Villes inondées en Seine-et-Marne et Eure-et-Loir après la dépression Kirk

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Une habitante de Pommeuse, en Seine-et-Marne, traverse une route inondée après le passage de la dépression Kirk, le 10 octobre 2024 © AFP Dimitar DILKOFF

Bonneval (France) (AFP) – Rues inondées, écoles fermées, logements sinistrés: plusieurs dizaines de personnes ont été évacuées jeudi en Eure-et-Loir et en Seine-et-Marne, départements placés en vigilance rouge crues après les pluies intenses dues au passage de la dépression Kirk.

Cette vigilance rouge, synonyme de « risque de crue majeure » avec « menace directe » pour la sécurité des personnes et des biens, devait se poursuivre vendredi.

En Eure-et-Loir, sur le Loir amont placé en vigilance rouge, « des débordements importants sont en cours dans les secteurs de Bonneval et de Saint-Maur-sur-le-Loir », avait averti en début d’après-midi le site gouvernemental spécialisé Vigicrues.

Dans la soirée, plusieurs rues de Bonneval, surnommée la Venise de la Beauce, étaient totalement inondées et impraticables à la circulation, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« On a un niveau des eaux qui est monté très, très fort puisqu’on a dépassé la crue de 1961 et on est arrivé à 10-12 cm de la crue de 1881, qui était la crue de référence à Bonneval », explique le maire, Eric Jubert, surpris par l’ampleur des inondations.

Il estime toutefois que le pire est passé car la décrue s’est amorcée dans la soirée, « on a déjà perdu quelques centimètres. »

Une soixantaine de personnes au total ont dû être évacuées, selon M. Jubert, dont une vingtaine étaient hébergées dans la salle des fêtes de la commune de 5.000 habitants, où des lits de camps ont été installés tandis que des agents municipaux distribuent de la nourriture.

 « On est dépassés »

« Il n’y avait pas d’autre solution, on ne pouvait pas rester », lâche Emilien Alibert, 30 ans, évacué avec sa femme et ses trois enfants. Il raconte que l’eau est montée « très vite », inondant le rez-de-chaussée de sa maison « jusqu’à à peu près la moitié ».

« On a eu de l’eau jusqu’à la taille et on a tout perdu », se désole sa mère, Carole Mauduit, 56 ans, qui habite avec lui. »Il faudrait qu’on ait du soutien et de l’aide, parce qu’on est dépassés », dit la sinistrée.

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La tempête a nécessité 3.700 interventions des sapeurs pompiers, a indiqué dans la journée le Premier ministre Michel Barnier, assurant que l’Etat sera présent « dans la gestion post-crise » de ces événements « très graves ».

En Seine-et-Marne, placée en vigilance rouge crues dès mercredi après-midi, le Grand Morin, affluent de la Marne, est sorti de son lit, submergeant par endroits champs, commerces et routes, et inondant le stade, une usine et des maisons sur la commune de Pommeuse.

Assis sur une chaise en plastique posée directement dans l’eau brunâtre, Stéphane Quin dit attendre que « l’eau s’arrête de monter ». « J’ai 40 cm d’eau dans la cuisine », explique ce menuisier de 53 ans.

« On sait qu’on est en zone inondable, mais c’est rare que le Grand Morin vienne jusque-là, et c’est quand même la quatrième inondation cette année », déplore-t-il.

A Crécy-la-Chapelle, au sud de Meaux (Seine-et-Marne), « la ville est sous l’eau » qui est montée « extrêmement rapidement » à partir de 16H00, a déclaré à l’AFP le premier adjoint au maire, Fabrice Laborde.

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« On prend la crue de Coulommiers. Dans le centre-ville l’eau arrive aux genoux » et « les trois accès à la ville sont coupés », a précisé l’élu de cette ville de 4.800 habitants traversée par le Grand Morin. Au moins une cinquantaine de personnes en difficulté, fragiles ou seules, ont été évacuées, selon lui.

Mission d’inspection

Si la dépression Kirk a provoqué le décès d’un plaisancier en Méditerranée, aucun blessé n’était recensé jeudi en Seine-et-Marne ou en Eure-et-Loir.

La pluie a cessé sur ces départements mais l’épisode devait se poursuivre plus à l’est, et il est « probable que l’eau recommence un peu à monter », a prévenu la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, lors d’une visite à Coulommiers (Seine-et-Marne), une ville à moitié inondée par « une crue hors norme », selon la mairie.

Ailleurs sur le territoire, les fortes précipitations depuis mercredi ont pu atteindre 120 à 130 mm dans les Alpes-Maritimes, aggravées par des rafales de vent jusqu’à plus de 110 km/h, perturbant le fonctionnement d’écoles, ainsi que le trafic routier et ferroviaire.

En région parisienne, les précipitations ont provoqué près de 500 interventions, essentiellement dans des caves et sous-sol inondés, et certaines dans des sites prestigieux comme l’Assemblée nationale ou le musée des Armées aux Invalides.

Le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité Enedis a pour sa part indiqué qu’il restait jeudi à 18H00 encore 20.000 clients privés de courant, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques (7.400) et le Doubs (3.300).

Jeudi, la ministre Agnès Pannier-Runacher a indiqué qu' »après le temps de l’urgence », il y aurait « le temps de la réparation » et qu’une mission d’inspection serait lancée « pour faire un retour d’expérience ».

Au terme du mois de septembre le plus pluvieux depuis 25 ans, les cumuls moyens annuels de précipitations ont déjà été dépassés un peu partout en France métropolitaine.

© AFP

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