Le retard de la France sur les déplacements à vélo nuit au climat et à la santé

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Un cycliste, Place de la Concorde, 8th arrondissement, Paris, France (48°51’ N, 2°21’ E). © Yann Arthus-Bertrand

Une étude scientifique publiée début 2024 dans la revue médicale The Lancet évalue les bénéfices pour la santé et le climat de la mobilité à vélo en France. Ses auteurs écrivent que « même dans un pays avec une faible culture du vélo, sa pratique génère déjà d’importants bénéfices en termes de santé publique. Développer davantage les mobilités actives pourrait augmenter les bénéfices sanitaires tout en contribuant aux objectifs d’atténuation du changement climatique. » Aujourd’hui, un adulte français âgé de plus de 20 ans fait 7 fois moins de vélo qu’un Néerlandais de plus de 75 ans. Le premier parcourt à peine 2 km par semaine à vélo, tandis que le second effectue en moyenne 13,7 km.

La pratique du vélo est moindre en France comparée à d’autres pays européens comme les Pays-Bas ou le Danemark. Mais, elle se révèle déjà bénéfique pour la santé. Les chercheurs ont pu estimer que celle-ci permettait d’éviter 1900 décès prématurés par an en France. De plus, cette pratique, même restreinte, contribue à la prévention de 6000 cas de maladies chroniques comme les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2, le cancer du sein, le cancer de la prostate et la démence. Ces pathologies chroniques trouvent en partie leurs origines dans les modes de vie. Philippe Quirion, directeur de recherche CNRS au Centre international de recherche sur l’environnement et le développement explique : « on pourrait faire beaucoup plus en matière de mobilité à vélo avec un effet plus impactant pour la santé. » Il a pris part à l’étude publiée dans The Lancet.

« Dans cet article, nous étudions uniquement l’impact de l’activité physique. Il y a des choses que nous n’étudions pas comme la réduction de la pollution de l’air et du bruit par le remplacement des trajets en voiture par des trajets à vélo. Ce qui améliore la santé de tout le monde, pas seulement de celles et ceux qui se déplacent à bicyclette », précise le chercheur Philippe Quirion,

1 kilomètre à vélo = 1 euro économisé en dépenses de santé

Améliorer la santé contribue à la qualité de vie tout en économisant les frais de prise en charge des maladies. En 2019, la pratique du vélo en France a évité 4,8 milliards d’euros de frais médicaux. Le CNRS résume ainsi les économies réalisées : « rapportés au nombre de kilomètres parcourus à vélo l’année de l’enquête (4,6 milliards de kilomètres), cela a permis d’estimer que chaque kilomètre parcouru à vélo évite environ 1 euro de coûts sociaux de santé. »

Les scientifiques rapportent que pédaler 100 minutes par semaine (soit un peu moins de 2 heures) « permet de réduire la mortalité toutes causes confondues de 10 % chez les adultes. ».

Bon pour la santé, bon pour le climat

Alors qu’Il ressort de ces travaux qu’augmenter les déplacements à vélo prévient certains problèmes de santé, cela peut aussi contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Même si la France accueille le Tour de France et, en cette année 2024, les Jeux Olympiques, le vélo ne se limite pas qu’à une activité purement sportive. Il peut en effet se substituer à la voiture pour les trajets courts. En France, 60 % des trajets en voiture font moins de 5 km, une distance qui prend 15 à 20 minutes à vélo. Réussir à ce qu’un quart de ces petits trajets se fasse en pédalant permettrait de réduire de 257 000 tonnes chaque année tout en améliorant la qualité de l’air. Toujours selon le CNRS, « ce report, somme toute modeste, permettrait de prévenir 1 800 décès de plus et d’éviter 2,6 milliards d’euros supplémentaires de coûts sociaux de santé. »

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Les données qui ont servi à conduire l’étude datent de 2019, avant la période Covid-19 qui a contribué à un essor sans précédent de la mobilité à vélo en France. « Les résultats seraient plus importants aujourd’hui. On sait grâce aux compteurs automatiques que la pratique du vélo s’est beaucoup développé depuis 2019. », explique le scientifique. Il ajoute aussi à propos du vieillissement de la population et de la pratique du vélo : « il est difficile de commencer le vélo âgé, mais il n’est pas difficile de continuer la pratique si on a commencé jeune et a fortiori avec le développement des vélos à assistance électrique. Ce dernier s’avère clairement un allié pour la santé bien que son bénéfice sanitaire soit inférieur au vélo mécanique. Son avantage est de permettre à plus de monde de rouler ou de faire des trajets sur de plus longues distances ou avec du relief. »

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Philippe Quirion préconise de « construire des infrastructures cyclables sécurisés en termes de circulation et de stationnement pour favoriser l’usage du vélo. Le bénéfice pour l’ensemble de la collectivité est notable. L’OMS met en avant depuis longtemps les bienfaits de la mobilité active en préconisant notamment 30 minutes d’activité physique par jour. L’impact sur la santé se montre énorme. L’espèce humaine n’est pas faite pour rester enfermée chez elle ou derrière un bureau. Pour cette raison, les modes de vie sédentaires, peu actifs, ont un impact désastreux sur notre corps. Il faut revenir là-dessus. Il ne sert à rien de dire aux gens de faire du sport, ils arrêteront au bout de 2 semaines. Mais, si cette activité a lieu dans le cadre de la vie de tous les jours, comme un déplacement qui de toute façon sera effectuée, ce n’est alors pas perçu comme une perte de temps. Ils peuvent donc le faire sur la durée sans voir cette activité comme un effort. »

 Julien Leprovost

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Pour aller plus loin

Le vélo, un potentiel inexploité pour améliorer la santé | CNRS Sciences humaines & sociales sur le site du CNRSµ

Le vélo, un potentiel inexploité pour améliorer la santé (et le climat) sur The Conversation

L’étude The untapped health and climate potential of cycling in France: a national assessment from individual travel data   (en anglais) sur le site de The Lancet – Régional Health – Europ

La Plateforme Investir pour le vélo Les coûts (villes-cyclables.org)

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Un commentaire

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    • François

    Bonjour,
    Comparer les Pays-Bas et la France en termes d’usage du véloce peut pas se résumer à des chiffres bruts. On doit expliquer ces grandes différences par les densités de populations, 110 ha/km2 en France contre 506 dans les Pays-Bas, et par le relief, les Pays-Bas étant formé par une grande plaine et la France comportant beaucoup de reliefs. Ce qui n’amoindrit pas les bénéfices du vélo.