Plus de ticket de caisse systématique: peu à peu, les clients s’y font

Ticket supermarché

La fin de l'impression systématique des tickets de caisse en août 2023 avait provoqué quelques remous, mais la mesure prise au nom de l'écologie entre désormais dans les habitudes des consommateurs © AFP/Archives DENIS CHARLET

Montgeron (France) (AFP) – « Comme le client choisit, il n’y a pas de problème »: la fin de l’impression systématique des tickets de caisse en août 2023 avait provoqué quelques remous, mais la mesure prise au nom de l’écologie entre désormais dans les habitudes des consommateurs.

Midi a sonné. Aux caisses automatiques du magasin Super U de Montgeron, en Essonne, des étudiants sortis du lycée tout proche scannent sandwiches, boissons ou barquette de sushis. « Vous avez vu? Aucun ne prend de ticket », observe le propriétaire du magasin, Antoine Bresson.

L’enseigne Coopérative U (ex Système U) avait anticipé le mouvement, en mettant fin dès avril 2021 à l’impression systématique du ticket de caisse, où figure le détail des emplettes de ses clients.

Mesure peu complexe et peu coûteuse à mettre en œuvre — le budget papier d’un supermarché est de l’ordre de quelques milliers d’euros par an —, elle est aussi plutôt bénéfique pour l’image des distributeurs.

Résultat: deux ans plus tard, aux caisses du 4e distributeur alimentaire français (derrière E.Leclerc, Carrefour et Intermarché), seul un client sur deux choisit aujourd’hui d’imprimer un ticket papier.

« On propose toujours aux clients d’imprimer le ticket, en précisant qu’avec la carte fidélité ils peuvent aussi les recevoir » ou les retrouver dans l’application du distributeur, explique Fahima, hôtesse de caisse depuis 9 ans dans le magasin essonnien, qui emploie environ 70 personnes.

Elle constate que les plus âgés sont plus attachés que les jeunes générations aux tickets imprimés.

« Historiquement, le magasin vend pas mal de produits non-alimentaires, vêtements, bazar, auquel cas les clients vont davantage demander le ticket pour des questions de garanties ou d’échange », précise son patron Antoine Bresson.

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« Outil de gestion du budget »

Au niveau national, 28% des Français déclarent refuser « plus qu’avant » l’impression du ticket de caisse, selon un sondage OpinionWay réalisé à la demande de la fédération technique de la grande distribution Perifem.

C’est encore assez peu, mais « c’est en forte progression, de six points par rapport à l’année précédente », note le délégué général de Perifem, Franck Charton. « Et on voit qu’au travers de la carte fidélité, via des envois par courriel ou par SMS, les Français se mettent à la dématérialisation ».

En outre, les inquiétudes soulevées au moment de l’entrée en vigueur de la mesure ont été globalement apaisées: l’impression est toujours possible et la dématérialisation peut même éviter aux étourdis d’égarer le bout de papier faisant garantie.

C’était la loi « anti-gaspillage et économie circulaire », votée en 2020, qui prévoyait la fin du ticket systématique pour réduire la production de déchets, en l’occurrence, l’impression de quelque 12,5 milliards de tickets de caisse édités chaque année en France — près de 400 par seconde, selon le ministère de l’Economie — et souvent jetés aussitôt par les consommateurs.

Mais l’entrée en vigueur de cette mesure avait été repoussée à deux reprises, de janvier à août 2023, pour cause de valse des prix dans les magasins.

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Plusieurs associations de consommateurs, dont l’UFC-Que Choisir et Familles rurales, avaient rappelé que ce ticket était « un outil de gestion du budget familial » pour de nombreux ménages, qui permet de « vérifier l’exactitude du montant de la transaction ».

Dans certains cas, un ticket reste imprimé systématiquement: au restaurant ou à l’hôtel; quand la garantie doit être rappelée sur le ticket (pour de l’électroménager ou de la téléphonie par exemple); pour les opérations annulées ou encore quand le ticket concerne une prestation de services (coiffeur, garagiste…) d’un montant supérieur à 25 euros.

© AFP

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2 commentaires

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    • Henri DIDELLE

    CELA DONNE BONNE CONSCIENCE, UN POINT C’EST TOUT…
    Tous les 2 mois je vais chez mon coiffeur et , en bon citoyen, je refuse mon ticket de caisse de 5 x 8 cm. Dans le même temps, je suis abonné au journal local qui représente chaque jour 2m² de papier soit 120m² pour 2 mois. Le rapport de surface entre les deux est d’environ 30 000… je vous laisse conclure !
    Pour le reste, mon ticket de caisse au supermarché pourrait m’être utile dans beaucoup de situations (vérification de ma note, garantie, échange, facture…). Je sais que la carte fidélité du magasin permet de retrouver toutes ces données. Mais on me dit aussi que toutes les opérations numériques coûtent de l’énergie et imprimer une facture chez soi coûtent souvent plus cher que le ticket de caisse. Croyant bien faire, très souvent chez soi, on fait bien pire que d’accepter un ticket et pour moi cette pratique n’est qu’un un leurre.
    Lors de l’une de ses conférences j’ai posé la question à Cédric Villani qui m’a dit que j’avais raison. Il a dit aussi que la révolution numérique est un fait indiscutable mais que la révolution écologique n’a toujours pas commencé et ça n’est pas la formule  »ticket de caisse » qui va débloquer la situation.

    • Matthias Heilweck

    C’est une loi « coup d’épée dans l’eau ». Aucune incidence sur la consommation globale de papier. Rien que celui utilisé pour en parler en annule les bénéfices.