Paris (AFP) – En Ile-de-France, la campagne de surveillance renforcée du moustique-tigre bat son plein, à quelques semaines de l’ouverture des Jeux olympiques, un événement qui, en favorisant le brassage de populations, pourrait contribuer à une recrudescence de maladies comme la dengue.
Aux abords du Stade de France (Seine-Saint-Denis), où se dérouleront différentes épreuves olympiques comme celles d’athlétisme, l’une des disciplines reines, Kevin Meignan vient faire le relevé d’un piège pondoir installé il y a quelques semaines dans une allée bordée d’herbe.
Ce seau – potentiel site de ponte – contient de l’eau et un carré de polystyrène, qui sera le support de la ponte. Il est recouvert d’une grille métallique pour éviter que le polystyrène ne s’échappe hors du piège.
« L’objectif est de surveiller la présence du moustique-tigre », explique à l’AFP le responsable de lutte anti-vectorielle pour l’Agence régionale de démoustication (ARD), opérateur de l’Agence régionale de santé (ARS) en Ile-de-France.
Depuis le 1er mai et jusqu’au 30 novembre, principale période d’activité de ce moustique vecteur de maladies, les autorités sanitaires vont en effet scruter la présence de l’Aedes albopictus – son nom scientifique-, multiplier les messages de sensibilisation et déclencher d’éventuelles opérations de démoustication.
« Dans ce laps de temps, on viendra tous les mois relever le polystyrène contenu dans le piège pour l’étudier en laboratoire afin de savoir s’il y a des œufs de moustique-tigre et, s’il y en a, combien », poursuit Kevin Meignan.
Eviter les larves
En relevant le piège, il déverse un produit biologique dans l’eau « pour éviter tout développement potentiel de larves ».
Arrivé dans l’Hexagone en 2004, le moustique-tigre s’est progressivement implanté sur une grande partie du territoire métropolitain. Au 1er janvier, il était présent dans 78 départements sur 96.
Potentiellement vecteur de virus tels que la dengue, le chikungunya et le Zika, il est notamment installé dans l’ensemble de la région Ile-de-France.
Mi-avril, les autorités sanitaires ont alerté sur une situation inédite: un record de cas importés de dengue – près de 1.700 – recensés en France métropolitaine depuis début 2024. Depuis, le record atteint sur toute l’année 2023 (2.019) a été battu.
Ces cas importés concernent des personnes ayant voyagé dans les régions du monde où circule ce virus de manière endémique: les Antilles françaises et plus largement cette année l’Amérique latine et les Caraïbes.
Comme « le nombre significatif de cas importés pourrait entraîner la mise en place dans l’Hexagone de chaînes de transmission autochtones », le directeur général de la Santé Grégory Emery a appelé à la plus grande vigilance.
Un « cas autochtone » signifie que la personne n’a pas voyagé dans des zones où le virus circule largement mais a été piquée par un moustique s’étant infecté au contact d’un voyageur contaminé.
Plus de 500 pièges
Les messages de prévention seront « d’autant plus importants que dans les toutes prochaines semaines la France accueillera » les Jeux olympiques et paralympiques, lors desquels « beaucoup de voyageurs vont venir sur le territoire métropolitain », a rappelé le directeur général de la Santé.
En prévision, le dispositif de surveillance est, cette année, « renforcé », assure l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France.
Des informations de sensibilisation et de prévention à destination des voyageurs au départ ou à l’arrivée de zones d’endémie seront notamment diffusées dans les aéroports.
Plus de 500 pièges pondoirs seront positionnés dans toute la région. « Cette année, on a privilégié des lieux de grands rassemblements », souligne Cécile Somarriba, directrice de la veille et de la sécurité sanitaire à l’ARS.
Ces pièges seront déployés autour du Stade de France, du village olympique, ou encore de certaines « fan zones ».
« Ces dernières années, la population de moustiques-tigres a complètement explosé, partout en Ile-de-France. Donc forcément, le risque sanitaire augmente », prévient Kevin Meignan.
L’ARS incite aussi les particuliers à supprimer les eaux stagnantes, gîtes potentiels de reproduction, à l’intérieur et autour de leurs habitations.
« Il y a des gestes simples qui permettent de réduire l’implantation du moustique-tigre », assure Cécile Somarriba, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un « enjeu majeur » pour la région Ile-de-France.
© AFP
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