Contre les pesticides, une grande marche réunit scientifiques, écologistes et victimes à Paris

manifestation pesticides paris

Des participants à la marche "Printemps bruyant" contre les pesticides à Paris, le 5 avril 2025 © AFP Kiran RIDLEY

Paris (AFP) – Contre les pesticides, plus d’un millier de manifestants guidés par des collectifs scientifiques et écologistes ont marché en fanfare samedi à Paris pour dénoncer la destruction du vivant et les maladies provoquées par l’usage agricole massif de ces produits chimiques.

« Les pesticides tuent », « plus de chants dans les champs », « Pesticides, la peste d’ici », proclamaient des pancartes du cortège très coloré et sonore.

Celui-ci a quitté le Muséum national d’histoire naturelle vers 14H45 en direction du ministère de la Santé, deux lieux choisis pour illustrer l’effet nocif de ces produits sur la biodiversité et sur les humains.

Le rassemblement intervient alors que l’Assemblée doit examiner fin mai une loi adoptée au Sénat, sous pression d’une partie du monde agricole. Celle-ci vise à réautoriser par dérogation l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France depuis 2018 en raison de sa toxicité pour les pollinisateurs, comme les autres néonicotinoïdes, mais permis ailleurs en Europe.

[À lire aussi Témoignage : les pesticides ont «bousillé ma vie»]

La cortège, nommé « Printemps bruyant », a été initié par quelques dizaines d’organisations dont les collectifs « Scientifiques en rébellion », « Alerte des Médecins contre les Pesticides » ou encore l’association Agir pour l’Environnement.

D’autres organisations comme la Ligue pour la protection des oiseaux, Greenpeace ou un tout récent collectif « Riverains victimes de pesticides » les ont rejoints.

Isabelle Marchand est venue du Morbihan: « ma fille de 16 ans souffre d’une leucémie lymphoblastique » et « nous sommes riverains d’un champ cultivé en agriculture conventionnelle, qui utilise beaucoup de pesticides pour le blé, le maïs, la pomme de terre ».

« Je suis technicien agricole et j’ai fait analyser les poussières de ma maison, sous contrôle d’huissier: on a retrouvé du lindane et du diuron », des produits interdits, déplore-t-elle.

[À lire aussi Géophyto 2, la carte interactive pour connaître les pesticides employés près de chez vous]

« On perd encore 20 millions d’oiseaux par an à l’échelle de l’Europe et c’est principalement dû aux intrants chimiques », souligne Cédric Marteau, directeur général de la LPO.

Aux agriculteurs, « on leur dit que le modèle est sans issue (…): la profession est en souffrance — taux de suicide, mais aussi perte de revenus — et donc il faut sortir (de ce) schéma très meurtrier pour leur propre santé, pour la santé des concitoyens, mais aussi pour le vivant », argumente-t-il.

Les agriculteurs « ont été enfermés par les firmes productrices de pesticides dans des modèles » qui « mettent à bas toute une chaîne biologique supposée protéger les champs », dénonce encore l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint.

« Non seulement on ne met pas en place les dispositifs pour les soutenir au quotidien » à en sortir, « mais on les soumet toujours et encore plus à une concurrence déloyale à travers des accords de libre-échange » comme celui entre l’UE et le Mercosur, dit-elle.

© AFP

À lire aussi

La souveraineté alimentaire, ce choix politique que la France ne fait pas

Les fourmis protègent mieux les cultures que les pesticides

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Quidamus

    Cela fait 20 ans que l’agro-industrie devrait être interdite au profil de la VRAIE agriculture : l’agroécologie. L’agro-industrie est une aberration, si on est industriel on est plus agriculteur.