Le gouvernement français a attribué mercredi au consortium mené par GDF Suez la totalité du 2e appel d’offres pour l’éolien en mer, faisant ainsi le choix d’une « répartition équitable » entre les grands acteurs de la filière, selon Ségolène Royal, la ministre de l’Écologie et de l’Énergie.
GDF Suez, associé à Neoen Marine et au portugais EDP Renouvelables, avec des éoliennes de 8 mégawatts fournies par Areva, a remporté les projets de construction de deux parcs éoliens d’une capacité totale de 1.000 mégawatts (MW), l’un au large du Tréport (Seine-Maritime), l’autre au large des îles d’Yeu et Noirmoutier (Vendée).
« J’espère que cette décision va engendrer des opportunités pour la filière et ses acteurs sur notre territoire », a ainsi commenté le président du Conseil régional des Pays de la Loire, Jacques Auxiette dans un communiqué. Le président de la région Haute-Normandie, Nicolas Mayer Rossignol, présent lors de l’annonce de l’attribution de l’appel d’offres, s’est également réjoui des opportunités d’emplois induites par ces projets.
Ségolène Royal, qui n’a pas souhaité préciser le coût supporté au final par le consommateur pour la production de cette électricité, a estimé que cette décision allait permettre de créer « une véritable force de frappe française » dans l’éolien offshore.
Le consortium mené par GDF Suez était en concurrence avec un consortium conduit par EDF, associé à l’allemand WPD Offshore et qui devait s’équiper d’éoliennes Alstom de 6 mégawatts.
En prenant cette décision, le gouvernement s’est donc rangé à la recommandation de la Commission de régulation de l’énergie, qui avait, selon des informations de presse, mis en tête le projet du consortium mené par GDF Suez sur les deux parcs.
Gérard Mestrallet, le PDG de GDF Suez, s’est dit « très fier » de remporter l’appel d’offres, précisant que ces deux parcs éoliens permettront d’alimenter 1,6 million de personnes à l’horizon 2027.
Il a ajouté que les projets entraîneraient la création de 6.000 emplois directs et indirects pendant 20 ans dans les ports concernés pour l’entretien et la maintenance des éoliennes, au Havre, Fécamp, et au Tréport et à Rouen pour la recherche et développement.
La production des éoliennes par Areva doit commencer au Havre en 2018 et la construction des parcs démarrer en 2019 avec une première production en 2021, a annoncé le groupe dans un communiqué.
Les deux parcs en jeu doivent être mis en service à l’horizon 2023 et compteront de 62 à 100 éoliennes chacun. Celui du Tréport aura une superficie de 110 km² et une capacité de 480,5 MW et celui au large de la Vendée s’étendra sur 112 km² pour une capacité de 485 MW.
Lors du premier appel d’offres, EDF avait remporté trois (Courseulles dans le Calvados, Fécamp en Seine-Maritime et Saint-Nazaire en Loire-Atlantique) des quatre parcs de 500 MW attribués. Le dernier, celui de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), était revenu à l’espagnol Iberdrola. Ces parcs devraient voir le jour entre 2016 et 2020.
GDF Suez, seul candidat pour le site du Tréport, n’a pas conclu l’achat en raison d’un prix jugé trop élevé. Le parc a donc été remis en jeu cette année.
Ségolène Royal a estimé que l’ensemble de ces projets devait « permettre à la France de remplir ses objectifs en termes d’engagement sur le climat ».
La France vise officiellement 6.000 MW d’éolien offshore d’ici à 2020, soit l’équivalent de quatre gros réacteurs nucléaires, mais cet objectif n’est plus jugé atteignable dans les délais. Les six projets attribués, ou en cours d’attribution, ne représentent en effet que 3.000 MW au total.
La France est en retard par rapport à ses voisins européens. Onze pays se sont déjà lancés, 2.080 turbines ont déjà été installées dans 69 parcs offshores, selon le rapport d’activité 2013 de l’Agence européenne des énergies éoliennes.
Pour l’association France énergie éolienne (FEE), « seuls un rythme et un volume d’installation régulier permettront en effet à la France de s’imposer face à la concurrence des autres marchés », écrit-elle dans un communiqué.
Pour accélérer le développement, les professionnels réclament le raccourcissement des procédures d’attribution des projets. Le vice-président d’Alstom Renewable Power, Jérôme Pécresse, a lancé à la ministre « une supplique pour éviter l’empilement des recours », afin « de commencer à produire ces éoliennes ». Il a été rejoint par le PDG d’Areva Luc Oursel, qui a demandé de « simplifier » ces procédures.
Ségolène Royal s’est engagée à « faire évoluer les modes de soutien aux énergies renouvelables », notamment pour créer « un cadre juridique et financier stable », à travers la future loi sur la transition énergétique. Son texte doit être présenté avant l’été.
Par ailleurs, la ministre a confirmé la prochaine identification de nouvelles zones d’installation de parcs éoliens pour le lancement d’un troisième appel d’offres « d’ici cet été ».
© AFP
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