes migrent rapidement vers les sommets, plus les espèces sont à la traîne sur le site du CNRS Écologie & Environnement
L’étude (en anglais) sur le site de Nature Climate velocities and species tracking in global mountain regions
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2 commentaires
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Balendard
Dans l’autre sens lorsque l’on s’enfonce dans le sol la température des nappes d’eau augmente sensiblement de
3°C par 100 m de profondeur
Voir la page 12 de
Solar Water Economy
https://www.infoenergie.eu/riv+ener/1l'eau.pdf
Raphael
Comment cet impact se différencie-t’il selon les espèces végétales et animales ?