Paris (AFP) – La célèbre primatologue britannique Jane Goodall a demandé à la COP16 biodiversité de prendre des décisions qui « seront suivies d’actions », rappelant que « le temps presse » pour sauver la planète, dans un entretien accordé vendredi à l’AFP.
« J’espère que non seulement des décisions seront prises pour protéger la biodiversité (…) mais qu’elles seront suivies d’actions car le temps des paroles et des fausses promesses est dépassé si nous voulons sauver la planète », a pressé la scientifique.
L’infatigable ambassadrice des chimpanzés parcourt toujours la planète à l’âge de 90 ans pour défendre ces grands singes qu’elle était venue étudier en Tanzanie il y a plus de 60 ans. Messagère de la paix pour l’ONU depuis 2002, elle dénonce sans relâche les atteintes à la biodiversité.
Alors que la COP16 biodiversité qui réunit les représentants de quelque 200 pays s’ouvre lundi à Cali, en Colombie, Jane Goodall tient à rappeler qu’il reste peu de temps pour agir et inverser la tendance.
« Une évaluation scientifique récente (…) nous donne un délai de cinq ans au cours desquels nous pouvons encore agir. Nous devons en tenir compte », a insisté la primatologue.
Jane Goodall a aussi souligné l’importance d’appréhender de façon plus globale les enjeux de protection de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique.
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« Le problème, c’est que tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont interconnectés. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des groupes de personnes qui travaillent sur chacun de ces problèmes. Malheureusement, beaucoup d’entre eux travaillent dans leur coin. Il se peut qu’ils résolvent un problème. Mais s’ils ne pensent pas de manière globale, ils risquent d’en créer un autre ».
Populations autochtones
« Heureusement, nous commençons à écouter les voix des populations indigènes. Nous commençons à apprendre d’eux certaines des façons dont ils ont vécu en harmonie avec l’environnement », se réjouit la scientifique.
Un des enjeux de la COP16 est d’ailleurs de faire entendre la voix des peuples autochtones. De plus en plus représentés dans les COP biodiversité, ils sont souvent les plus déçus par les décisions finales.
Jane Goodall rappelle aussi l’importance de la lutte contre la pauvreté, qui selon elle va de pair avec la protection de l’environnement.
« Nous devons réduire la pauvreté, car les personnes très pauvres détruisent l’environnement pour survivre », a-t-elle argué.
De passage à Paris pour donner une conférence samedi à l’Unesco, la Britannique qui ne se déplace jamais sans son singe en peluche, Mr. H, est venue avec un message: « Réalisez que vous pouvez faire la différence chaque jour ».
« Chaque individu est important. Chacun a un rôle à jouer. Chacun d’entre nous a un impact sur la planète chaque jour. Et nous pouvons choisir le type d’impact que nous avons », a déclaré la fervente défenseuse de l’environnement, qui prône l’importance de garder espoir pour sauver la planète.
« Ce n’est pas seulement l’affaire des gouvernements et des grandes entreprises. C’est à chacun d’entre nous de changer sa vie », a-t-elle insisté.
Paul Watson
Engagée pour la protection de tous les animaux, Jane Goodall a également appelé le président français à agir en faveur de l’opposant à la chasse à la baleine, Paul Watson.
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« J’espère sincèrement que le président Macron accordera l’asile à Paul Watson », a-t-elle déclaré. « C’est un homme courageux. Il s’est battu contre une industrie incroyablement cruelle. Paul Watson a toute mon admiration », a insisté Jane Goodall.
Sous le coup d’une demande d’extradition du Japon, Paul Watson est détenu depuis trois mois au Groenland, territoire danois autonome. Cet Américano-Canadien de 73 ans a demandé mercredi l’asile politique à la France dans une lettre envoyée à Emmanuel Macron.
Pour l’heure, la position de la France à ce sujet n’est « pas tranchée », avait déclaré jeudi la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.
© AFP
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