Crainte d’un « mégaséisme » au Japon : les autorités appellent à éviter les stocks de produits de consommation

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L'entrée d'un supermarché où des affiches indiquent des ruptures de stock pour certains produits et des restrictions de vente pour l'eau, le 10 août 2024 dans le district de Sumida, à Tokyo © AFP Philip FONG

Tokyo (AFP) – Les autorités japonaises ont exhorté la population à ne pas stocker ou « faire des réserves excessives » de biens de consommation, alors que l’inquiétude suscitée par la survenue d’un éventuel « mégaséisme » a provoqué une hausse de la demande.

« Préparez une réserve pour trois jours (de préférence une semaine) par personne », a conseillé le ministère de l’Agriculture et de la Pêche dans un message publié vendredi sur le réseau social X, en demandant aussi à la population d' »éviter de faire des réserves excessives » de biens de consommation de première nécessité.

Samedi, dans un supermarché de Tokyo, une pancarte a été apposée pour s’excuser auprès des clients de la pénurie de certains produits, attribuée aux « informations des médias sur le tremblement de terre ».

« De potentielles restrictions de vente sont en cours », indiquait le panneau, ajoutant que l’eau en bouteille était déjà rationnée en raison de l' »instabilité » de l’approvisionnement.

« La probabilité que survienne un nouveau tremblement de terre puissant est plus élevée qu’en temps normal, mais cela n’indique pas qu’un séisme se produira avec certitude », avait indiqué l’agence météorologique japonaise (JMA) en émettant jeudi un avertissement, après une secousse de magnitude 7,1 qui a fait 14 blessés dans le sud du pays.

Samedi matin, sur le site web du géant japonais du commerce électronique Rakuten, figuraient parmi les articles les plus recherchés des toilettes portables, des conserves et de l’eau en bouteille.

« Je suis très inquiète », a confié à l’AFP Kokoro Takeuchi, qui travaille dans un bar à Tokyo, en affirmant avoir commandé de l’eau en bouteille en ligne après la secousse de jeudi.

« Le bar dans lequel je travaille est situé en sous-sol et si un séisme se produit brusquement il y a de fortes chances que nous ne puissions pas nous échapper », a expliqué la jeune femme. « J’ai donc essayé de trouver la meilleure façon de m’en sortir ».

« Je suis inquiet bien sûr, mais trop y penser ne mènera nulle part. Si cela arrive, eh bien cela arrivera », a de son côté déclaré à l’AFP Mika Nakagawa, une employée de 34 ans.

Certains détaillants situés le long de la côte Pacifique ont également fait état d’une forte demande pour des produits similaires liés à la possible catastrophe, selon des médias locaux.

L’avertissement de la JMA concerne la « zone de subduction » de la fosse de Nankai, située entre deux plaques tectoniques de l’océan Pacifique, où de puissants tremblements de terre, de magnitude huit ou neuf, se sont produits dans le passé, tous les siècles ou deux.

 Faible risque

Le gouvernement estime que le prochain séisme majeur se produira au cours des 30 prochaines années avec une probabilité d’environ 70 pour cent.

Une secousse de magnitude 5,3 a secoué vendredi la région de Kanagawa, près de Tokyo, déclenchant des alarmes d’urgence sur les téléphones portables et suspendant brièvement la circulation des trains à grande vitesse.

La plupart des sismologues pensent néanmoins que la secousse de vendredi n’avait aucun lien direct avec le mégaséisme éventuel du bassin de Nankai.

Sur le réseau social X, des messages exploitant les craintes suscitées par le possible mégaséisme se sont multipliés.

Selon la chaîne publique NHK, des messages déguisés en conseils utiles étaient publiés toutes les quelques secondes sur X, avec des liens dirigeant les utilisateurs vers des sites pornographiques ou de commerce électronique.

De telles publications « rendent de plus en plus difficile pour les utilisateurs d’accéder à des informations authentiques sur les séismes », a regretté la NHK.

Au carrefour de plusieurs plaques tectoniques le long de la « ceinture de feu » du Pacifique, le Japon est l’un des pays où l’activité sismique est la plus importante au monde.

L’archipel, où habitent quelque 125 millions de personnes, connaît environ 1.500 secousses par an, de faible magnitude pour la plupart.

Le 1er janvier, une secousse d’une magnitude de 7,6 et de puissantes répliques ont frappé la péninsule de Noto, sur la côte de la mer du Japon, tuant au moins 318 personnes.

© AFP

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