Bassines : la préfecture de la Vienne interdit la manifestation d’opposants

Bassines interdiction manifestation

Des personnes arrivent au "Village de l'eau", avant un week-end de manifestations contre les bassines, le 16 juillet 2024 à Saint-Martin-lès-Melle, dans les Deux-Sèvres © AFP ROMAIN PERROCHEAU

Bordeaux (AFP) – La préfecture de la Vienne a interdit « toute manifestation » vendredi sur la commune de Saint-Sauvant et ses alentours, où les opposants aux « bassines », des réserves d’irrigation contestées, ont prévu de se rassembler.

Des milliers de personnes sont attendues jusqu’à dimanche au « Village de l’eau », rassemblement organisé à Melle dans le département voisin des Deux-Sèvres.

Dans ce cadre, deux manifestations sont prévues vendredi à Saint-Sauvant (Vienne) sur le site d’une future « bassine » et samedi devant le terminal agro-industriel du port de La Rochelle (Charente-Maritime), à l’appel notamment du mouvement des Soulèvements de la Terre et du collectif Bassines non merci (BNM).

« Les dernières manifestations non déclarées de ces mêmes organisateurs ont donné lieu à des débordements violents, avec des atteintes aux biens et aux personnes, et plus particulièrement des atteintes inacceptables aux forces de l’ordre », a justifié mardi dans un communiqué la préfecture de la Vienne.

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En mars 2023, une manifestation organisée sur le chantier d’une retenue contestée à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) avait donné lieu à de violents affrontements entre militants radicaux et forces de l’ordre.

La « coordination anti-bassines (…) annonce une grande marche pour obtenir un moratoire et n’a pour intention de s’en prendre ni à des agriculteurs, ni à leurs fermes. Elle demande au préfet d’arrêter d’attiser les peurs et les tensions », ont réagi les Soulèvements de la Terre.

La préfecture des Deux-Sèvres a de son côté interdit « tout rassemblement non déclaré » sur son territoire. Le « Village de l’eau », lui, a été déclaré par la commune de Melle qui l’accueille et a seule compétence pour l’interdire.

Les préfectures des Deux-Sèvres, de la Vienne et de la Charente-Maritime ont parallèlement déploré que les « représentants des organisations (…) n’aient pas répondu » aux invitations qu’elles avaient lancées pour des réunions sur les manifestations à venir.

 « Dispositifs répressifs »

Ces préfectures « se refusent à tout dialogue avec les opposant·es en dehors d’une mise en scène visant à justifier des dispositifs répressifs », a rétorqué BNM, promettant des échanges « avec les services de la préfecture compétents dans les prochains jours ».

De son côté, la Coordination rurale (CR), majoritaire dans la Vienne, a appelé à l’auto-défense des agriculteurs et annoncé une contre-manifestation « pacifique et déterminée », « aux côtés des forces de l’ordre ».

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Initialement annoncé à Melle, ce « rassemblement » devrait finalement avoir lieu « non loin de Melle », sur des exploitations agricoles, a déclaré à l’AFP une porte-parole de la CR.

« On est là pour montrer notre soutien à l’agriculture française et protéger les exploitations sur place », a-t-elle dit. « Mais on ne veut absolument pas se confronter aux forces de l’ordre, on ne veut absolument pas avoir de confrontation directe avec les manifestants. »

Interrogée mardi par l’AFP, la préfecture des Deux-Sèvres a répondu qu' »aucune déclaration » n’avait été déposée par le syndicat agricole « dans le délai légal de trois jours francs » avant la manifestation.

« En tout état de cause », l’arrêté préfectoral interdisant les rassemblements non déclarés dans le département de vendredi à dimanche « s’applique à tous les organisateurs envisageant un rassemblement revendicatif », a-t-elle conclu.

Plus de 3.000 policiers et gendarmes, cinq hélicoptères et une dizaines de drones ont été mobilisées pour ces nouveaux rassemblements dans le Poitou, lors desquels les autorités affirment craindre des « actes d’une grande violence ».

© AFP

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