Lundi 13 novembre, 15000 scientifiques du monde entier ont alerté sur l’état de la planète et préconisé de réguler la démographie humaine. Le démographe Hervé Le Bras réagit en expliquant que la transition démographique a déjà eu lieu dans la plupart des pays et qu’un contrôle de la population peut difficilement s’imaginer.
Dans « L’alerte des scientifiques du monde à l’humanité : un deuxième avis« , 15 000 chercheurs tirent la sonnette d’alarme sur la démographie, est-ce justifié ?
Leur appel se montre pertinent sur les questions écologiques, mais moins sur la démographie. C’est une vielle sonnette d’alarme, trop générale. Bien sur tout le monde souhaite voir l’éducation progresser, réduire le gaspillage et fonctionner le planning familial. Sauf Donald Trump, il a coupé les fonds aux programmes de planning familial. Aujourd’hui, la plupart des grands pays ont achevé leur transition démographique, le Brésil et la Chine sont à 1,7 enfants par femme, l’Inde et l’Indonésie à 2,3. Les problèmes de démographie restent localisés à 2 régions. Une part de l’Afrique comprise entre le Sahel et l’Angola, où les femmes peuvent avoir plus de 6 enfants, et l’Afghanistan et le nord de l’Inde et le nord u Pakistan où la moyenne est à 3,5 enfants par femme. 6 enfants, avec une faible mortalité infantile, conduisent au triplement de la population en une génération. Dans ces zones, la fécondité ne diminue pas vraiment, c’est là qu’il faut intervenir. Ces régions concentreront les ¾ de la croissance démographique mondiale en 2050. Pourtant, des pays comme le Kenya sont parvenus en une génération à diviser par 2 leur fécondité.
Ne s’agit-il pas plutôt une question de richesses, d’inégalités et de modes de vie ?
Absolument, la démographie est certes une question de nombre, mais il faut voir comment le nombre se comporte. Un Nigérien a une empreinte sur la planète 20 à 30 fois moins importante qu’un occidental. Les 15 000 scientifiques ont raison d’alerter sur les problèmes écologiques, mais sur la démographie, ils en disent rien de plus que ce que disait Paul R. Ehrlich dans les années 1960. Aujourd’hui, la généralisation du mode de vie occidental avec le recours aux énergies, la voiture, les biens de consommation, ou encore la consommation de viande pose problème. Selon la FAO, la consommation de viande en Chine a été multipliée par 20 en 3 décennies. Bref, la consommation induite par le développement pèse sur la biosphère. Les principaux coupables des excès de consommation et des émission e CO2 sont les pays développés. Ils sont rejoint par les classes moyennes des pays émergents.
Les scientifiques préconisent de « estimer une taille de population humaine scientifiquement défendable et durable à long terme tout en rassemblant les nations et les dirigeants pour soutenir cet objectif vital », que pensez-vous de cette proposition ?
Proprement ridicule, je les renvoie aux travaux du professeur Joel Cohen de la Rockefeller University qui a listé 70 estimations scientifiques de la population que la Terre peut supporter réalisées au cours des 4 derniers siècles. Elles remontent à la fin du XVIIe siècle. Elles s’échelonnent entre 1 milliard et 50 milliards avec à chaque fois des arguments scientifiques sérieux. Il y a y a 30 ans, l’écologiste Paul R. Ehrlich affirmait un milliard de personnes tandis qu’un responsable du département agronomie d’Harvard envisageait possible une population de 50 milliards d’êtres humains. Cela dépend de tellement de paramètres, à chaque niveau de consommation et mode de vie détermine un optimum mondial.
Est-ce réaliste de vouloir réguler la population ?
Déjà pour une chose simple comme les réfugiés en Europe, les pays ne parviennent pas à s’accorder sur le nombre de réfugiés à accueillir et les conditions. Dès lors, comment vouloir mettre en place des quotas de population ? Il est illusoire d’imaginer des quotas de population, il faudrait un contrôle total des frontières, de la natalité et la mortalité. Cela irait aussi à l’encontre des Droits de l’Homme comme celui de disposer de son corps, de fonder une famille ou même d’émigrer.
