Au Népal, le « cauchemar » des habitants des bidonvilles submergés

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Un homme nettoie la boue devant sa maison, dans une zone touchée par les inondations à Katmandou, le 29 septembre 2024 © AFP PRAKASH MATHEMA

Katmandou (AFP) – Lorsque l’eau a soudainement envahi son bidonville de Katmandou dans la nuit de vendredi à samedi, Indra Prasad Timilsina, 65 ans, et sa femme ont juste eu le temps de sauver ce qu’ils avaient de plus précieux. Leurs trois vaches.

« Tout est parti », se désole ce laitier, les pieds dans l’épaisse boue brunâtre qui s’est infiltrée partout dans sa maison. « Si vous mourrez, plus rien n’a d’importance. Mais si vous survivez, alors là il faut affronter tous les problèmes ».

Les pluies torrentielles et exceptionnelles qui se sont déversées sur l’est et le centre du Népal ont inondé plusieurs quartiers de la capitale et causé des glissements de terrain dévastateurs.

Le dernier bilan, encore provisoire, publié lundi par les autorités fait état d’au moins 200 morts, 127 blessés, 26 disparus et de dégâts considérables, notamment sur tout le réseau routier qui relie Katmandou au reste du petit pays himalayen.

« C’est un cauchemar », commente Indra Prasad Timilsina, qui gagne sa vie en vendant son lait à ses voisins, pour la plupart venus des villages des hautes montagnes dans l’espoir de trouver une vie meilleure dans la capitale.

« Je n’avais jamais connu d’inondations aussi extrêmes de toute ma vie », confie-t-il.

Le débit de la rivière Bagmati, qui traverse le quartier de Tripureshwor, s’est un peu assagi depuis vendredi soir mais il reste violent. C’est là que le laitier a attaché ses trois vaches.

Dans la longue liste de tout ce que la rivière en crue lui a volé, figurent neuf sacs de farines animales qui leur étaient destinées. Alors, même s’il lui reste encore un peu d’argent liquide, il est préoccupé.

« Si je n’arrive pas à les nourrir elles vont mourir », s’inquiète-t-il.

Avec des centaines d’autres familles du quartier, Indra Prasad Timilsina a dû attendre dimanche que le niveau de l’eau baisse pour y retourner.

« Réfugiés sur nos toits »

Ils ont découvert de la boue brune qui recouvre les sols de leurs maisons et une bonne partie de ce qui se trouvait encore à l’intérieur.

Plutôt que de préparer le plus grand festival hindou de Dashain, prévu la semaine prochaine, la plupart écopent l’eau trouble avec des seaux. D’autres lavent à grande eau leurs vêtements ou sèchent les quelques graines ou lentilles encore utilisables.

Professeur d’informatique dans une école du quartier, Shyam Bihari Mishra a eu la mauvaise surprise de retrouver ses 25 ordinateurs noyés dans la vase. « Ils sont inutilisables », maugrée-t-il, « nos élèves vont être privés d’éducation ».

Les moussons de juin à septembre provoquent chaque année des morts et des destructions dans toute l’Asie du Sud. Mais le nombre des inondations et des glissements de terrain meurtriers a augmenté ces dernières années.

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Les scientifiques affirment que le changement climatique a aggravé la fréquence et l’intensité de ces phénomènes météorologiques.

« Cet impact est encore aggravé par le drainage insuffisant dans les quartiers nés de l’urbanisation sauvage, les constructions dans les zones inondables et le manque de retenues d’eau », note le Centre international pour le développement intégré en montagne (Icimod).

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Les quelque 29.000 habitants des bidonvilles de Katmandou en savent quelque chose.

« Rien que cette année, nous avons dû nous réfugier sur nos toits plusieurs fois », rappelle Bishnu Maya Shrestha, 62 ans, dont quinze passés dans le quartier de Tripureshwor.

« Mais nous ne nous attendions pas à ce que l’eau monte aussi haut », ajoute-t-il, « cette fois, elle a submergé toutes les maisons ». Lui et sa famille n’ont eu la vie sauve qu’en découpant le toit de leur maison pour échapper à la crue…

© AFP

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