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L’urgence sur les récifs coralliens et Copenhague

L’impact du changement climatique sur les coraux est dévastateur. Leur survie dépend non seulement d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) mais aussi d’une diminution de leur quantité présente dans l’atmosphère. L’économiste Pavan Sukhdev, mandaté par l’Europe pour évaluer le prix de la perte de biodiversité, alerte sur le risque que le maintien d’une grande GES dans l’atmosphère fait peser sur les récifs coralliens.

Il n’y a pas un seul mais deux problèmes majeurs auxquels la société est aujourd’hui confrontée concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES).

L’un est un problème de « flux » : trop de GES sont rejetés dans l’atmosphère du fait des activités humaines. Si ce phénomène n’est pas stoppé, la planète va se réchauffer et les conséquences climatiques vont être désastreuses. L’autre problème, parallèle mais distinct, est un problème de « stock » : le « stock » mondial actuel de dioxyde carbone (CO2) dans l’atmosphère, qui correspond à une concentration de 387 parties par million (ppm), condamne ni plus ni moins les récifs coralliens de la planète.

La disparition de ces derniers a commencé à 320 ppm de CO2, le changement de température entraînant leur blanchissement, et elle est aggravée par la dissolution du CO2 dans l’eau de mer qui provoque l’acidification des océans et entrave le processus de régénération des coraux. La communauté scientifique s’accorde à dire que la concentration de CO2 dans l’atmosphère doit se situer « nettement en dessous de 350 ppm » pour que soit assurée la viabilité à long terme des récifs coralliens.

La réduction du flux d’émissions de GES nous permettra peut-être d’éviter un changement climatique trop dangereux, mais elle n’aura aucun effet sur la disparition imminente des récifs coralliens. Le véritable défi, si l’on décide de s’attaquer au problème du « stock » de CO2, est d’arriver à une réduction significative et permanente de ce gaz dans l’atmosphère. La tâche des dirigeants internationaux, à l’approche de Copenhague, est donc d’aborder le vrai problème qui se pose à l’humanité – celui de sa survie – lorsqu’ils fixeront de nouveaux objectifs en matière de concentrations de GES. S’ils acceptent un niveau de stabilisation à 450 ppm comme point de départ des négociations, ou, à vrai dire, n’importe quel niveau au-dessus de 350 ppm, c’est qu’ils auront décidé de ne pas tenir compte des récifs coralliens. Une décision qui suppose d’accepter les conséquences de la disparition de ces récifs sur les pêcheries des océans et sur les conditions de subsistance d’un demi-milliard d’individus qui dépendent directement des coraux.

La réduction du CO2 est une question de survie. D’ici Copenhague, en décembre 2009, des dispositions précises devront être prises pour traiter le problème du « stock » de GES et donner ainsi une chance aux coraux de s’en sortir. La séquestration accélérée du carbone par les écosystèmes naturels, et particulièrement les forêts tropicales, constitue le moyen le plus sûr de faire suffisamment baisser le carbone atmosphérique d’ici 5 à 10 ans. Les dirigeants du monde entier devraient donc s’attacher à « sceller un pacte » à Copenhague pour financer la séquestration du carbone par les forêts tropicales afin que les récifs coralliens ne soient pas perdus à jamais.

Par Pavan Sukhdev,

Directeur de TEEB

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