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Eau, énergie: Sainte-Emilie ou la mue d’une sucrerie française

Sucrerie Saint-Emilie

Un ouvrier surveille la pulpe de betterave sur un tapis roulant sur le site de la sucrerie du groupe Cristal-Union à Villers-Faucon, dans la Somme, le 4 novembre 2020 © AFP FRANCOIS NASCIMBENI

Villers-Faucon (France) (AFP) – Produire de l’eau en fabriquant du sucre: dans son usine de Sainte-Émilie, dans la Somme, le groupe Cristal Union accélère sa décarbonation en essorant ses betteraves.

Le précieux tubercule s’amoncelle en énormes tas sur le site, planté au milieu des champs alentour. L’usine tourne sans arrêt, pendant toute la campagne sucrière, de mi-septembre à janvier, les betteraves étant transformées à mesure qu’elles sont récoltées.

Il s’écoule en moyenne huit heures entre le premier rinçage des racines blanches et l’obtention d’un sucre prêt à l’emploi. Une odeur puissante imprègne les lieux, allant, selon les étapes de la fabrication, d’un mélange de terre et de chou fermenté à un arôme de sucre caramélisé.

Depuis 2018, le site de Sainte-Émilie ne puise plus une goutte d’eau dans les nappes phréatiques et constitue même des stocks pour les agriculteurs en été.

« La première production d’une sucrerie, c’est de l’eau, puisqu’une betterave contient entre 75 et 78% d’eau pour en moyenne 18% de sucre et de la pulpe », explique Pascal Hamon, directeur industriel du deuxième groupe sucrier français (marque Daddy).

Infusion de « cossettes »

« Donc, au fil des années, nous avons travaillé pour devenir progressivement autonomes en eau, mais aussi pour réduire notre consommation d’énergie », poursuit-il.

Au cœur de l’usine, où grondent les machines dans une chaleur étouffante, il explique que la clé de cette autonomie réside dans le processus industriel lui-même.

Comment la betterave devient-elle sucre? Le tubercule blanc encore maculé de terre est d’abord rincé, puis découpé en « cossettes » — sortes de frites d’environ 5 cm — qui sont plongées dans un bain d’eau chaude : c’est « l’infusion » qui permet au sucre de migrer dans une eau chauffée à 70°C. Ensuite, le liquide est épaissi pour donner un sirop sucré, avant la dernière phase, celle de « la cristallisation », où le sucre se forme.

A chaque étape, l’eau — sous forme liquide ou de vapeur — est récupérée, traitée et stockée dans d’immenses bassins tout proches de l’usine.

« Ici on traite 1,8 tonne de betteraves par an et on parvient à stocker 700.000 m3 d’eau: une partie est gardée pour redémarrer l’usine à la campagne suivante, une partie est mise à disposition de nos agriculteurs coopérateurs pour leurs cultures », explique Thibaut Vaissière, directeur du site de Sainte-Émilie.

Cinq des huit sucreries de Cristal Union sont déjà autonomes en eau et elles le seront toutes d’ici un an, estime le groupe, qui produit aussi de l’alcool et de l’éthanol.

Avec l’eau, l’énergie est le deuxième axe majeur de travail du groupe coopératif, qui élimine progressivement les combustibles les plus polluants de ses sites. Pour cela, le groupe, qui a fermé deux usines et réorganisé son outil industriel en 2020, s’appuie sur ses bons résultats, portés par les prix élevés du sucre.

Après avoir « réduit sa consommation énergétique de 15% depuis 2010 », la sucrerie de Sainte-Émilie a investi en 2023 dans une nouvelle unité de séchage de ses pulpes de betteraves, essentiellement destinées à l’alimentation du bétail.

La chaleur de la vapeur d’eau émise par la chaudière de la sucrerie, qui se perdait autrefois dans l’atmosphère, est récupérée : elle sert à chauffer l’air dans un immense cylindre de 400 tonnes où les pulpes sont déshydratées.

Produire de l’énergie ?

Surmontant le vacarme du sécheur, Thibaut Vaissière explique: « Avant, on envoyait les pulpes sur un autre site qui fonctionnait au charbon. Aujourd’hui, on sèche 75 tonnes de pulpe par heure, en émettant 40.000 tonnes de CO2 de moins ».

« La première décarbonation c’est l’énergie que nous ne consommons pas », résume le directeur industriel du groupe, estimant que Cristal Union a pris « une longueur d’avance » sur ses concurrents en engageant « il y a plus de 20 ans un travail de maîtrise de sa consommation d’eau et d’énergie ».

Le sécheur innovant de Sainte-Émilie a vocation à être installé sur d’autres sites du groupe, qui réfléchit à la prochaine étape pour parvenir à la neutralité carbone en 2050.

« Nous produisons déjà de l’eau, nous pourrions demain produire de l’énergie », souligne Pascal Hamon.

Cristal Union a ainsi lancé l’expérimentation de panneaux solaires flottants sur ses bassins de stockage d’eau à Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret) et envisage « de brûler de la pulpe pour en faire (sa) source d’énergie principale, en lieu et place du gaz naturel » des actuelles chaudières.

Le premier groupe sucrier français, Tereos, qui a réduit de « 28% sa consommation d’eau dans ses sucreries » entre 2019 et 2023, a, lui, annoncé en mars dernier des investissements massifs pour décarboner ses activités, notamment basés sur l’électrification des procédés de production.

© AFP

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Un commentaire

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    • dany voltz

    De beau progrès, on ne peut que féliciter.
    MAIS…. ceci n’est qu’une petite partie de la chaîne du sucre, la partie la plus édulcorée.
    Commençons par la fin du cycle : diabète, obésité, …. Mortalité,
    précédé par coût faramineux de soins liées à la surconsommation de sucre…
    Juste avant ça, les actionnaires sucriers (et revendeurs en tout ,genre, e.a. supermarchés) qui se font des matelas de fric à ne plus en finir, …
    Et avant la fabrication du sucre, des tonnes de pesticides tant réclamés par les producteurs qui travaillent en monoculture sur des milliers d’ha, ne produisant rien qui puisse nourrir la population, car le sucre n’est pas une nourriture mais un édulcorant qui permet à la population de se consoler par des douceurs qui tuent à petits feux mais qui font vivre l’agropharmacobissness ….. mais arrivé à ce stade, les semenciers et les « acteurs » de la chimie se seront aussi eux fait un beau matelas de fric … (on pourra bientôt faire des dortoirs géants avec tout ça).
    Et puis il y a ces agriculteurs (qui ne sont pas des paysans) qui revendique car on les exploite et sont sous-payés parce que la PAC (nos impôts, les impôts du contribuable européen) n’est pas payée en temps et en heure et du coup ne peuvent pas produire la nourriture pour la population (nourriture édulcorée qui ne nourri pas).
    Mon roman qui n’est pas un roman mais qui est réalité de nos vies, devient long et donc je m’arrête maintenant, je pourrai encore faire 50 pages pour décortiquer tout ça….
    Bonne journée à toutes & à tous