Paris (AFP) – Le patron des députés LR Laurent Wauquiez, candidat à la présidence de son parti, a lancé mercredi depuis le Salon de l’agriculture à Paris une nouvelle charge contre l’Office français de la biodiversité (OFB) et conseillé à la ministre Agnès Pannier-Runacher de se rendre « plus sur le terrain (pour) écouter ».
Cherchant à se distinguer de son adversaire à la tête de LR, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, tout en refusant d’évoquer d’autres sujets que l’agriculture, le député de Haute-Loire Laurent Wauquiez a mis en avant sa « force de ne pas être à l’intérieur du gouvernement », situation qui lui permet d’avoir « une parole libre et claire ».
Lors d’un point presse en marge de sa visite au salon, il a dénoncé l’OFB comme un « organisme qui vient contrôler nos agriculteurs avec un pistolet à la ceinture ».
Les agents de l’OFB, cibles d’attaques récentes du monde agricole et politique, sont notamment chargés de faire respecter les règles en matière d’usage des pesticides, d’arrachage de haies ou de respect des arrêtés sécheresse. Une circulaire de décembre impose un « port d’arme discret » à cette police de l’environnement.
« On a affaire à un organisme qui est pour nous sorti de ce qui est sa raison d’être initiale et qui est devenu un organisme militant, idéologique, dans le harcèlement de l’agriculture au lieu de la soutenir et de la protéger », a-t-il affirmé.
Laurent Wauquiez a réagi à de récentes déclarations de la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, dont dépend l’OFB, qui l’avait accusé de « jouer les shérifs » en attaquant cet organisme.
« Cela ferait du bien à certains de nos ministres d’aller plus sur le terrain et d’écouter. Je propose à Mme Pannier-Runacher de faire ça », a-t-il répliqué.
« Quand on n’a pas d’argument de fond, il y a l’argument d’autorité: la déconnexion du terrain! », a réagi la ministre de la Transition écologique.
« Aller voir un psy »
« Les agriculteurs méritent mieux que d’être instrumentalisés par des postures politiques qui ne leur apporteront ni revenus ni solutions » a déclaré Agnès Pannier-Runacher, rappelant avoir « réalisé plusieurs dizaines de visites de terrain aux côtés des agriculteurs durant la seule année 2024 » et « participé à des centaines d’heures de réunion avec eux sur leurs sujets ».
Quant aux agents de l’OFB, « ils font le travail que leur demandent les parlementaires », a répondu la ministre.
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« Rappelons que moins de 1% des exploitations agricoles font l’objet d’un contrôle administratif chaque année, soit un contrôle tous les 120 ans par ferme » et « seuls 0,045% de contrôles problématiques ont été recensés depuis la création de l’OFB », a-t-elle souligné. Avant d’ajouter que « non, les agriculteurs ne demandent pas dans leur très large majorité la suppression de la police de l’eau ».
En fin de journée, M. Wauquiez s’est entretenu avec des cadres de la Coordination rurale, acquis à sa cause puisque le deuxième syndicat agricole a plusieurs fois demandé la suppression de l’OFB.
« On est sur la même longueur d’ondes », a déclaré à l’AFP son secrétaire général Christian Convers. Plus tôt dans l’après-midi, il avait rencontré, comme les autres syndicats, la direction de l’OFB au Salon de l’agriculture.
« C’était un instant de dialogue (…) mais il y a toujours des choses pas entendables. On nous a dit que si on avait un problème avec les armes, il fallait aller voir un psy, c’est pas possible », a-t-il déploré.
La FNSEA, syndicat historique qui a « des échanges réguliers » avec l’OFB et a appelé à un dialogue apaisé sur les contrôles de l’office, n’a pas souhaité commenter sa rencontre avec les dirigeants de l’organisation.
© AFP
Pour aller plus loin:
Yann Arthus-Bertrand avait réagi à un courrier que Laurent Wauquiez avait adressé aux agriculteurs de sa région à propos de l’OFB le 7 février.
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