La santé constitue l’un des enjeux majeures de la préservation de l’environnement. Le docteur Maria Neira de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) revient sur ce qui a changé dans la prise en compte du lien entre l’environnement et la santé depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992.
Quelle est la relation entre santé et environnement ?
En 20 ans, nous avons accumulé un grand nombre d’études scientifiques qui prouvent de multiples façons le lien entre santé et environnement. L’OMS estime désormais que 25 % de la mortalité est associée à un risque environnemental.
Quel est le principal problème ?
Les dernières études de l’OMS estiment que 1,3 million de personnes meurent chaque année de la pollution de l’air urbain extérieur. La pollution de l’air intérieur entraînerait, quant à elle, la mort prématurée de 2 millions de personnes. Surtout des femmes et des petites filles, plus exposées car elles restent davantage à la maison et s’occupent plus souvent de la cuisine et du chauffage. Ces chiffres sont en hausse depuis 1990. La pollution de l’air est également responsable de la naissance de bébés avec des poids inférieurs à la moyenne, de l’augmentation de la fréquence des cancers du système digestif, des maladies cardio-vasculaires et de la cataracte. Avec toutes les données accumulées, il n’y a plus d’excuses pour ne pas agir.
Cette hausse n’est-elle pas due à une meilleure détection des pathologies ?
Avec la croissance démographique et l’urbanisation, avec l’augmentation de la consommation d’énergie et du nombre de voitures, de plus en plus de personnes sont exposées à la pollution de l’air. Ce qui entraîne une augmentation du nombre de victimes. En parallèle, nous avons découvert de nouvelles preuves sur les effets de cette pollution. Nous l’associons désormais à des pathologies auxquelles nous ne pensions pas auparavant. Tous ces éléments alourdissent le bilan.
À part la pollution de l’air, quelles autres grandes pollutions représentent une menace sanitaire ?
Les pollutions sont multiples. Il y a les POPs (polluants organiques persistants), l’amiante, le mercure, que l’Europe veut interdire dans les matériels médicaux, ou encore les métaux lourds, dont le plomb des peintures ou des batteries qui se retrouve dans le sang des enfants dans de nombreux pays. Ces deux dernières décennies ont vu émerger le problème des déchets électroniques. L’accès à l’eau et le manque d’assainissement demeurent aussi des préoccupations importantes. Plus localisée géographiquement, l’exposition aux ultraviolets pose un problème de santé publique. Un demi-million de personnes décèdent de mélanome provoqué par l’exposition aux UV.
Que faire ?
Il faut mettre en avant la relation positive qui existe entre un environnement sain et la santé. En remplaçant les voitures par un système de transport public, on limite la pollution de l’air, mais aussi la mortalité due aux accidents. On rend la ville plus agréable, et donc plus propice à la marche ou au vélo, ce qui réduit l’obésité. Avec un plan d’urbanisme bien pensé, il s’avère donc possible de prévenir certaines maladies. Les pays d’Europe du Nord ont déjà montré des résultats dans ce domaine.
Propos recueillis par Julien Leprovost
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