Enfin, de manière concrète, si une telle décision était prise, à quels obstacles ferait-elle face ?
Le populationnisme n’est pas la doctrine de tous les États, la population ne constitue pas forcément une marque de puissance contrairement à ce qu’on pourrait croire en France. Ensuite, une telle décision ferait face à des problèmes moraux, une partie de la population n’accepterait pas la contraception, les IVG. Lors d’une conférence au Caire, la question avait été abordée. Il apparaissait que la régulation de la natalité ne passait pas par des moyens techniques mais d’abord par un changement des mentalités. En effet, c’est plutôt les hommes qui veulent des enfants, pas les femmes. Les enquêtes en Afrique montrent que les femmes veulent moins d’enfants que leur partenaire, on a développé le concept de santé maternelle afin de prendre en compte la situation de la femme et pas simplement le désir du chef de famille. Cette notion a été acceptée par l’ensemble des États, ce qui a fait progresser les campagnes de planning familial en les axant sur la maitrise de la contraception et du choix du moment où donner la vie.
Propos recueillir par Julien Leprovost
Pour aller plus loin, à lire aussi sur le Magazine GoodPlanet.inof
– Les limites de la population mondiale par Herrvé Le Bras
– La Bombe Humaine par Anne et Paul Ehrlich
MISE A JOUR et correction 14 novembre 18H
Ajout de la mention « en Chine » à propos de la consommation de viande multipliée par 20 en 30 années
Remplacement de « pays en développement » par « pays émergents » dans la dernière phrase d ela seconde réponse.
6 commentaires
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Denis Garnier
Bravo à ces 15.000 scientifiques d’avoir jeté ce pavé dans la mare. La démographie est de toute évidence en grande partie responsable des désordres environnementaux actuels. En effet, nous n’étions qu’un milliard en 1800, nous sommes sept fois plus aujourd’hui et nous serons probablement onze fois plus à la fin du siècle, du moins si nous ne faisons rien pour enrayer le processus…
Claude Courty
C’est une compassion dévoyée qui fait de la pauvreté la cause de la surpopulation, alors que c’est strictement l’inverse.
J’invite bien humblement M. Le Bras et tous ceux qui pensent comme lui, à visiter attentivement
https://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.fr/
https://pyramidologiesociale.blogspot.fr/
ou à lire : « Précis de pyramidologie sociale ». Version papier & ebook avec option gratuite d’emprunt)
https://www.amazon.fr/Pr%C3%A9cis-Pyramidologie-sociale-pr%C3%A9occupe-peuplent/dp/1549526200/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1508946401&sr=8-1&keywords=Pr%C3%A9cis+de+pyramidologie+sociale
pelerins
La FRANCE n’en finit pas de ses « blablas » avec sa mise en scène larmoyante à la COP 21 ( vrai FLOP pour nous en fait) car en réalité la FRANCE pille la nature (cf en Polynésie les fonds marins vendus aux thoniers pilleurs des mers pour exporter en CHINE et au Japon + le projet de ferme géante sur l’atoll HAO d’un milliardaire chinois enfermant mérous et Napoleon pour l’exportation en CHINE) .
OUI la démographie galopante est la cause principale de la destruction de la planète, c’est évident et ce sujet tabou est évincé des COP qui se succèdent sans succès et ceci est grave.
Nos 7 milliards de pillards épuisent toutes les ressources halieutiques et détruit espaces et espèces sauvages.
Claude Levy Strauss a à juste titre alerté sur le péril le plus grand que représentait la surpopulation humaine, qui créait un déséquilibre avec les autres espèces et espaces sauvages, et qui à terme épuisait toutes les ressources.
Le seul profit à court terme bénéficie à la mafia agro alimentaire, qui multiplie les élevages intensifs cruel et polluants pour nourrir à bas coût la surpopulation mondiale, et qui laisse un désastre à long terme.
