Découvrez l’un des conseils de notre programme La solution est dans l’assiette, aujourd’hui, nous vous présentons l’action de ceux qui aident les entreprises à s’engager sur la voie de la durabilité. Il y a 23 ans, alors que les nations rassemblées lors du sommet de Rio prenaient acte de la nature globale et interdépendante de notre planète, Elisabeth Laville fondait le cabinet Utopies. Son ambition : promouvoir le développement durable et la responsabilité sociale et environnementale auprès des entreprises.
« En 23 ans, on pourrait se dire que les choses ont bougé lentement, mais ce qui continue à me motiver c’est qu’elles bougent plutôt dans le bon sens ! La prise de conscience a quand même beaucoup progressé. Pour autant, il y a une vraie révolution à mener ! Cette révolution doit s’appliquer aux industriels de l’agroalimentaire, pour qu’ils transforment effectivement leur offre en faveur d’une alimentation durable.
Je suis persuadée que les consommateurs sont prêts à changer pour une consommation responsable. Les politiques et les entreprises argumentent souvent que la demande n’est pas prête pour justifier leur absence d’action. Mais moi, je crois tout à fait l’inverse. Les consommateurs attendent d’avoir en face d’eux des acteurs engagés à développer une offre d’alimentation responsable, accessible et attractive. Il suffit de constater que le marché du fast-food est en pleine décroissance !
Il y a une espèce de mythe de Madame Michu, consommatrice boulimique et un peu stupide derrière son caddie, que ne correspond pas, ou plus, à la réalité ! Les consommateurs sont capables de décrypter les campagnes marketing et de comprendre par exemple que le prix le plus bas est un leurre, et qu’il nous coûte ailleurs, autrement, en dépenses de santé par exemple. D’ailleurs, les deux premières raison de la conversion à l’alimentation biologique sont la naissance d’un enfant et la maladie d’un proche.
Du coup, tout l’enjeu est de comprendre que les gens sont intelligents. Et bizarrement, c’est un pari très audacieux ! Cela signifie qu’il faut reconnecter le marketing et les consommateurs, en mobilisant tout le talent des premiers pour rendre le développement durable fun et désirable. C’est d’autant plus nécessaire que l’enjeu aujourd’hui est de généraliser l’offre responsable – ce que les anglo-saxons appellent le « choice editing », qui consiste à ne plus vendre que des produits intégrant la durabilité comme un critère parmi d’autres de qualité. Cela suppose aussi de faire converger développement durable et innovation.
Je souhaite que les industriels de l’agroalimentaire comprennent qu’ils ont tout intérêt à aller dans ce sens. Certains l’ont déjà compris et se donnent 10 ans pour changer 100 % de leur offre. »
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