Soutenez GoodPlanet Mag’ et les projets engagés de la Fondation GoodPlanet en faisant un don !

Un voyage de découverte au cœur du bocage avec les Brind’Elles

Brind'elles théâtre

La représentation des Brind’Elles dans l’étable de la ferme des Métrots devant une petite centaine de personnes © Fondation GoodPlanet

Les Brind’Elles sont une association regroupant des femmes du monde rural qui se donnent pour ambition d’utiliser le spectacle vivant pour parler des réalités du monde agricole et de l’agroécologie afin de faire connaître au plus grand nombre la vie et le travail à la ferme. Retour sur une de leur représentation théâtrale consacrée aux haies le dimanche 7 juillet 2024 à Aigurande dans l’Indre.

Depuis leur création en 1998, les Brind’Elles ont pour objectif d’ouvrir les portes de leurs fermes aux habitants environnants afin de montrer et d’expliquer les pratiques agroécologiques. Elles le font par le biais de rencontres et de spectacles. Un moyen de créer et de faire vivre du lien dans les campagnes. L’association des Brin’Elles regroupe 8 paysannes engagées dans l’agroécologie, ainsi que des femmes du monde rural.

Les Brind’Elles, l’agroécologie expliquée par des spectacles vivants

Ainsi, le dimanche 7 juillet 2024, à Aigurande (Indre), l’association des Brind’Elles a organisé une journée de découverte qui a rassemblé près d’une centaine de personnes. La journée avait pour thème le bocage. Au programme : représentation théâtrale, visite de la ferme et moments de convivialité.

Cette journée a eu lieu dans le cadre du projet « Femmes, actrices de la transition agroécologique », accompagné par la Fondation GoodPlanet et soutenu par l’entreprise Nuxe. Aujourd’hui, les Brind’Elles sont liées à l’association ADAR CIVAM (Association pour le Développement Agricole et Rural – Centre d’initiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) très engagée dans la transition agroécologique dans le Boischaut sud (Indre), région naturelle marquée par son bocage et l’élevage de vaches allaitantes.

[A voir aussi : Les femmes, actrices de la transition écologique de l’agriculture]

théâtre brind'elles
Véronique, Joëlle et Dany sur scène © Fondation GoodPlanet

Du burlesque au bocage

C’est donc assez logiquement que la ferme choisie pour accueillir l’événement à la fois festif et réflexif s’est révélée parsemées de bocages anciens. Cadre idéal pour illustrer le thème de la journée : le bocage. C’est dans l’étable que la troupe des Brind’Elles s’est produite. Elles ont joué une pièce qu’elles ont écrite intitulée Du Rififi dans la bouchure. Si vous ne le saviez pas : dans le centre de la France, la bouchure désigne une « haie vive », selon la définition du Larousse.

À travers le théâtre burlesque et poétique, le rire et les gestuelles, le groupe s’est mis en scène pour montrer tous les points de vue sur le bocage et la place des haies. Les apports du bocage pour le paysage, pour les espèces qui y vivent, mais également les raisons de leur disparition et l’importance de conserver ce patrimoine rural.  C’est ce que résume une des comédiennes de la troupe qui déclame :

« Après Avant,
Tout là-haut là-haut,
Les agro-alimentaires,
Avec leur ministère,
Ils ont dit qu’il fallait raser tout ça,
Rapport à l’expansion,
A la consommation,
A la mondialisation »

Le bocage, bien plus qu’un paysage traditionnel, entre disparition et renouveau

Sur l’ensemble du territoire français, le bocage diminue sous l’effet des activités humaines. L’agriculture intensive pousse en effet les agriculteurs à arracher les haies existantes pour permettre aux engins de circuler, pour augmenter les surfaces agricoles et pour diminuer la charge de travail d’entretien des agriculteurs. Pourtant, plus qu’un paysage, le bocage représente des niches de biodiversité, abritant rongeurs, oiseaux, insectes et une grande diversité végétale. Les arbres formant les haies créent également des zones d’ombre essentielles pour les vaches, production principale agricole dans la région d’Aigurande dans l’Indre. D’ailleurs, c’est justement la ferme de Samuel qui élève en bio une trentaine de vaches limousines sur 60 hectares de terres avec des haies et des bocages qui a accueilli les Brind’Elles. Cela a permis aux participants de découvrir l’exploitation en leur donnant un aperçu des essences d’arbres ainsi que la faune sauvage qu’on peut y trouver.

En plus d’aborder le sujet des haies et du bocage par le spectacle, la journée s’est poursuivie avec de la poésie, des échanges et des discussions. Cela a permis au groupe de raconter leurs souvenirs, leurs vécus et leurs expériences. Elles ont aussi abordé les évolutions du monde rural contemporain, notamment l’exode rural, l’arrivée de néo-ruraux ou le clivage ville-campagne. Et, l’éco-anthropologue Jean-Marc Dubost a aussi animé une conférence afin d’expliquer comment les animaux se soignent grâce à l’automédication par les plantes, en prenant l’exemple des éléphants du Laos et en faisant le parallèle avec les animaux d’élevage.

Créer des événements culturels pour faire vivre les campagnes

Il restera de cette journée inspirante à bien des égards, qu’au-delà de permettre de parler autrement de l’importance de la biodiversité dans les paysages ruraux, le spectacle vivant et les animations proposés par les Brind’Elles ont ouvert de nouvelles perspectives à l’ensemble des participantes et des participants. C’est un formidable moyen de créer et recréer des liens, d’échanger. En effet, à la qualité de l’environnement s’ajoute la qualité de vie. Elles contribuent au vivre-ensemble et à faire société, la créativité dans la démarche artistique offre une nouvelle manière de parler de l’agroécologie au plus grand nombre.

Pour aller plus loin :

Pour plus d’informations sur le projet « Femmes, actrices de la transition écologique », cliquez ici

Pour découvrir les Brind’elles – CIVAM, cliquez ici

Pour découvrir l’ADAR CIVAM, cliquez ici

A lire aussi sur GoodPlanet Mag’ : 

Agroécologie : 8 ONG françaises réunies à la Fondation GoodPlanet

Sabine Couvent de l’Hirondelle aux champs : « on ne peut pas demander des miracles à la nature si on ne lui laisse pas un peu de place »

Remparts contre le réchauffement, les haies ancestrales du Morvan fleurissent à nouveau

Ecrire un commentaire