Les rendements agricoles du blé et du riz sont réduits d’au moins 10 % en Inde à cause de la pollution de l’air par le dioxyde d’azote (NO2). Ce gaz est rejeté par les centrales à charbon du pays et affecte la productivité des cultures, selon une étude de l’université de Stanford publiée dans la revue PNAS le 5 février. Les scientifiques ont évalué ces pertes à plus de 800 millions de dollars par an.
Le charbon, nocif aux cultures
« Il est rare de trouver une seule chose, en l’occurrence réduire les émissions polluantes du charbon, qui aiderait autant et aussi rapidement l’agriculture », commente David Lobell, un des auteurs de l’étude. Ce directeur du centre d’étude sur la sécurité alimentaire et l’environnement à Stanford rappelle que « la productivité des cultures est très importante pour la sécurité alimentaire et l’économie. Nous savions qu’améliorer la qualité de l’air pouvait aider l’agriculture. Mais, nos travaux sont les premiers à approfondir le sujet pour un secteur spécifique et à mesurer les potentiels bénéfices d’une réduction de la pollution. »
Quand la pollution de l’air menace la sécurité alimentaire
L’inde doit à la fois répondre à l’augmentation de sa population et à la hausse de la demande en énergie. Pays le plus peuplé au monde avec 1,43 milliard d’habitants, 70 % de son électricité est générée par la combustion du charbon. Des études scientifiques précédentes avaient déjà montré les effets de la pollution par le soufre, l’ozone ou les particules fines. Cette nouvelle étude porte sur le dioxyde d’azote (NO2) et ses conséquences sur les rendements pour le riz et le blé. La recherche a ainsi porté sur 144 centrales au charbon dans plusieurs états de l’Inde. Elle montre que la pollution affecte les rendements du blé et du riz dans un rayon de 100 kilomètres autour d’une centrale au charbon. Les cultures sont davantage affectées au moment de leur pousse en septembre et octobre ou en janvier et février. « Dans certaines parties des états du Bengal occidental, du Madhya Pradesh et de l’Uttar Pradesh, très exposées aux émissions de NO2 liées à la combustion du charbon, les pertes annuelles de rendements peuvent excéder les 10 % », écrivent les scientifiques dans PNAS.
Réduire le risque
« L’étude souligne la nécessité de regarder les enjeux environnementaux sous le prisme de systèmes. Les politiques de réduction de la pollution de l’air par les centrales à charbon en Inde risquent de manquer un aspect crucial du problème si elles ne tiennent pas compte des dommages sur l’agriculture de la pollution de l’air », déclare la professeure en ingénierie et énergie à Stanford Inês Azevedo qui est également co-autrice de l’étude. La sous-nutrition touche encore plus de 190 millions de personnes en Inde. Or, même si l’Inde investit massivement dans les énergies renouvelables, le pays continue dans le même temps de construire de nouvelles centrales au charbon, dont aucune sortie n’est envisagée à court terme. Le pays ambitionne la zéro émission nette pour 2070.
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Pour aller plus loin
L’étude (en anglais) Quantifying the impact of air pollution from coal-fired electricity generation on crop productivity in India. (Mesurer l’impact sur la productivité des cultures en Inde de la pollution de l’air provoquée par la production d’électricité à partir de charbon) Proceedings of the National Academy of Sciences
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