Copenhague (AFP) – La justice groenlandaise se prononce mercredi pour la cinquième fois depuis mi-août sur le maintien en détention du militant écologiste Paul Watson, dans l’attente de la décision du gouvernement danois sur la demande d’extradition du Japon liée à son combat pour les baleines.
« Le ministère public a demandé une prolongation de la période de détention » provisoire, a écrit à l’AFP la procureure en charge du dossier, Mariam Khalil.
Le militant américano-canadien de 73 ans, qui a récemment demandé la nationalité française, a été arrêté le 21 juillet à Nuuk, capitale du Groenland, territoire autonome danois. Il était en route avec son navire le John Paul DeJoria pour intercepter un nouveau navire-usine baleinier nippon.
C’est dans une autre affaire relative à la chasse à la baleine, remontant à 2010, que le Japon demande son extradition.
Les conseils de M. Watson s’attendent mercredi à ce que le tribunal aille à nouveau dans le sens du parquet et à un maintien en détention, faute d’une décision rapide du Danemark, à qui revient le dernier mot sur la demande d’extradition japonaise.
« Nous ne nous attendons pas à ce que la cour du Groenland change de direction », a expliqué l’une des avocates de Paul Watson, Julie Stage, qui, avec ses collègues, a fait appel des précédentes décisions de détention provisoire devant la Cour suprême du Danemark.
« Au fur et à mesure que le temps passe, le sentiment d’injustice prend de plus en plus d’ampleur », a pour sa part relevé Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France.
« Dans dix jours, cela fera quatre mois qu’il a été emprisonné, ce qui correspond à la durée maximale de sa peine, s’il avait été condamné », souligne-t-elle.
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Attente de la décision danoise
Le ministère danois de la Justice, qui a récemment reçu les avis de la police groenlandaise et la direction générale du parquet sur la demande d’extradition, n’a pas indiqué quand il rendrait sa décision.
« Le ministère de la Justice examine actuellement la demande d’extradition et les deux recommandations, et c’est sur cette base qu’il prendra une décision dans cette affaire », a-t-il écrit à l’AFP.
S’il venait à refuser l’extradition, « il n’y aurait plus de motif de détention et (Paul Watson) serait libéré dès que possible après que cette décision soit portée à la connaissance de la police groenlandaise », a expliqué la procureure en charge du dossier.
Dans le cas inverse, ses défenseurs feraient appel.
Fondateur de Sea Shepherd et de la fondation en faveur des océans qui porte son nom, Paul Watson est une personnalité connue pour ses actions coups de poing.
Le Japon, qui a relancé une demande émise dès 2012 via une notice rouge d’Interpol, l’accuse d’être co-responsable de dommages et blessures à bord d’un navire baleinier nippon deux ans plus tôt dans le cadre d’une campagne menée par Sea Shepherd.
Dans le détail, le militant est poursuivi pour des blessures qui, selon l’accusation, auraient été infligées le 11 février 2010 à un marin du Shonan Maru 2 par une puissante boule puante contenant de l’acide butyrique, et pour l’abordage du même navire quatre jours plus tard.
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Mi-septembre, ses avocats ont saisi le Rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, dénonçant notamment le risque qu’il encourt de « subir (d)es traitements inhumains (…) dans les geôles japonaises ».
Selon eux, ce délit n’est pas passible de prison dans le droit groenlandais, ce que conteste le parquet de Nuuk.
Dans un rare commentaire sur cette affaire, le ministre nippon des Affaires étrangères Takeshi Iwaya a estimé début octobre que la demande d’extradition de son pays relevait de « l’application de la loi » plutôt que de la pêche à la baleine.
Paul Watson espère rentrer en France, où il vivait depuis juillet 2023 et où ses jeunes enfants sont scolarisés.
Ses déboires ont suscité le soutien d’une partie de l’opinion publique et d’autres militants. La primatologue britannique Jane Goodall a ainsi appelé le président français à accorder l’asile à l’Américano-Canadien.
Le Japon est, avec la Norvège et l’Islande, l’un des trois derniers pays au monde à pratiquer la chasse commerciale à la baleine.
© AFP
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