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La conduite de tracteur, un pas de plus vers l’autonomie pour les agricultrices


Hélène, agricultrice membre des Elles, montre à 3 participantes comment perfectionner leur conduite de tracteur ©FondationGoodPlanet

« Il y a quelques années, on a créé un groupe de femmes au sein de l’Adage pour se retrouver entre nous et surtout aider à passer des barrières, des caps, que certaines femmes ont du mal à passer. »

Le 2 juillet dernier à Pancé (Ille-et-Vilaine), le groupe « les Elles » du CIVAM Adage, accompagné par la Fondation GoodPlanet et soutenu par l’entreprise NUXE et les fonds publics Vivéa, a organisé une formation à la conduite de tracteur. Cette formation était exclusivement destinée aux femmes, agricultrices ou porteuses de projets agricoles et essentiellement animée par des femmes paysannes.

« L’Adage c’est une association qui développe des systèmes herbagers autonomes et économes, et il y a quelques années on a créé un groupe de femmes au sein de l’Adage pour se retrouver entre nous et surtout aider à passer des barrières, des caps, que certaines femmes ont du mal à passer. La formation tracteur, c’est un des leviers pour prendre confiance en soi, se sentir légitime et se débrouiller toute seule » explique Charlotte Kerglonou, paysanne membre de l’Adage qui a endossé le rôle de formatrice pour l’occasion.

La formation a été accueillie sur la ferme de Stéphanie et Cyril Guilloteau. Tous deux issus du milieu agricole, ils ont repris cette ferme laitière il y a dix ans et l’ont converti à l’agriculture biologique. Conscients de l’importance de la maîtrise du tracteur dans le métier d’agriculteur.rice, ils étaient très enthousiastes à l’idée de partager leurs connaissances en la matière avec celles qui le souhaitaient.

Durant toute la journée, les huit participantes ont pu s’essayer ou approfondir leur expérience en conduite de tracteur. Par groupes de niveaux, elles ont appris à manœuvrer différents modèles de tracteurs, à transporter des balles de foin avec la fourche, à atteler et dételer des outils derrière le tracteur, à reculer avec une remorque et autres manœuvres.

Organisée en non-mixité, cette formation technique avait pour but de mettre en confiance les participantes qui se sentent souvent moins légitimes pour conduire un tracteur et souhaitent pourtant sortir des activités dans lesquelles elles sont de ce fait souvent cantonnées sur les fermes : activités administratives ou liées aux animaux (traite, élevage des génisses…).

« J’aime bien cette dimension femme parce que c’est vrai que le monde agricole est en train de changer mais c’est encore assez masculin, il y a beaucoup de regards, de blagues, un peu de préjugés aussi donc le fait de n’être qu’entre femmes, ça rassure, on se sent plus à l’aise. » – Blanche, participante en parcours à l’installation

Stéphanie, une des agricultrices à l’initiative de la formation explique : « dans ce milieu agricole un peu masculin et macho, on se retrouve toujours dans ces clichés « traite-veaux-compta », on est freiné par ces clichés ou alors on a des peurs d’aller sur le tracteur ou d’aller faire la moisson, tout ce qui est typiquement masculin. Il faut dépasser ça. »

Cette formation fait partie d’un projet plus large qui vise, depuis le début de l’année 2020, l’autonomisation et l’amélioration des conditions de travail des agricultrices des différents groupes femmes du réseau CIVAM, afin de les appuyer dans leurs démarches vers une agriculture plus durable.

Il s’agit d’abord de permettre la montée en compétences des femmes paysannes en leur dédiant des espaces d’apprentissage aux outils et pratiques agricoles en non mixité choisie. Le projet du réseau CIVAM permet également la mise en réseau de toutes ces femmes afin qu’elles puissent échanger sur leurs parcours et leurs activités et tirer des leçons des expériences des unes et des autres. Enfin, ces agricultrices souhaitent également sensibiliser le grand public aux enjeux de genre dans le monde agricole, encore très masculin.

Ainsi, cette formation à la conduite de tracteur va plus loin que la simple maîtrise de l’outil, elle permet aux participantes d’avoir une plus grande confiance en elles, d’être plus indépendantes et de pouvoir progressivement se sentir légitimes pour prendre toute leur place au sein de l’exploitation agricole et faire changer en douceur les mentalités en faveur d’un rééquilibrage hommes-femmes au sein des fermes.

« Je ne veux pas dépendre de quelqu’un parce que je ne sais pas atteler le tracteur » – Anne, adhérente au CIVAM, en reconversion professionnelle dans le domaine agricole

Pour Stéphanie, la formation tracteur est une porte d’entrée pour les « nouvelles arrivantes » qu’il est important d’accueillir.

Par ailleurs, cette émancipation est d’autant plus importante que les agricultrices ont un rôle moteur à jouer dans la transition écologique des fermes : c’est d’ailleurs ce qui ressort des études menées dans le cadre du projet TransAE (Transformations du travail et transitions vers l’agro-écologie) auquel contribue un autre groupe femmes du CIVAM de Loire-Atlantique (également accompagné par la Fondation GoodPlanet), en lien avec des chercheurs de l’INRAE et de l’UMR Lisst-Dynamiques rurales.

« les femmes sont aussi vectrices de transformations dans l’agriculture et dans les systèmes agricoles dans leur ensemble ». – Charlotte, adhérente au CIVAM, formatrice lors de cette journée

En diversifiant ou en transformant leurs activités sur les fermes, les femmes développeront ainsi une plus grande capacité à influer sur les choix d’orientation de leur ferme vers des pratiques plus écologiques et durables auxquelles elles aspirent. Les lieux d’échanges féminins permis par les formations techniques du réseau CIVAM offrent à ces femmes l’opportunité de parler de leurs expériences respectives et de monter des projets collectifs qui auront des impacts plus durables dans le temps. Le groupe est une force sur laquelle ces agricultrices peuvent s’appuyer pour engager ces transitions écologiques dans le domaine agricole. D’autres formations sont déjà en préparation pour le second semestre de 2020 et l’année à venir.

Pour plus d’informations sur le projet « Femmes, actrices de la transition écologique », cliquez ici.

Un commentaire

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    • Michel CERF

    Dans le monde agricole on aime bien les cotas … faut il savoir conduire un tracteur pour se valoriser ? mais le problème n’est pas là , il s’agit de savoir vers quelle agriculture on s’oriente , biologique j’espère , mais hélas c’est encore pour produire du lait dont on connait la toxicité .