Les lauréats du second appel à projet pour le développement de l’éolien offshore en France seront connus fin mars, probablement entre les deux tours des municipales. Au Tréport (Seine-Maritime), l’une des communes concernées par l’appel d’offre, le projet fait débat et n’est soutenu ni par le maire sortant Alain Longuent (PCF), aux commandes de la mairie depuis 1998, ni par son unique concurrent Pierre Etienne Le Maréchal (FN).
En cause: une centaine d’éoliennes mesurant 150 m de haut implantées à moins de 15 km des côtes qui devraient, avec le parc éolien de Noirmoutier, avoir une capacité de 1 000 MW. Un projet soutenu par les élus régionaux à majorité socialiste de Seine Maritime mais extrêmement critiqué au niveau local.
« La plus grande menace de ce projet est celle qui pèse sur l’industrie de la pêche », note Gérard Bilon, Président de SOS à l’horizon, l’association tréportaise de défense contre le projet éolien créée en 2008 par Alain Longuent lui-même.
Près de 70 bateaux de pêche sont rattachés au port du Tréport, la plupart mesurent moins de 12m de long. Leur petite taille limite considérablement leur rayon d’action. Or « les éoliennes – une centaine au total – seront implantées en plein cœur de la zone de pêche », note Mr Bilon. « Imaginez vous devoir pêcher en pleine tempête au milieu de ces turbines, l’accident est vite arrivé. Il ne faut pas non plus oublier que la centrale nucléaire de Penly n’est pas loin. Si un cargo plus large, comme il en circule dans la zone, venait à s’échouer sur ces turbines, une marée noire pourrait boucher le système de filtration de la centrale et entraîner une véritable catastrophe ».
Un premier appel d’offre avait déjà eu lieu fin 2011. Il concernait 5 communes du littoral atlantique : Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-mer, Saint Brieuc et Saint Nazaire. Aucune candidature n’avait alors été retenue pour la commune du Tréport.
Deux dossier ont été déposés dans le cadre de ce nouvel appel d’offre : celui d’EDF Energies nouvelles en partenariat avec Alstom et celui de GDF Suez qui s’est rapproché d’Areva. Les deux consortiums promettent des créations importantes d’emplois. Rappelons qu’au Tréport, le taux du chômage s’élève à 23%. Le chiffre de 10 000 avait été avancé par Delphine Bato début 2013. Or pour Gérard Bilon, ces chiffres sont illusoires. « En cas de succès, Areva promet en effet de créer une usine de fabrication de pièces pour les éoliennes. Mais celle-ci sera implantée au Havre, à l’autre bout du département. Les emplois créés, s’il y en a, ne seront pas des emplois locaux ». Cet avis est partagé par le candidat du Front National, Pierre-Etienne Le Maréchal, qui s’inquiète « des couts de maintenance élevés » d’une telle technologie. Selon lui, ces éoliennes sont la mort de la commune. « Il n’y aura pas de créations locales d’emplois et les éoliennes feront fuir les touristes qui viennent visiter nos côtes en saisons estivales » (NB : le tourisme est la seconde source de revenus pour cette petite commune).
L’association SOS Horizon, subventionnée en partie par la commune du Tréport elle même, a déjà prévenu. Si un projet est retenu, elle portera un recours gracieux auprès du Ministre de l’Environnement. Un moyen détourné pour le maire sortant de s’opposer à ce projet de grande envergure.
A l’opposé, pour les régions de Haute Normandie et de Picardie, ce projet présente de nombreuses opportunités, économiques, sociales et environnementales. C’est l’occasion de développer la filière de l’éolien déjà très présente en Picardie avec plus de 1 000 emplois créés grâce aux éoliennes terrestres. C’est l’occasion de réorienter les politiques régionales en matière de formation vers les énergies nouvelles. C’est également l’opportunité de créer des centaines voire des milliers d’emplois au niveau régional, alors que les filières industrielles et portuaires plus traditionnelles sont en perte de vitesse. Une vision régionale qui ne semble donc pas être partagée au niveau local.
Roxanne Crossley
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