Hanoï (AFP) – Au Vietnam, paradis du deux-roues, Phung Khac Trung zig-zague dans les rues désordonnées de Hanoï en scooter électrique, le mode de transport encouragé par les autorités pour lutter contre les gaz des pots d’échappement qui l’empoisonnent à chaque arrêt.
« Quand je m’arrête aux intersections, ma seule envie est de brûler le feu rouge. L’odeur de l’essence est tellement horrible », explique le jeune chauffeur de moto taxi, âgé de 19 ans.
La qualité de l’air est « insupportable », insiste-t-il.
Les deux-roues, qui représentent 85% du trafic routier selon des données officielles, demeurent le moyen de transport privé le plus utilisé par les Vietnamiens, et de loin, mais la pollution pourrait les contraindre à revoir leurs habitudes.
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Ces dernières années, les autorités ont multiplié les initiatives pour accélérer la transition vers l’électrique, pour dissiper l’épais « smog » lié aux émissions des véhicules thermiques qui enveloppe Hanoï la plus grande partie de l’année.
Le gouvernement espère que d’ici 2030, un quart des 77 millions de motos ou scooters enregistrés dans le pays sera électrique.
Ceux-ci ne représentaient que 9% des ventes en 2023, a noté l’Agence internationale de l’énergie (AIE), bien que la tendance soit à la hausse ces dernières années.
Le Vietnam a enregistré 300.000 nouvelles immatriculations en 2023, soit plus que dans toute l’Europe, a constaté l’AIE. Seules la Chine et l’Inde ont fait mieux l’an dernier.
Il existe une « lueur d’espoir », assure Truong Thi My Thanh, spécialiste des questions liées aux transports.
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Environ 80% des propriétaires de deux-roues électriques sont des étudiants, motivés par les coûts de fonctionnement moins elevés, a-t-elle expliqué. Un deux-roues bon marché coûte environ 500 dollars.
Mais l’experte estime que les incitations des autorités doivent s’accompagner de politiques de réaménagement du territoire, notamment pour améliorer les transports en commun.
Sinon, « les problèmes vont persister », alerte-t-elle.
Il s’agit aussi de changer des mentalités bien ancrées.
Investissements
« La moto à essence est tellement pratique. Il ne me faut que quelques minutes pour faire le plein », contre plusieurs heures pour recharger une batterie, explique Tran Thi Hoa, une vendeuse de fruits de 43 ans.
Des craintes persistent aussi sur la sécurité liées au chargement des batteries à domicile, alors que des incendies récents ont été imputés à des défaillances électriques, provoquées parfois par le non-respect des normes de construction.
Face aux questionnements, le constructeur national de véhicules électriques VinFast a développé près de 150.000 bornes de recharge à travers le pays. De même, une start-up, Selex, s’est spécialisée dans le « battery swapping » (échange de batterie), à une échelle encore réduite.
Les entreprises impliquées dans le secteur visent aussi des clients professionnels.
Vingroup, la société mère de VinFast, possède aussi une entreprise de taxis qui utilise des deux-roues électriques. Selex a signé de son côté des partenariats avec DHL Express et Lazada Logistics, pour la livraison de produits commandés en ligne.
Nguyen Phuoc Huu Nguyen, fondateur de Selex, en appelle à des investissements du gouvernement.
« Nous comprenons tous que les véhicules électriques sont bons pour l’environnement. Mais cela nécessite des investissements », assure-t-il.
Cela peut passer par des aides à l’achat de deux-roues électriques performants, a noté la Banque mondiale, dans un rapport publié en novembre.
L’institution a aussi préconisé une dizaine de milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les infrastructures électriques d’ici 2030, afin de répondre à la croissance attendue de la demande.
Aujourd’hui le Vietnam dépend principalement du charbon et du pétrole, qui couvrent plus de la moitié de ses besoins en électricité, mais le gouvernement s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
© AFP
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