A Chichipalga, au nord ouest du Nicaragua, une mystérieuse épidémie touche les hommes de la ville qui travaillent dans l’exploitation locale de canne à sucre, la plus grande du pays.
La surmortalité d’hommes jeunes a commencé au début des années 2000 à Chichipalga. La cause de leur mort est toujours la même : la créatinine, une molécule fabriquée par l’organisme qui en cas d’insuffisance rénale s’accumule dans le corps au point de devenir toxique. Et les victimes sont nombreuses, plus de 80% des hommes enterrés dans le nouveau cimetière sont d’anciens employés de l’entreprise. Car à Chichipalga, 65% des hommes présentent des insuffisances rénales et le taux de mortalité du à ce dysfonctionnement y serait treize fois supérieur à la moyenne nationale, note Le Monde.
En 2008, une étude a été lancée pour comprendre la cause de ces décès. « Au début, on incriminait la consommation d’un alcool local à base de canne à sucre », note Daniel Brooks en charge de l’étude – une étude financée en partie par l’entreprise elle-même. Selon lui, les causes principales de cette épidémie sont à chercher du côté de la déshydratation chronique et des coups de chaleur subis par les ouvriers.
Cependant cette explication ne convient pas à tous car nombreux sont ceux parmi les ouvriers qui affirment s’hydrater correctement lors de leur journée de travail. Pour eux, c’est une contamination aux pesticides qui serait à l’origine de leur mal. Une plainte contre l’entreprise vient d’ailleurs d’être déposée par 800 employés. Et s’ils ne trouveront pas d’arguments en leur faveur dans l’étude de Brooks, ils pourront se tourner vers d’autres cas de contamination à l’étranger.
Car Chichipalga n’est pas la seule victime de cette épidémie. D’autres villes en Amérique centrale et même au Sri Lanka comptent également leurs morts. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a d’ailleurs publiée une étude sur le cas du Sri Lanka et selon elle, « la déshydratation et les coups de chaleur ne peuvent expliquer l’émergence de cette épidémie dans le pays ». En revanche, la présence importante de cadmium dans les urines des personnes malades pourrait être une piste à explorer. Car le cadmium est un métal lourd connu pour ces effets toxiques sur les reins et qui peut provenir d’engrais chimiques. Selon Shanthi Mendis, coordinatrice du département des maladies chroniques à l’OMS, « il s’agit clairement d’une néphropathie toxique, principalement liée à une exposition chronique au cadmium », rapporte Le Monde. Cette épidémie aurait déjà fait plus de 20 000 morts à travers le monde en quinze ans.
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