Offrez un cadeau qui fait sens pour cette fin d’année : soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet

Les maraîchers des Alpes-Maritimes face à la Covid-19 et au confinement


Le confinement a été un moment qui a permis aux gens de se recentrer. On se retrouvait à cuisiner et à se poser les questions : qu’est-ce qu’il y a dans mon assiette et qu’est-ce qu’il y a derrière ?

Depuis 2019, la Fondation GoodPlanet soutient l’association SOL dans la création et le développement d’une Maison des Semences Paysannes dans les Alpes Maritimes (MSPM). Basée à Nice, la MSPM accompagne les paysans dans leur transition vers une agriculture biologique qui s’appuie sur les semences paysannes. En parcourant la région pour sélectionner de nouvelles semences paysannes et en formant les agriculteurs à la réappropriation de ce patrimoine semencier, les membres du collectif de la MSPM ont pour objectif de préserver la biodiversité des plantes cultivées et redonner le contrôle aux paysans et aux consommateurs sur leurs produits et leur alimentation.

La crise de la Covid-19 pourrait bien devenir un accélérateur de changement vers ces pratiques écologiques et solidaires.

Alors que beaucoup de corps de métiers ont vu leur activité ralentir très fortement durant le confinement, les membres de la MSPM, essentiellement des maraîchers, ont vu la demande multipliée par dix. Les productions étaient à saturation malgré l’énorme afflux de proposition de main d’œuvre qui, bien que bien intentionnée n’était pas assez qualifiée et trop nombreuse pour que les fermes soient capables de les accueillir.

Cette relocalisation de l’alimentation est une cause directe du confinement : les gens ont dû se fournir au plus près de chez eux, auprès des producteurs locaux. Pour Maxime Schmitt, coordinateur de la MSPM, cette crise sanitaire aura au moins permis de « mettre sur le devant de la scène l’importance d’une alimentation saine, locale et de saison ».

« Je pense que le confinement a été un moment qui a permis aux gens de se recentrer. Il y a beaucoup de gens qui ne cuisinent jamais chez eux et qui, là, se sont retrouvés obligés, faute de restaurants et de cantines d’entreprise. On se retrouve à cuisiner et à se poser les questions : qu’est-ce qu’il y a dans mon assiette et qu’est-ce qu’il y a derrière ? »

C’est ainsi que pendant le confinement, la MSPM a reçu de nombreuses sollicitations de personnes en demande de renseignements sur les semences paysannes.

Un autre effet positif, et pas des moindres, a été la revalorisation de l’image des agriculteurs durant cette période. Les paysans, quotidiennement soumis à la pression budgétaire, à la pénibilité de leur travail, aux défis climatiques et aux critiques de la société civile, ont finalement été les seuls à pouvoir assurer l’alimentation de la population dans le cadre de la fermeture des frontières. Comme les médecins, ils ont été mieux reconnus socialement mais c’est surtout leur auto-estime qui a été reboostée.

« Finalement les plus libres pendant cette période, c’étaient les paysans ! Tout le monde qui te dit « t’as vraiment de la chance de faire ce que tu fais », cela auto-valorise les personnes qui font ce métier en leur confirmant qu’ils ont fait le juste choix, ils se disent « peu importe de quoi est fait notre avenir, ce boulot-là, ce choix de vie et cette passion sont à la source de la vie, ils sont fondamentaux » ».

Toutefois les résultats ne sont pas à la hauteur de ce l’on aurait pu espérer, cet élan pour l’économie de proximité est vite retombé après le déconfinement. Si la demande auprès des maraîchers de la MSPM est encore deux fois supérieure à celle d’avant confinement, on est bien loin du niveau atteint pendant le confinement. Il en va de même de l’intérêt de l’opinion publique pour les semences paysannes qui n’a été que momentané. Pourtant, pour Maxime Schmitt, il est extrêmement urgent que les paysans gèrent eux-mêmes la production de plants à partir de leurs semences car à l’heure actuelle beaucoup se fournissent en plants en Italie et la crise sanitaire a bien montré que cette dépendance à l’extérieur pose un gros problème lorsque les frontières doivent être fermées.

Cette problématique liée aux plants avait déjà été identifiée par la MSPM qui forme les agriculteurs et élèves d’écoles d’agriculture à l’introduction de cette partie « production de plants » dans leur modèle agricole. Utiliser des semences paysannes implique en effet pour de nombreux légumes de produire vos propres plants ou de vous créer un réseau avec des pépiniéristes qui développent des plants à façon à partir de vos propres graines. Cette question des plants est donc centrale.

Les semences sont l’un des enjeux majeurs de l’agriculture dans les Alpes-Maritimes et un levier vers une agriculture durable et vers la souveraineté alimentaire, mais Maxime reste persuadé que ces nouvelles pratiques vont malheureusement encore rencontrer des difficultés avant qu’une véritable prise de conscience n’ait lieu.

 « Ce sont les grosses crises qui font les grands changements : les humains sont capables de s’organiser vite et de concentrer leurs efforts en temps de crise mais le changement ne se fera que sous la contrainte. Ce n’est pas de notre plein gré que nous allons tous arrêter de consommer du plastique, du pétrole et manger local. »

Pour plus d’informations sur le projet des semences paysannes de l’association SOL, accompagné par la fondation GoodPlanet, cliquez sur ce lien.

Ecrire un commentaire

2024 en France ou le visage humide du changement climatique

Lire l'article