Saviez-vous que l’alimentation est responsable de 20 à 30% des émissions mondiales de gaz à effet de serre ? En effet, les produits alimentaires génèrent des émissions de CO2, de méthane ou encore de protoxyde d’azote pendant tout leur cycle de vie (agriculture, transports, utilisation, fin de vie, etc.). Pourtant, il existe aujourd’hui une myriade de solutions pour limiter l’impact de notre alimentation sur le climat. La Fondation GoodPlanet lancera une grande campagne autour de l’alimentation et du climat dans le cadre la COP21 : LA SOLUTION EST DANS L’ASSIETTE ! En attendant, nous vous faisons découvrir chaque semaine une solution concrète et une initiative exemplaire !
UN CHIFFRE CLÉ
D’après le Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière (CNIEL), 710 litres de lait de vache sont produits en France chaque seconde, ce qui fait de notre pays le second plus gros producteur européen.
Les Français, quant à eux, sont les premiers consommateurs de beurre et de fromage au monde, avec près de 15 kg/ personne/ an : les produits laitiers représentent d’ailleurs près 14% de notre budget alimentaire !
UN CONSTAT
Pour satisfaire cette demande, la production laitière mondiale a augmenté de plus de 50% en 30 ans. Or, le plaisir d’un bon plateau de fromage ou d’une tartine de beurre frais n’est pas neutre pour l’environnement, notamment pour le climat. En effet, la consommation de produits laitiers représente environ 15% des émissions de gaz à effet de serre générées par notre alimentation.
Ces émissions de GES proviennent principalement des éructations et flatulences des animaux d’élevage mais aussi de la production de leur alimentation : il faut environ 70 kg de fourrages et de céréales pour nourrir quotidiennement une vache laitière qui produit environ 30 litres de lait par jour. Au-delà de problématiques climatiques, l’intensification de l’élevage soulève également des enjeux liés au bien-être animal.
UNE SOLUTION
Privilégier les produits laitiers plus respectueux de l’environnement et de la sensibilité animale ! Nous pouvons tous lutter très concrètement contre le dérèglement climatique en réduisant notre consommation de produits laitiers et en étant attentif aux modes de production.
En effet, l’empreinte carbone d’un produit laitier peut être très variable d’une exploitation à l’autre : d’après l’INRA, les vaches laitières nourries à l’herbe et élevées en pâturage émettent 2 fois moins de gaz à effet de serre que celles issues d’élevages conventionnels.
Nombreux sont les éleveurs français qui se sont engagés à maintenir une exploitation de taille restreinte – la moyenne des fermes françaises est de 52 animaux seulement – et à relever le double défi de la limitation des impacts environnementaux et du respect des animaux d’élevage. C’est notamment le cas de petits producteurs laitiers découverts grâce au blog de La Ruche qui dit Oui : la ferme des « 49 vaches et demie » !
UNE INITIATIVE
En 2010, Alain Regnault, éleveur bovin, et Jérôme Lemarec, transformateur de produits laitiers, se sont associés pour créer la ferme de Belle Eau – surnommée La ferme des 49 vaches et demie par Amélie Durand – Moudallal.
Avec une production laitière 100% bio, ce drôle de nom évoque le nombre maximum de bovins que peut accueillir l’exploitation avant de devoir subir des travaux d’extension. Or, l’agrandissement de la ferme n’est pas dans les projets de ces deux éleveurs, bien au contraire.
Si leurs bêtes produisent annuellement 2 fois moins de lait que les vaches en exploitations intensives (environ 4 000 litres contre 8 000 litres), ils ne souhaitent pas l’intensifier. En effet, la petite taille de l’exploitation permet aux vaches de paître en plein air l’été, d’être nourries au foin produit sur l’exploitation en hiver et d’être soignées aux huiles essentielles et à l’homéopathie. La prise en compte des enjeux climatiques et éthiques est au cœur des préoccupations de ces deux éleveurs : un bel exemple à suivre !
