Avec le retour des beaux jours, les incidents risquent de reprendre sur le site de Bure, aux confins de la Meuse et de la Haute Marne, lieu du futur enfouissement de ce que certains appellent le « tombeau nucléaire ». L’Andra en charge du projet Cigéo de stockage géologique des déchets radioactifs a quelques soucis à se faire.
Si le site en question s’affirmait comme un deuxième Notre Dame des Landes, il serait livré à de petits commandos d’opposants locaux et de « zadistes », décidés en effet à entraver coûte que coûte, et sur la durée, l’avancée du projet.
Pour « lecrapaud.fr », un responsable de l’Andra répond à ces interrogations.
« Il y a des limites à comparer Cigéo avec Notre Dame des Landes , car il s’agit d’un projet d’intérêt national, traitant d’une problématique incontournable, issu de 3 lois (1991, 2006, 2016) et qui bénéficie d’un soutien sans faille de l’État et du Parlement, quelle que soit la majorité. Et fait de plus l’objet de concertations permanentes avec la société civile, des élus et du contrôle rigoureux des autorités, évaluateurs, tutelles…
lecrapaud.fr : mais les incidents, parfois violents, se multiplient depuis plusieurs mois.
C’est vrai que les opposants ont durci leur action l’an dernier, médiatiquement, juridiquement et même physiquement. Sans doute aussi parce que les avancées sont importantes.
lecrapaud.fr : une cinquantaine de militants cagoulés, armés de pierres et d’engins incendiaires ont attaqué et partiellement endommagé l’écothèque. Sans parler de leurs permanents recours en justice.
L’Andra respecte l’état de droit et fait valoir ses arguments au cas par cas. Elle se défend devant les tribunaux, comme elle l’a fait récemment et avec succès à propos de la géothermie. De même, elle saisit la justice, si les actions des opposants sortent du cadre légal.
Cela concerne notamment les dégradations sur l’écothèque, (ce bâtiment dédié à la conservation d’échantillons permettant d’établir un état initial de l’environnement).
Anti-nucléaire
Les forces de l’ordre ont réussi à contenir les assauts et à limiter l’ampleur des dégâts sur le bâtiment. Il faut souligner que cette opposition est souvent éloignée du sujet Cigéo lui-même et porte davantage sur des revendications contre l’industrie électronucléaire , voire anti-capitaliste et anti-système.
lecrapaud.fr : Cette opposition trouve aussi son ferment dans la population locale. Bien que peu d’habitants, semble-t-il, osent vraiment critiquer le projet qui rapporte beaucoup d’argent et d’emplois à la région.
Une grande majorité des riverains soutiennent le projet depuis de nombreuses années. Quant aux élus, ils se sont récemment mobilisés pour rappeler leur solidarité à l’Andra.
Insoutenable
Lecrapaud.fr : La député européenne, Michèle Rivasi ( et le groupe écologique EELV ) martèle que le projet Cigéo est écologiquement insoutenable , menace la nappe phréatique, les terres en surface et les 3000 prochaines générations.
Cigéo, c’est déjà 25 ans années d’études sur la roche d’enfouissement, conduites par des centaines de scientifiques issus de disciplines diverses, évalué par de multiples instances d’experts et tous ces travaux contredisent les déclarations de Michèle Rivasi.
lecrapaud.fr : Avec d’autres, elle propose le dépôt en surface.
Comme tout projet industriel, Cigéo présente des risques, mais ces risques sont bien plus limités, en tout état de cause, qu’un entreposage en surface ou en subsurface.
Ces déchets sont actuellement entreposés, mais il ne s’agit que d’une solution provisoire. Leur grande dangerosité et leur durée de vie extrêmement longue pour certains nous interdit de les laisser en surface pour des centaines de milliers d’années. Cela obligerait les générations futures à maintenir, reconstruire et surveiller ces installations en permanence.
Solution
Le stockage en subsurface n’a été retenu par aucun pays pour gérer les déchets les plus dangereux. L’enfouissement est aujourd’hui la seule solution répondant à très long terme à ce double impératif éthique pour l’environnement et de sûreté pour les hommes.
lecrapaud.fr : On a l’impression que l’opinion publique en France, comme les candidats à la présidentielle actuellement, s’intéressent peu à cette question, qui concerne cependant le sort de notre société, à présent et à venir.
Débat
Une des missions de l’Andra est justement de contribuer à créer ce débat de société, en apportant tous les éléments d’information. Nous accueillons 15 000 visiteurs par an en moyenne sur nos sites, nous diffusons un journal aux riverains (+ 200 000 exemplaires), nous intervenons dans de nombreuses conférences, nous organisons des expositions.
lecrapaud.fr : Supposons que la France renonce peu à peu à ses centrales nucléaires ?
Les déchets radioactifs existent indépendamment du choix que la France pourrait faire sur le nucléaire, même en réduisant sa production… En résumé, Cigéo est conçu pour accueillir l’ensemble des déchets produits et à produire par les installations nucléaires existantes, soit 85 000 m3 de déchets de moyenne activité à vie longue (MA-VL) et de déchets de haute activité (HA). Parmi eux, 60 % des MA-VL et 30 % des HA sont déjà produits et entreposés en surface dans l’attente d’être stockés dans Cigéo.
lecrapaud.fr : En fait, Cigéo n’est pour l’instant qu’un laboratoire.
Cigéo est encore en phase d’avant-projet et la construction du centre pourrait démarrer à l’horizon 2021 après le dépôt d’une demande d’autorisation par l’Andra et un décret stipulant sa création.
Le centre démarrera par une phase industrielle pilote et le stockage des premiers déchets radioactifs est prévu à l’horizon 2030, pour un démarrage de l’exploitation courant en 2035. Après plus de 100 ans d’exploitation, la fermeture pourrait intervenir vers 2150.
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Déchets nucléaire ? Le crapaud a rencontré un responsable de l’Andra pour répondre à cette question | France Politique
[…] Source : https://www.goodplanet.info/actufondation/2017/04/26/a-lire-dechets-nucleaires-le-combat-de… Auteur : Date de parution : 26 April 2017 | 4:02 pm […]
Robert BIGEAT
Le projet d’enfouissement à Bure de déchets nucléaires à vie longue, est davantage menacé par son coût faramineux, plus de 35 milliards d’euros, chiffre publié dans la presse économique depuis plusieurs années déjà, pas vraiment contestable, et même probablement encore sous-estimé, que par les actions de retardement d’opposants au nucléaire. En tout état de cause, avec les déchets qui s’accumulent, le nucléaire étant poursuivi, ce dépotoir grotesque de Bure, est rempli avant d’être seulement débuté, et il conviendrait déjà d’en prévoir un autre. L’arrêt du nucléaire est donc une nécessité, financière d’abord, urgente.