Le défenseur des baleines Paul Watson maintenu en détention au Groenland

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Paul Watson lors d'une conférence de presse le 10 décembre 2015 à Paris en marge de la COP21 © AFP/Archives Miguel MEDINA

Nuuk (AFP) – La justice groenlandaise a décidé jeudi du maintien en détention du militant écologiste américano-canadien Paul Watson, dont le Japon demande l’extradition dans une affaire liée à son combat pour la défense des baleines.

« Le tribunal du Groenland a décidé aujourd’hui que Paul Watson sera maintenu en détention jusqu’au 5 septembre 2024 afin de garantir sa présence au moment de la décision d’extradition », dont la date n’a pas été rendue publique, a annoncé la police dans un communiqué.

Le Japon a demandé son extradition le 31 juillet auprès du ministère danois de la Justice. Dans un mail envoyé à l’AFP jeudi, le ministre Peter Hummelgaard a assuré que « l’examen » de celle-ci était « actuellement en cours ».

La défense du militant de 73 ans, qui demandait sa remise en liberté, estimait disproportionné son maintien en détention, plus de trois semaines après son arrestation le 21 juillet à Nuuk, la capitale du territoire autonome danois. Elle a fait appel de la décision de la cour.

A la sortie du tribunal de Nuuk, juste avant de monter dans une camionnette de la police, Paul Watson a lancé à l’AFP que son maintien en détention augmentait la pression sur le Japon pour mettre un terme à « ses activités illégales de chasse à la baleine ».

« Scandaleux »

Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson, qui vivait en France depuis plus d’un an, a été appréhendé sur son navire, le John Paul DeJoria, après avoir accosté.

Le bateau venait se ravitailler en carburant en vue « d’intercepter » le nouveau navire-usine baleinier du Japon dans le Pacifique Nord, selon la Fondation du capitaine Paul Watson (CPWF).

L’arrestation s’est faite sur la base d’une notice rouge d’Interpol émise en 2012, lorsque le Japon l’a accusé d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.

Pour les conseils de Paul Watson, le mandat d’arrêt repose sur des données fallacieuses, ce qu’ils voulaient démontrer pendant l’audience en présentant des extraits vidéos des événements.

« La cour a refusé de regarder les preuves vidéo de la série Whales Wars (qui suivait les activités de Sea Shepherd) qui montrent que les Japonais ont fabriqué des preuves, car ça ne les intéresse pas », a déploré auprès de l’AFP la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.

« A la fin de l’audience, Paul a dit que ses deux petits garçons avaient plus besoin de lui que le Japon n’a besoin de sa vengeance », a-t-elle expliqué.

Le militant s’est exprimé en anglais mais n’a pas eu le droit à un interprète, a relevé Mme Essemlali. « On trouve ça absolument scandaleux. Ce n’est pas du tout normal, on ne comprenait rien », a-t-elle dit.

En 2010, un Néo-Zélandais, Peter Bethune, avait déjà été condamné dans cette affaire à deux ans de prison avec sursis.

Comme ce dernier, Paul Watson est accusé d’avoir blessé au visage un marin japonais en jetant une boule puante – de l’acide butyrique – pour entraver le travail des baleiniers

Pour l’avocate de M. Watson, Julie Stage, le matériel vidéo prouve que « le membre d’équipage qui, selon les autorités japonaises, a été blessé, n’était même pas présent lorsque la boule puante a été lancée » à bord.

En 2010, lors du procès de M. Bethune, ces extraits n’avaient pas été pris en compte par la justice nippone.

Le marin ne peut avoir été blessé qu’à cause du spray utilisé en direction des activistes par l’équipage, qui au moment du lancement de la boule puante avait quitté le pont, argue la défense.

« Présomption de culpabilité »

« Ces vidéos montrent que le Japon invente des faits pour obtenir l’extradition et la condamnation » de Paul Watson, a souligné Mme Stage, dénonçant un nouveau gage de la faillibilité du système judiciaire nippon.

Cette affaire « est une question de vengeance de la part du système juridique japonais et des autorités japonaises », a estimé un autre avocat de M. Watson, François Zimeray.

Ce spécialiste des droits humains affirme qu’au « Japon, il existe une présomption de culpabilité ». « Les procureurs sont fiers d’annoncer qu’ils ont un taux de condamnation de 99,6% », a-t-il déploré.

© AFP

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4 commentaires

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    • LINDIEN

    C’est une honte de garder Paul waston derrière les barreaux pour un homme qui se bat depuis des années pour sauver les baleines. Cet homme doit être libéré sans discussions, ceux qui devraient êtres condamnés ce sont les destructeurs et non les défenseur, heureusement que Paul existe et mène ces actions. L’homme détruit tout ce qui l’entoure c’est le pire prédateur de la planète qui lui devrait se remettre en question.
     » PAUL DOIT ÊTRE REMIS EN LIBERTÉ DE SUITE ET SANS DISCUTIONS  »

    • Matthias Heilweck

    Le John Paul De Joria a-t-il pu continuer sa route pour « intercepter » ce nouveau navire-usine baleinier ? Ce serait dommage de ne pas profiter de cette mise en lumière médiatique afin de mettre le Japon au pied du mur.

    • Quidamus

    Je ne comprends toujours pas pourquoi le Japon n’a toujours pas été condamné pour génocide (celui des baleines) et pour dictature juridique (présomption de culpabilité ?!!!) ? C’est pourtant infiniment plus grave que le jet d’une boule puante.

    Attention les touristes, si vous venez au Japon n’emportez pas de boules puantes issues de « Farces et Attrapes » vous risquez de finir en prison direct pour présomption de culpabilité.

    • Lafo nt

    Avec Paul Witson
    proteger les baleines

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