Revoir une alimentation sans viande et poissons serait aussi une solution à portée de tous, mais ici commence la vraie révolution évolution qui n’est pas à l’ordre des COP, ni des lobbys qui dictent nos assiettes.
Claude Courty
Invitation à visiter
https://www.populationmedia.org/
pour avoir une idée de la manière dont certains savent traiter aussi originalement qu’efficacement la surpopulation, là où elle en a le plus besoin.
Claude Courty
COP 23 et démographie
Aainsi qu’il en a été lors de ses précédentes éditions, la dimension démographique des questions posées par l’avenir de notre planète continue d’être ignorée. Comme si les atteintes à notre environnement, dont le réchauffement climatique est une manifestation majeure, étaient sans rapport avec ceux qui en sont, au moins partiellement, responsables, n’en déplaise aux climato-sceptiques, étrangement silencieux depuis peu.
Gaz à effet de serre, fonte des glaciers et de la banquise, submersion d’immenses territoires habités et habitables, énergie, pollution de l’air, pollution des eaux, atteinte grave à la biodiversité, développement durable, tout y passe, sauf l’évocation de la croissance ininterrompue de la population, cause première de tous ces maux. Or comment réduire l’émission des gaz à effet de serre si dans le même temps augmente le nombre des consommateurs dont les besoins – vitaux comme accessoires – requièrent les activités industrielles provoquant cette émission ? Les experts foisonnent à être d’accord pour reconnaître qu’il y a loin de leurs recommandations aux comportements auxquels elles devraient conduire, mais ce n’est pas pour autant qu’ils s’inquiètent du fossé qui sépare ces mêmes recommandations et comportements, de la réalité d’une croissance démographique nécessitant une régulation urgente. Pourtant, cette régulation s’impose depuis trop longtemps, comme s’est imposée celle de bien des espèces dont la disparition a été évitée, ou pour le moins retardée, par l’intervention des représentants de l’espèce humaine à son tour menacée. C’est la question fondamentale et toute autre est secondaire, quelle qu’en soit l’importance. Nous n’avons plus le temps de tergiverser en nous contentant de traiter ce qui n’est que la conséquence d’un manque de maîtrise de la population du premier des prédateurs de la planète.
Pas d’avenir pour la Terre et toutes les espèces qui la peuplent, sans le rééquilibrage d’une population qui a atteint et dépassé depuis longtemps un nombre compatible avec les ressources de son habitat et les limites de sa gouvernance. L’extension de la pauvreté, indissociable de celle du nombre ; la multiplication des désordres et des violences partout dans le monde, pour des raisons qui n’ont jamais été aussi variées, et les lamentables flux migratoires qui en résultent en sont les manifestations. Or, pendant que 100 millions d’êtres humains supplémentaires déferlent sur Terre chaque année, les experts continuent pour la plupart de proposer des théories et des mesures d’un conformisme affligeant, en respectant le tabou touchant aux questions de population et a fortiori de surpopulation.
Au point qu’il soit permis de s’interroger sur les raisons qui peuvent conduire la grande majorité des responsables, de tous ordres et de tous rangs, à prétendre traiter de sciences humaines et de la Terre en omettant – voire en refusant – de considérer le problème factuel de population humaine comme le préalable incontournable à toute spéculation d’ordre sociologique, économique et écologique, ainsi que sa solution comme hautement prioritaire.
Si rien n’est fait d’urgence dans le respect de l’éthique et des valeurs humaines – par la dénatalité notamment –, la nature s’en chargera à sa manière et notre descendance aura une raison de plus de maudire ses ancêtres.
Patrick
A en croire l’article de « sciences et Vie » de ce mois, la dénatalité sera pour bientôt car la concentration de spermatozoïdes par ml de sperme et en nette diminution, ce qui posera d’énormes problème de perpétuation de l’espèce humaine.
La nature est bien faite et va s’auto-réguler d’elle même si l’homme n’est pas assez raisonnable pour le faire….