À compter de ce 1er août, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut générer en une année. Ce « jour du dépassement » illustre l’immense pression que les humains infligent continuellement à la planète. Calculée tous les ans par l’ONG Global Footprint Network, la date de ce jour symbolique signifie qu’environ 1,75 Terre serait nécessaire pour couvrir le mode de vie actuel de l’humanité. En d’autres termes, lors des 5 prochains mois, les ressources naturelles consommées par l’activité humaine ne pourront être régénérées par la planète bleue, créant des tensions qui s’accumulent année après année. « Bien que cela puisse sembler contre-intuitif, actuellement il est possible de consommer plus que ce que la nature régénère, dans la mesure où nous pouvons par exemple couper les arbres plus rapidement qu’ils ne repoussent, surexploiter les stocks existants de poissons, etc. De cette manière, comme en comptabilité financière, on peut dépenser plus que ce que l’on gagne », explique Mathis Wackernagel, président et co-fondateur de l’ONG Global Footprint Network.
[A lire aussi : Le créateur de l’empreinte écologique Mathis Wackernagel pour le jour du dépassement : « les dommages causés à la planète continuent de s’aggraver »]
Un déficit écologique qui s’alourdit année après année
En 1970, le jour du dépassement avait eu lieu le 29 décembre puis la date a progressivement avancé au fil des années, à l’image d’une société de plus en plus consommatrice en ressources. Cette année, le jour du dépassement survient 1 jour plus tôt qu’en 2023. L’usage excessif d’énergies fossiles, l’agriculture intensive, la surpêche, la croissance démographique et le déclin des puits de carbone représentent des sources de tensions de plus en plus importantes pour la planète.
L’empreinte écologique reflète de fortes inégalités
Le calcul du jour du dépassement résulte d’une addition des pressions exercées par 200 pays à travers le monde mais la responsabilité de chacun d’entre eux se révèle très inégale. En effet, certains pays comme le Qatar ou les Emirats Arabes Unis ont une empreinte écologique extrêmement élevée, essentiellement due à leur production de pétrole. Si chaque pays avait le même mode de consommation que le Qatar, le jour du dépassement aurait lieu le 11 février et 7 planètes Terre seraient nécessaires pour couvrir les besoins en ressources. À l’inverse, le Maroc, la Moldavie ou le Kirghizistan consomment chaque année quasi-uniquement ce que la Terre est capable de régénérer annuellement. La France est quant à elle bien loin de cela puisque 2,9 Terres seraient nécessaires pour couvrir les besoins de l’humanité si chaque individu consommait comme un Français. Le jour du dépassement mondial serait ainsi le 7 mai, soit presque 3 mois plus tôt que la date actuelle.
« Le jour du dépassement nous rappelle notre responsabilité collective à faire évoluer nos modes de vie et de consommation vers davantage de sobriété. »
Tous les ans, la date du jour du dépassement est partagée par les médias et des associations telles que WWF, dans l’objectif de sensibiliser la population aux ressources planétaires. Le président de l’ADEME (Agence de la transition écologique) Sylvain Waserman estime par ailleurs que « chaque année, le jour du dépassement nous rappelle notre responsabilité collective à faire évoluer nos modes de vie et de consommation vers davantage de sobriété. ». Cependant, cet indicateur reste parfois critiqué pour les angles morts qu’il comporte ainsi que pour son imprécision qui conduit probablement à sous-estimer l’impact des activités humaines sur la planète. Mathis Wackernagel de l’ONG Global Footprint Network explique : « nous avons fait le choix philosophique d’utiliser les données des Nations Unies. Elles ne sont peut-être pas parfaites et sous-estiment probablement la situation mais cela n’enlève rien à la pertinence de cette estimation qui permet de questionner les enjeux liés à la sécurité des ressources ».
La mesure de l’empreinte écologique et le calcul du jour du dépassement appellent à prendre, à terme, davantage de mesures politiques pour préserver les écosystèmes et limiter l’impact des individus sur ces derniers. À l’échelle individuelle, réduire le gaspillage, privilégier les biens de seconde main, raisonner sa consommation de viande et privilégier la mobilité douce sont autant de solutions qui permettent de réduire sa propre empreinte écologique.
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Pour aller plus loin :
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3 commentaires
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delagnes
Combien de temps encore la grande masse acceptera de se soumettre ?
Combien de temps Pour tout ce qui vit encore sur la planète ?
A votre avis, sincèrement ?
Est il possible que les beaucoup plus nombreux ne soient pas les beaucoup plus forts, si la conscience se réveille.?
Je suis sur qu’il n’est pas trop tard, pas encore, pas déja…
delagnes
Les champignons sont plus forts que le macadam
Jean-Pierre Bardinet
« L’empreinte écologique » a autant de mérite scientifique que l’astrologie, la phrénologie et les théories de la Terre plate, et il est temps de la traiter comme une théorie pseudo-scientifique et mensongère.
https://climatetverite.net/2024/08/05/le-jour-du-depassement-une-theorie-mensongere/