Les filets maillants dérivants, employés notamment dans la pêche à l’espadon et au thon rouge, sont interdits depuis 2002 en Europe. Mais certains pays, dont la France, l’Italie, la Turquie et le Maroc les employaient encore entre 2005 et 2010. L’ONG Oceana (organisation non gouvernementale), à l’aide de preuves, comme des photos et des documents techniques, a porté l’affaire devant la Commission Européenne et devant l’organisme en charge de la gestion de la pêche aux thonidés : l’ICCAT. L’effet a été dissuasif. Les pays incriminés ont renoncé à employer ce type de filets, mais n’ont pas encore renoncé à pêcher le thon rouge.[1] Utiliser les moyens légaux pour faire face aux activités illégales des pêcheurs et les contraindre à se conformer aux lois fait partie des missions d’Oceana.
La population de thons rouges a diminué de 90% en 50 ans, une convention de contrôle de cette espèce existe pourtant depuis 1969 : l’ICCAT pour Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique. Son rôle surveiller l’état des stocks de 30 espèces marines différentes et gérer les stocks en fixant notamment des quotas par pays. Oceana accède aux réunions grâce à son statut de membre observateur.
Oceana agit en amont avec des activités de lobbying en prenant part aux instances qui organisent la gestion des pêches. « S’il faut un lobby pour les océans, c’est avant tout pour que les décideurs politiques et les administration écoutent et respectent les recommandations scientifiques en matière de préservation des espèces et de pêche », clame María José Cornax. Agée de 31 ans et océanographe de formation, elle est la coordinatrice des politique de pêche à Oceana. « En agissant sur le thon rouge auprès de l’Union européenne, à l’ICCAT et à la CITES, nous sommes proches des instances où l’avenir de l’espèce se décide. Nous rencontrons les délégués des pays, dans les où nous tenons des rencontres formelles et informelles puisque nous logeons souvent aux mêmes hôtels. Ils sont alors disposés à nous écouter Nous leur donnons une autre vision que celle des intérêts économiques à court terme ». Prisé pour les sushis, le prix d’un thon rouge peut atteindre plusieurs dizaines de milliers de dollars. Grâce au travail de sensibilisant des associations, le thon rouge est devenu une espèce emblématique de la surpêche. Il mobilise l’attention du public et en conséquence les décideurs.
Oceana travaille au niveau européen. « C’est là que 80% de la législation se décide, il faut intervenir en amont. Agir comme lobby permet d’agir sur les réglementations au moment où elles s’élaborent, cela évite que de mauvais choix soient faits. Ensuite, il est souvent trop tard pour revenir dessus, surtout quand les secteurs concernés sont des géants économiques comme le pétrole ou la pêche », affirme Nicolas Fournier, chargé d’affaires européennes au sein d’Oceana. C’est malheureusement une logique de lobby de l’argent contre celui des citoyens. Et face à ces intérêts économiques puissants, il faut donc que les ecolos fassent aussi pressions pour faire entendre leurs voix pour défendre des politiques à long terme qui soit à même de protéger les océans»,
Par Julien Leprovost
Ce texte est extrait du livre de la Fondation GoodPlanet : « L’Homme et la mer ».
[1] http://oceana.org/en/eu/media-reports/press-releases/oceana-welcomes-new-steps-against-mediterranean-driftnets
3 commentaires
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nicol
Bravo pour votre action. Je vous soutiens entierement.
Continuez!
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