UNE ASTUCE
À défaut d’avoir accès à un producteur laitier local, il est possible de se fier aux Appellations d’Origine Protégée (AOP) et Contrôlée (AOC), qui garantissent l’ancrage d’un savoir-faire dans son terroir et un meilleur équilibre avec l’environnement, surtout lorsqu’elles sont couplées à l’agriculture biologique : l’empreinte carbone est environ 2 fois inférieure à celle des élevages conventionnels moyens, grâce au stockage de CO2 des prairies et la limitation des aliments autres que l’herbe.
3 commentaires
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Annie Leymarie
Vous écrivez: « D’après l’INRA, les vaches laitières nourries à l’herbe et élevées en pâturage émettent 2 fois moins de gaz à effet de serre que celles issues d’élevages conventionnels ». Ce résultat (des sources, SVP!) contredit la grande majorité des études sur ce sujet car presque tous les chercheurs indépendants, y compris à la FAO et à la CEE, montrent au contraire que – hélas! – ce sont les élevages extensifs qui produisent le moins de gaz à effet de serre, surtout du fait que les ruminants produisent naturellement du méthane et en produisent d’autant plus que leur vie est plus longue. Faites donc un peu de recherche là-dessus SVP! Remplacer les produits carnés (surtout des ruminants) et laitiers par des végétaux – ce qui est fait par des millions de personnes dans le monde – est de très loin l’alimentation la plus saine pour les personnes et la planète. Voir par exemple les études publiées par le Food Climate Research Network (un réseau pourtant établi par un grand éleveur laitier!) mais aussi par bien d’autres.
Francis
Il est vrai que les adultes peuvent vivre sans protéines animales par contre c’est faux pour les enfants.Les carences en protéines et acides aminés nobles sont préjudiciables à leurs capacités intellectuelles.C’est bien pour ça que les australopithèques qui sont devenus carnivores il y a plusieurs millions d’années sont nos ancêtres.
GoodPlanet
Bonjour Annie, Bonjour Francis, merci pour vos commentaires qui nous donnent l’opportunité de préciser nos propos.
[A propos des émissions de gaz à effet de serre des vaches laitières] Dans notre article, nous avons voulu mettre en avant l’intérêt de proposer aux vaches laitières une nutrition quasiment exclusivement composée d’herbes, tel que le prescrit notamment le cahier des charges des AOC régionales. C’est ce que l’INRA ainsi que l’ADEME ont pu étudier et démontrer. « La réduction de l’empreinte carbone est permis grâce au stockage de CO2 de la prairie et à la quasi-suppression des aliments autres que l’herbe pour les vaches laitières. »
>>Les études sur lesquelles nous nous sommes appuyées pour affirmer un tel résultat sont les suivantes : INRA, les gaz à effet de serre en élevage bovin : évaluation et leviers d’action, 2011, et ADEME-CITEPA, Analyse du potentiel de 10 actions de réduction des émissions d’ammoniac des élevages français aux horizons 2020 et 2030, Décembre 2013.
[A propos des régimes alimentaires, la question des protéines ] Face à l’équation complexe de l’augmentation de la population mondiale, de la raréfaction des ressources non renouvelables, du réchauffement climatique, mais aussi du déséquilibre nutritionnel constaté dans le régime alimentaire moyen français (un excès de lipides insaturés, de glucides simples, de protéines, et un déficit en fibres et glucides complexes), la question de la consommation de protéines animales doit notamment être abordée. L’ADEME affirme qu’il est possible de faire converger les enjeux santé et environnement au travers de régimes plus « durables ». Dans cette perspective, limiter sa consommation de protéines animales en les remplaçant par des protéines végétales peut en effet permettre de réduire l’impact climatique de notre alimentation. D’après Mathieu Ricard, un hectare de bonne terre peut ainsi « nourrir jusqu’à 30 personnes avec des légumes, des fruits et des céréales, alors que si cet hectare est consacré à la production d’œufs, de lait ou de viande, il ne peut nourrir que 10 personnes ». A noter que les besoins nutritionnels varient selon les âges, et il est important de maintenir un équilibre global : chaque aliment possède des qualités nutritionnelles différentes et répond à des besoins particuliers.