Sûreté nucléaire: Pierre-Marie Abadie proposé pour diriger et organiser la nouvelle autorité

surete nucleaire directeur général de l'ANDRA Pierre-Marie Abadie

Le directeur général de l'ANDRA Pierre-Marie Abadie à Bure, dans la Meuse, le 16 avril 2018 © AFP/Archives FRANCOIS NASCIMBENI

Paris (AFP) – Familier des sujets énergétiques, Pierre-Marie Abadie est proposé par le gouvernement pour prendre la tête de la future autorité de sûreté nucléaire dont il aura d’abord la tâche délicate d’organiser au terme d’une réforme âprement contestée.

Le président de la République Emmanuel Macron envisage de nommer Pierre-Marie Abadie, sur proposition du Premier ministre, a annoncé l’Elysée lundi.

Actuel directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra), M. Abadie prendrait d’abord la tête de l’actuelle Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et serait aussi chargé d’une mission de préfiguration de la future Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), autorité unique qui remplacera l’ASN et dont il prendrait la tête à compter de sa création le 1er janvier 2025.

La présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat ont été saisis de ce projet de nomination, les commissions intéressées des deux chambres devant se prononcer, a indiqué la présidence de la République.

M. Abadie, s’il était nommé, remplacerait à la présidence de l’ASN Bernard Doroszczuk, dont le mandat, non renouvelable, s’achève le 12 novembre.

Incompréhension »

D’ici là, il aura pour tâche de conduire les travaux de préparation de la future ASNR, issue de la fusion contestée entre l’ASN, gendarme des centrales nucléaires, et l’IRSN, l’institut expert du secteur, tous deux nés au début des années 2000 des leçons de l’accident de Tchernobyl.

Pour cette mission, il sera « placé auprès de M. Doroszczuk », a assuré l’ASN lundi.

La création en janvier 2025 de l’ASNR, décidée à l’Elysée, a été approuvée au Parlement début avril, après plus d’un an de contestations, de la part des syndicats mais aussi d’experts et associations. La loi, qui vise à « fluidifier » les décisions pour relancer le nucléaire, a été promulguée le 22 mai.

Alors que la réorganisation reste à définir via un futur règlement intérieur, l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE CGC de l’IRSN réclamait la « nomination rapide » d’un « préfigurateur », suffisamment « neutre » pour « arbitrer les désaccords existant sur plusieurs sujets entre l’IRSN et l’ASN ».

Le règlement intérieur devra notamment fixer « les modalités de distinction » entre les agents chargés d’expertiser les dossiers et ceux chargés de prendre la décision finale, indique la loi, une distinction jugée essentielle à la sûreté par les experts du sujet.

« Lors des travaux législatifs sur le rapprochement de l’ASN et de l’IRSN, je m’étais engagé à ce qu’un préfigurateur soit rapidement nommé. Suite à la promulgation de la loi la semaine passée, c’est maintenant chose faite avec la désignation de Pierre-Marie Abadie », a déclaré lundi le ministre de l’Industrie, Roland Lescure.

A la tête de l’Andra depuis octobre 2014, M. Abadie y a notamment eu pour mission de porter Cigeo, projet d’enfouissement profond des déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français.

Ce projet, contesté, fait l’objet de tests et recherche dans un laboratoire souterrain à Bure dans la Meuse. Sa demande formelle d’autorisation de création a été déposée en janvier 2023 auprès de l’ASN, qui doit conduire sur plusieurs années une longue phase d’instruction.

François Jeffroy, représentant CFDT, a exprimé lundi, pour l’intersyndicale de l’IRSN, son « incompréhension » devant cet apparent « conflit d’intérêt ».

En revanche il est « positif qu’un +préfigurateur+ ait pu être nommé qui ne soit pas issu de l’ASN et qui n’ait pas été jusqu’ici partie à cette réforme. On espère qu’il va permettre qu’on se mette au travail, dans un climat d’écoute », a-t-il ajouté.

Ingénieur général des Mines, M. Abadie avait été précédemment pendant sept ans directeur de l’énergie à la direction générale de l’Energie et du Climat (DGEC) du ministère de l’Ecologie.

Sa carrière l’a également conduit au ministère de la Défense, où il a été conseiller pour les affaires industrielles, et à la direction générale du Trésor.

© AFP

À lire aussi

Le journaliste Thomas Blosseville, auteur du Nucléaire (presque) facile ! : « on peut légitimement se demander si le nucléaire est une solution pour le monde tel qu’il sera dans les prochaines décennies »

Sûreté nucléaire : l’Assemblée approuve d’un cheveu la fusion de l’ASN et de l’IRSN

A 500 mètres sous terre pour préparer l’éventuel enfouissement des déchets radioactifs dans l’est de la France

Ecrire un commentaire