Cet article a été écrit dans le cadre de Résonances, le parcours créatif de la Fondation GoodPlanet. Cette année, Résonances invite les 15-25 ans à s’emparer du thème « Cohabiter » et à s’exprimer autour du format artistique de leur choix parmi la photographie, la vidéo, l’écriture, l’illustration ou l’audio. Les participant.e.s ont jusqu’au 31 janvier 2024 pour envoyer leurs créations. En attendant, voici quelques idées pour réfléchir à ce thème qui nous concerne toutes et tous.
COHABITER
Pour imaginer le monde de demain, Résonances vous propose d’explorer le mot « Cohabiter »
Cohabiter, qu’est-ce que cela vous évoque ? Dans cet article, nous vous proposons quelques pistes de réflexion. Cohabiter veut dire habiter le même espace en même temps. Cohabiter dans une société écologique et solidaire, c’est vivre ensemble, les uns avec les autres, et non pas les uns à côté des autres.
Prenons la question du lien social, cette force qui relie les individus entre eux. Le lien social, c’est un ensemble de relations qui nous permet de bien vivre ensemble. Une société en manque de lien serait une société dans laquelle l’isolement social est très présent.
En France, 11 million de personnes se sentent seules, et l’isolement des personnes âgées est un fléau. En effet, selon une étude parue en 2021, le nombre de séniors en situation de “mort sociale” a augmenté de 77% en seulement quatre ans. Les personnes qui font face à cette situation d’isolement profond n’ont de rapport ni avec leurs familles et amis, ni avec leur voisinage et cercle associatif.
Il existe cependant de nombreuses initiatives qui travaillent à entretenir et réparer les liens dans notre société. Par exemple, des associations comme Les Petits Frères des Pauvres qui luttent contre l’isolement des séniors, des mouvements comme Emmaüs qui combattent toute forme d’exclusion, ou encore des initiatives de mobilisation citoyenne comme Makesense qui prônent l’engagement pour une société plus inclusive.
Les exemples sont multiples, et porteurs d’espoir. Nous vous invitons à vous en inspirer pour imaginer une société dans laquelle il fait bon vivre ensemble.
Pour explorer le mot cohabiter, vous pouvez aussi choisir de questionner le rapport entre les humains et leur environnement. Quelle est la place des humains dans le Vivant ? À l’heure où nous vivons une 6ème extinction de masse, soit une perte conséquente d’espèces animales et végétales, il est important de comprendre l’impact des activités humaines sur l’environnement.
En 2022, la parution du rapport “Planète Vivante” du WWF a révélé une baisse de 69% des populations d’animaux sauvages vertébrés en moins de cinquante ans. Ce chiffre, que l’on appelle aussi Indice Planète Vivante, est alarmant. Il indique la pression que l’humanité exerce sur la nature et les écosystèmes.
Des associations telles que la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) agissent sur tous les fronts pour protéger l’environnement : secours à la faune en détresse, conservation des espèces menacées, ou encore préservation des espaces naturels. D’autres organismes tels que le Jane Goodall Institute nous rappellent que pour protéger la biodiversité “c’est notre relation au monde vivant qu’il faut remettre en cause“, et qu’il faut “remettre en question ce mythe comme quoi l’être humain peut se séparer de la nature, car l’Homme est un animal comme les autres“.
Là encore, de nombreux projets existent pour protéger la biodiversité, n’hésitez pas à vous en inspirer pour imaginer un monde dans lequel l’Homme vit en harmonie avec la nature, sans la dominer.
Cohabiter nous amène également à aborder la question de la solidarité internationale. Comment cohabiter entre êtres humains, et au-delà des frontières ? Comment voir nos différences culturelles, d’origines ou de religions comme des forces ?
Prenons l’exemple de l’accueil des personnes en situation d’exil ou de migration. Se montrer solidaire avec des personnes en situation de migration est parfois un combat, comme en témoigne l’expérience du militant Cédric Hérrou, arrêté à plusieurs reprises pour avoir aidé des migrants à traverser la frontière franco-italienne. L’accueil des personnes qui fuient la guerre ne devrait-il pas être inconditionnel ? Si l’on se projette en 2030, les chiffres de la Banque mondiale prévoient 260 millions de déplacés climatiques, comment la solidarité va-t-elle s’organiser pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables face aux changements climatiques ?
De nombreuses Organisations Non-Gouvernementales prennent ces sujets très au sérieux, et développent des programmes pour faciliter l’accueil des nouveaux arrivants. Que ce soit en plaidant leur cause auprès des institutions comme le fait Oxfam, en s’organisant à l’échelle locale comme le fait Utopia 56, ou encore en accompagnant à l’intégration comme le fait Singa.
Les citoyennes et citoyens qui portent ces initiatives construisent déjà le monde solidaire de demain, de quoi prendre une bonne dose d’inspiration !
Cohabiter, c’est également apprendre à dialoguer avec celles et ceux qui ne partagent pas nos opinions. Alors, comment apprendre à débattre sans se battre ? Comment s’enrichir des différents vécus et des avis divergents ?
Nous avons parfois la sensation d’être enfermés dans des bulles. Que ce soit par l’information ciblée qui arrive à nous via un algorithme et vient conforter nos idées, ou lorsque nous allons instinctivement côtoyer des personnes qui nous ressemblent et partagent nos valeurs. Qui se ressemble s’assemble. Un sondage réalisé par l’Ifop nous montre par exemple que 48% des Français de 18 à 24 ans, soit près d’un sur deux, ont déjà rompu une relation à cause de divergences politiques.
Des organismes comme l’Université du Nous ou Fert’îles nous invitent alors à nous mettre dans une posture de coopération afin de s’ouvrir au dialogue. Pour cela, des formations existent et permettent aux participant.e.s de vivre des expériences en intelligence collective. Au cœur de ces expériences, nous retrouvons la méthode de la communication non-violente, ou “CNV“. En quelques mots : la CNV nous aide à identifier nos besoins réciproques et nous encourage à utiliser un langage qui favorise la coopération, plutôt qu’un langage qui nourrit la peur, la culpabilité, ou le reproche.
Nous vous invitons à vous intéresser à cette méthode qui peut, selon nous, être un outil central pour construire une société dans laquelle nous cohabitons jusqu’au bout des mots !
Nous pourrions également vous inviter à explorer le mot cohabiter sous l’angle plus intime du rapport au corps, aux émotions, à la famille, ou encore à toute forme d’appartenance à une minorité ou à un groupe victime de discrimination. Les angles qui nous permettent de penser nos relations, qu’elles soient humaines ou liées à notre environnement, sont multiples.
Libre à vous d’interpréter cohabiter en explorant un sujet qui vous tient à cœur ! En espérant que cet article vous aura donné quelques idées.
COHABITER
par Noémie Battini, Chargée de sensibilisation Résonances, Projet CAP 2030
Le site du concours Résonances
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